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Turner

Couverture du livre « Turner » de Andrew Wilton aux éditions Actes Sud
Résumé:

Turner est, avec John Constable, son contemporain, le plus grand peintre anglais du XIXe siècle et son influence sur la peinture européenne est aussi considérable que celle de ce dernier. Etrange destin pour ce fils de barbier londonien, qui commença modestement sa carrière en peignant des... Voir plus

Turner est, avec John Constable, son contemporain, le plus grand peintre anglais du XIXe siècle et son influence sur la peinture européenne est aussi considérable que celle de ce dernier. Etrange destin pour ce fils de barbier londonien, qui commença modestement sa carrière en peignant des aquarelles topographiques pour s'attirer des protecteurs : il devint académicien à vingt-quatre ans, professeur de perspective à l'Académie - lui, le coloriste, le luministe ! -, un profond théoricien de la peinture, explorateur des techniques de la photographie et de la lithographie -, une gloire de Londres, possesseur de sa propre galerie, soucieux de racheter ses toiles pour édifier une fondation dédiée à sa renommée posthume ; mais surtout, un créateur prolifique et en permanence inspiré, auteur de vingt mille aquarelles et dessins, de près de trois cents peintures. Le génie paradoxal de Turner est d'être fasciné par les modèles classiques, d'exprimer une sensibilité ultra-romantique, nourrie de références littéraires (il écrivait des vers en marge de ses oeuvres et illustra de nombreux livres), et de prolonger sa réflexion critique sur la composition, la couleur et la lumière par l'invention de formes radicalement nouvelles. Grand admirateur des lumières de Claude Lorrain, il demanda dans son testament que fût accroché, dans la National Gallery, à côté de L'Embarquement de la reine de Saba du maître, son Didon construisant Carthage. Au Louvre, il analyse les tableaux de Poussin - Le Déluge - et de Titien, Le Christ couronné d'épines, notamment. La Transfiguration de Raphaël lui apparaît comme le paradigme de la composition picturale. Rembrandt, Piranèse, Canaletto furent aussi ses modèles. Plus encore que Caspar David Friedrich, son exact contemporain lui aussi, et dans un style contraire au sien, il confère au paysage une dimension fantastique et onirique, toujours narrative. Tourbillons de neige, rougeoiements d'incendies, brumes dorées, vapeurs fauves ou bleuâtres, contrastes dramatiques créent un dynamisme de couleurs, de lumières et de formes aussitôt reconnaissable malgré l'extrême diversité des sujets. Car Turner, peintre de Londres et de la Tamise, fut le plus voyageur des peintres, dessinant et peignant sans relâche les paysages, les châteaux, les abbayes "gothiques" d'Ecosse, du pays de Galles ou du Mont-Saint-Michel, les vertigineux précipices du Val-d'Aoste, la mer de Glace, le lac des Quatre-Cantons, les chaudes couleurs de Venise, de Rome et de Naples. Regardons cette simple étude de 1799 - Turner avait vingt-quatre ans - représentant des hêtres : il y a là toute la force de Courbet et la palette vibrante