"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Reflexions sur le quotidien pénitencier
En prison, il y a ceux qui ne sortent pas et ceux qui sortent, qui font le lien avec l'extérieur et qui peuvent même tenter d'y faire entrer la culture. C'est le cas de Sandra qui anime des ateliers. On la suit poser son regard sur le lieu et ses "habitants", exprimer ses questionnements, ses doutes.
Un album qui permet de deconstruire certaines idées et de donner une âme d'humanité à ce lieu si particulier, un monde à part entière avec ses codes, son fonctionnement, un monde dans le monde. Si on s'intéresse déjà au système pénitentiaire, l'album pourra laisser un peu sur sa faim.
Graphiquement, rien d'original, le style classique choisi répond bien néanmoins avec l'aspect documentaire de cette bd
Cette bande dessinée est un récit. Il puise sa force dans l’observation et la retranscription des doutes de Sandra. Elle montre et nomme ce qu’elle a vécu et vu. Le texte favorise surtout la voix intérieure de cette femme indépendante qui a décidé de se rapprocher du réel : travailler dans une prison. On est donc dans le lieu et les dessin l’accompagne dans ses déplacements. La prison devient tour à tour un labyrinthe, une institution, un parcours du combattant avec ses nombreuses portes… Il y a toute une vie à l’intérieur et des codes. On les perçoit, on les comprend mais restent toujours les murmures, les secrets. Cet aspect insaisissable justifie l’existence d’une telle BD. Le monde de la prison – parce que c’est un monde à part – a ses règles.
Sandra veut, avec ses nombreux projets, apporter du souffle et de la vie aux personnes enfermées. On sent sa détermination et aussi le poids de l’emprisonnement. Chacun, à sa manière, essaye de ne pas se faire écraser. La culture, à travers les ateliers, peut ouvrir « un champ des possibles » comme Sandra le dit. Son combat face à l’administration, face aux prisonniers parfois récalcitrants, face à l’instabilité de ce monde, est rendu d’une manière très quotidienne. La BD ne caricature pas et ne tente pas de réduire à quelques personnalités la population carcérale. Il n’y a pas de raccourcis ni dans le texte ni dans les dessins. La mise en scène est épurée. Les angles choisis n’entretiennent pas de fantasme sur le lieu. Il y a du courage dans la présence de cette femme, dans ses actes et ses convictions. Elle reste debout face à l’institution et cela en fait un récit très touchant.
"Pourquoi choisir de m'extraire du monde et de devoir traverser chaque jour dix portes verrouillées pour pouvoir atteindre mon bureau ?"Sandra s'interroge sur sa volonté de travailler en prison. Sa mission: y introduire la culture, proposer des ateliers et des intervenants aux détenus : théâtre, dessin...
Cet album raconte l'année de Sandra dans cet emploi. C'est l'occasion pour elle de questionner ses motivations, ses objectifs mais aussi de proposer une analyse plus vaste du monde carcéral. Qui sont ces détenus ? Sans forcément savoir ce qui les a amenés là, Sandra pose les questions de l'origine du mal en s'appuyant sur son expérience mais pas que...
Sans forcément apporter de réponses, le récit de Sandra NDiaye et Frédéric Debomy alimente la réflexion. Difficile d'y rester insensible... Le dessin de Benjamin Adès accompagne très agréablement ce docu-témoignage avec des couleurs douces et plutôt lumineuses comme pour faire contrepoids à l'enfermement.
Si tu cherches, dans cette pré-rentrée BD, un album qui bouscule, qui interpelle, "À l'arrêt" est le livre qu'il te faut !
Une BD qui m'a passionnée !
Si comme moi le nationalisme corse a toujours été une nébuleuse, si vous vous y perdez entre indépendantistes et autonomistes, cet album est fait pour vous. En tout cas moi ça m'a captivé et j'ai enfin tout compris.
Avec pour point de départ la victoire de Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni, lors des élections territoriales de 2015, les auteurs remontent l'histoire sous le regard de Pasquale Paoli, fondateur de la république corse en 1755. du drame d'Aleria en 1975 et la naissance du FLNC, jusqu'en 2014 et la fin de la lutte armée, on suit de façon chronologique presque 40 années de contestation sur l'île.
Les bombes, les négociations avec l'Etat, les scissions entre les différents mouvements, la mort du Préfet Erignac, les magouilles, les dérives mafieuses… tout est décortiqué et vulgarisé, sans simplification.
Une BD documentaire qui se lit comme une enquête. Un travail remarquable, clair et instructif. Une façon ludique de comprendre une question complexe. Je recommande vraiment.
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