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"Un puma dans le coeur" de Stéphanie Dupays : Un récit bouleversant sur l'hérédité et la psychogénéalogie

Stéphanie Dupays enquête pour retrouver l’histoire de son arrière-grand-mère, « oubliée » par sa famille durant quarante ans...

"Un puma dans le coeur" de Stéphanie Dupays : Un récit bouleversant sur l'hérédité et la psychogénéalogie

Vous êtes de plus en plus nombreux à partager vos lectures sur ce site. Nous mettons donc régulièrement en avant vos avis éclairés sur des romans de jeunes auteurs, de jeunes maisons d'édition ou moins connues.

Vous les attendiez, nous le savons, les romans sélectionnés par le jury du Prix Orange du Livre 2023...

 

Cette semaine, c'est au tour de Henri-Charles Dahlem, ancien membre du jury, de partager son avis sur le livre Un puma dans le coeur de Stéphanie Dupays, paru aux éditions de l'Olivier, faisant partie de la sélection des 21 romans en lice pour le Prix Orange du Livre.

 

 

L'avis de Henri-Charles Dahlem sur le livre Un puma dans le coeur de Stéphanie Dupays (Ed. de l'Olivier) 

"L’arrière-grand-mère oubliée.

À partir d’un extrait du registre des décès, « Anne Dèche née Décimus 14 mai 1875 - 14 mars 1964 », Stéphanie Dupays raconte l’enquête qu’elle a menée pour retrouver l’histoire de son arrière-grand-mère, « oubliée » par sa famille durant quarante ans. Un récit bouleversant.

La narratrice occupe un poste au ministère de la santé et des affaires sociales, loin de son sud-ouest natal. Sa vie parisienne est désormais comme déconnectée de ses racines. C’est ainsi que, quand le TGV la mène à Bordeaux, elle a l'impression d'arriver dans un autre monde. Ses parents continuent de mener leur vie, de jardiner, sans s'épancher. Aussi n'est-ce pas sans étonnement qu'elle découvre que sa mère a trouvé une nouvelle occupation, la généalogie. Mais avec ce nouveau loisir, elle atteint très vite ses limites, ne parvenant pas à trouver trace de cette arrière-grand-mère que la légende familiale dit morte d'un chagrin d'amour. Du coup, elle sollicite sa fille afin de l’aider à compléter son arbre généalogique. À l'heure d'internet, il suffira à cette dernière de quelques clics pour que le registre des décès de Gironde affiche l'information souhaitée: « Anne Dèche née Décimus 14 mai 1875 - 14 mars 1964 ».
Deux dates qui entrainent une réécriture de l'histoire familiale. « Ce soir-là je pressens que l’histoire familiale qui passe de "matière solide et stable de lieux et de faits" à "un tissu lâche et mouvant de souvenirs déformés, de fantômes errants et de mensonges. (...) Je sens que derrière le récit autorisé se presse une réalité difficile à cerner mais impossible à écarter. »
Intriguée par cette longue vie qui n’a pas laissé de traces, elle cherche et interroge, découvre que cette ancêtre a été internée en asile psychiatrique où elle est décédée, quasiment oubliée des siens.


« Mes parents ne comprennent pas pourquoi cette histoire me bouleverse. Ils restent indifférents à ma quête. (...) Ma mère dit: "De l'eau a coulé sous les ponts". Mon père dit: "C'était une autre époque, les gens se posaient moins de questions que maintenant." »
Mais les temps changent. Aujourd'hui, on étudie l'hérédité et la psychogénéalogie, on cherche comment se transmet l'héritage. Ce sont dès lors ces voies que part explorer la narratrice. Elle va explorer les rares documents qu'elle retrouve sur l'asile où Anne a été internée, chercher des témoins, tenter de percer ce secret de famille: comment Anne a-t-elle vécu plus de trente années sans que sa famille se préoccupe d'elle ? Comment occupait-elle ses journées ? De quoi est-elle morte ? Où est-elle inhumée ? Quand sa mère lui assène « Il n'y a rien à raconter. Nos vies ne sont pas des romans », elle y voit un encouragement à lui prouver le contraire, à poursuivre une enquête. Comme elle le souligne dans un texte confié au site Actualitté, elle va chercher à organiser le chaos: « Je pose sur le papier les faits, les dates, les souvenirs comme autant de petits cailloux en espérant qu’ils dessineront un chemin. Je convoque l’archive administrative, la médecine, la sociologie pour m’aider à approcher la vie d’Anne Décimus. »


Outre la vie de l'aïeule, on y explore l'histoire de la psychiatrie ou encore le sort des internés durant la Seconde guerre mondiale. Instructif et émouvant, ce troisième roman de Stéphanie Dupays, après Brillante (2016) et Comme elle l’imagine (2019) vaut aussi pour sa forme. La romancière choisit en effet de dire « je » pour ne pas ajouter de la fiction au mensonge. Elle prend toutefois soin de compléter sa prose de poésie, entre haikus et plus longs poèmes qui soulignent les émotions ressenties et offrent une transition, une respiration dans cette quête difficile et par trop lacunaire. « La documentation m’a ouvert le passage pour comprendre ce qu’elle a vécu. Et la poésie m’a permis d’affronter le bouleversement, d’oser exprimer une émotion, pas frontalement, mais par la grâce de l’image. »

 

Merci Henri-Charles Dahlem !

 

Pour retrouver d'autres avis sur ce livre, c'est ici : Un puma dans le coeur

 

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Commentaires (2)

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