"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Charlotte vit en Savoie avec ses parents, qu'elle adore - quoique le tempérament exubérant de sa mère, d'origine séfarade, la mette parfois dans des situations terriblement embarrassantes pour l'adolescente. Elle se prend parfois à préférer ceux de sa meilleure amie Jane, dont l'éducation, l'élégance et la réussite l'éblouissent. Sans oublier la silhouette élancée de son amie, qui tranche à côté de ses rondeurs alimentées par les pâtisseries de sa grand-mère.
Invitée chez Jane, le rêve vire rapidement au cauchemar le jour où Bernard, le père, entraîne Charlotte dans un tragique accident. Terrorisée, elle garde le silence. Le mensonge de la parfaite comédie familiale se fracture, et Charlotte, désormais installée à Paris pour ses études, va devoir se libérer de cette emprise.
Avec justesse et subtilité, Maëlle Guillaud soulève l'épineuse question de la construction de l'identité à travers les yeux d'une adolescente face à ses contradictions. Une famille très française est un roman d'apprentissage qui dénonce les normes édictées en principe et loue la richesse d'être soi, tout simplement, avec son histoire et ses singularités.
Charlotte est fière de sa famille, sa mère, sa grand-mère, si présente, si expansive, si affectueuse. Pourtant le jour à la belle Jane arrive dans son lycée, elle est éblouie par cette jeune fille si élégante, par cette famille si raffinée, si discrète, ses enfants si bien éduqués.
Quand on vient d’une famille exubérante, chaleureuse, protectrice, avec des femmes « mères juives » qui en imposent par leur franc parler, leur cuisine du soleil, leur amour débordant et presque encombrant, un peu de classicisme serait le bienvenu. Aussi, représentante de la bourgeoisie de province par excellence, la famille Duchesnais a tout pour éblouir la jeune Charlotte. Jane – ne pas confondre avec Jeanne, c’est moins chic ! – à qui tout semble réussir, un frère comme Charlotte en rêve, des parents si conformes aux standards qu’elle voudrait retrouver dans sa famille, un rêve devenu réalité ?
Le difficile apprentissage de l’adolescence où l’on se cherche, où l’on a parfois honte de ce que l’on est ou des siens, ébloui par les lumières et les apparences parfois trompeuses. Car que sont une éducation rigide et bien-pensante, mais peut-être moins sincère, moins affectueuses, face à la chaleur et à l’exubérance de celles qui savent donner tout leur amour. Que sont les faux-semblants, les masques de bonne éducation…
Maëlle Guillaud propose ici le roman très actuel d’une jeune femme qui se cherche, qui se perd parfois, mais qui se pose de vraies questions sur son identité, sa famille, son milieu de vie. Intéressant plaidoyer pour la famille, celle que l’on se choisit ou celle que l’on a, sur les amitiés adolescentes, les vérités et les apparences, le savoir être et ce que l’on montre.
Chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/05/23/une-famille-tres-francaise-maelle-guillaud/
Du premier roman de Maëlle GUILLAUD, "Lucie ou la vocation" je n’ai fait qu’une bouchée mais je l’ai savouré et m’en suis régalée du début à la fin. Je pourrais presque dire la même chose à propos de son deuxième "une famille très française" sorti récemment.
Il n’est pas, cette fois, question de religion – encore que – mais nous suivons les états d’âme d’une adolescente, Charlotte, fille d’une maman d’origine séfarade et d’un père breton et médecin. Elle adore ses parents et sa grand-mère oui mais… quand elle rencontre Jane et sa famille…Jane est grande et blonde, sa mère Marie-Christine très élégante avec son collier de perles, son père Bernard est beau, il a de l’humour. Ne parlons pas de Gabriel, le fils, sous le charme duquel Charlotte tombe immédiatement. La comparaison est, naturellement, favorable à cette famille très française.
L’écriture fluide, simple, sans ostentation de Maëlle Guillaud fait mouche et traduit à merveille les doutes, les questionnements, les difficultés de l’adolescence : difficultés à s’assumer, à aller au-delà des apparences, à démêler le vrai du faux. La romancière possède un énorme talent pour démontrer la difficulté à se construire, à passer de l’enfance à l’âge adulte, à faire siennes ses origines aussi variées soient-elles. Les autres ont tellement plus d’intérêt. Et pourtant, "A force de vouloir leur ressembler, j’ai été comme anesthésiée… au fond, je n’ai rien fait d’autre que d’essayer d’oublier mes origines, de les gommer. J’en ai honte. Quelle idiote. Je n’ai cessé d’encourager mon démon intérieur pour m’inventer une autre vie." Je me suis moi-même retrouvée dans cette Charlotte prompte à renier les siens au profit d’un miroir aux alouettes.
Véritable conte initiatique, ce roman nous démontre que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs. Il est aussi une invitation à trouver en soi, sans comparaison aucune, le bonheur de grandir, entouré des siens avec leurs particularités. L’ouvrage est d’une grande justesse qui sonde l’âme au plus profond et la tension qui s’installe au fil des pages, soutenue grâce à de courts chapitres, m’a tenue en haleine jusqu’à la fin.
www.memo-emoi.fr
J'ai découvert la plume de Maëlle GUILLAUD en lisant son premier roman LUCIE, OU LA VOCATION paru en 2016. Dans celui-ci, il était question de religion, d'engagement, de sacrifices, j’avais trouvé cet ouvrage très percutant et éloquent.
Dans ce second opus, Maëlle GUILLAUD nous fait partager la vision idyllique de Charlotte, jeune adolescente cherchant la famille idéale car à ses yeux, la sienne n’en possède pas toutes les caractéristiques….Mais les apparences sont parfois trompeuses.
Quand Charlotte rencontre les parents de Jane, sa camarade de classe, elle est subjuguée. Dans cette famille, tout lui semble parfait : son amie est jeune et divinement belle, sa mère est élégante et pleine d’esprit, son père beau et plein d’humour….quant au frère aîné de Jane, il est charmant et plait beaucoup à Charlotte. Mais sous des apparences impeccables et une réussite éblouissante, la famille DUCHESNAIS se révèle peu à peu bien moins idéale qu’il n’y paraît. Charlotte commence alors à réaliser que ses propres parents certes bien moins clinquants sont beaucoup plus sincères et ancrés dans la réalité.
Maëlle GUILLAUD nous propose ici de suivre Charlotte dans ses questionnements, ses observations, ses contradictions et sa construction en tant qu’adulte. Charlotte est tout d’abord éblouie par la perfection de cette famille si exemplaire et privilégiée mais au fil du temps, elle réalise et commence à comprendre que, comme toutes les familles, les DUCHESNAIS ont aussi leurs failles, leurs secrets et leurs non-dits. Par certains côtés, cette famille est même finalement une caricature et recèle bien des mensonges.
Dans ce roman, j’ai aimé la prise de conscience de Charlotte, sa progression, son évolution psychologique et il a fallu qu’elle soit confrontée à une tragédie pour qu’elle se rende compte de la richesse de sa famille, de ses belles imperfections et de la vérité des sentiments de ses proches. J’ai particulièrement aimé le personnage de la grand-mère de Charlotte si décalé mais si attachant.
Ce roman d’apprentissage se révèle bien plus profond qu’il n’y paraît et nous questionne sur notre propre histoire, nos faiblesses et la vision de la famille en général. C’est un livre pour adulte mais il peut clairement être mis entre les mains d’adolescents pour son côté initiatique.
Maëlle GUILLAUD sonde, avec ce nouveau roman, l’âme d’une adolescente qui se cherche, elle aborde avec justesse et finesse la question des apparences et de la quête d’identité. Elle nous offre un joli moment de lecture empli d’humanité qui prône la sincérité, la richesse des différences et l’acceptation de soi.
Mymy
http://cousineslectures.canalblog.com/archives/2018/04/16/36325958.html
Cette famille très française, c’est celle de Jane Duchesnais, la meilleure amie de Charlotte, qui est le personnage principal de ce roman.
Une famille très «comme il faut », dans cette norme qui n’est pas celle de Charlotte Prieur. Une norme que l’on sent immédiatement malsaine et oppressante. De celles qui enserrent, méprisent, distillent un venin larvé sous le vernis d’une apparence irréprochable et admirable. Admiration pour le père , Bernard, « Charismatique, élégant, incroyable ». Emerveillement pour Marie-Christine, la mère si élégante, avec son collier de perles et ce foulard dont le pli varie chaque jour. Attirance pour le fils prodigue, Gabriel, et amitié éblouie pour Jane.
Forcément, Charlotte envie. Forcément, elle idéalise. Forcément, elle se méprise. Elle, au « corps-enclume ». Elle , dont la famille est aux antipodes des Duchesnay. Elle, dont la mère volubile, fantasque et chaleureuse, n’a pas cette élégance, ce raffinement, cette appartenance à un pays, à une classe sociale, à une caste aux codes définis. Elle, dont le père est humilité et discrétion. Elle, dont la grand-mère s’exprime dans une langue toute d’amour, toute à elle, à elles, loin de cet impeccable français si naturel chez les Duchesnay.
« Ce minuscule bout de femme au corps râblé remplit leur univers d’un ailleurs étrange qu’elle adore. Sa voix porte le chant du Maroc, des promesses lumineuses ».
Charlotte est écartelée, entre son quotidien qu’elle aime autant qu’elle l’abhorre parfois. Entre ces traditions qui lui sont chères et qu’elle aimeraitpourtant fuir.
Forcément, le miroir aux alouettes Duchesnay ne peut que la séduire. Mais, très rapidement, l’image parfaite de cette famille aux contours lisses , va se craqueler, s’écorner, se flétrir. Pour laisser place à un reflet laid, sale.
Suite à un évènement dramatique, les masques vont tomber. Les personnalités vont se révéler sous leur jour le plus hideux.
« Cet homme, dont elle enviait l’élégance, l’érudition, la famille, cet homme est un monstre ».
Dès lors, Charlotte va se retrouver engluée, engloutie, dans une spirale infernale, murée dans le silence, se réfugiant dans le mutisme et la culpabilté. « Ce qu’elle tait n’existe pas ».
Il faudra du temps, des larmes, des strates de désillusion, des deuils, pour qu'elle ait la force de se dégager de cette emprise clanique, se libérer des liens empoisonnés, pour devenir enfin elle-même.
« J’ai fait d’eux une famille idéale. Je les voyais comme ils aiment à se présenter. Une famille très française, qui, malgré moi, m’ensorcelait ».
Une famille très française est le second roman de Maëlle Guillaud. Dans un registre totalement différent de Lucie ou la vocation (encore que... ), elle entraîne cette fois le lecteur dans un questionnement sur l’identité culturelle, sur les racines, sur la sacro-sainte apparence. Paraître plutôt qu’être. Elle égratigne, elle gratte le vernis, le fond de teint qui dissimule, et dévoile des portraits sans fard. Et elle le fait magistralement.
Le style est concis, servi par des phrases courtes, lapidaires. La plume est envoûtante, et fait de ce roman, une fois encore, un véritable page-turner.
Le phénomène de l’emprise est analysé dans toute sa laideur , les paradoxes de l’adolescence sont brillamment mis en lumière, et on ne peut qu’aimer . Profondément.
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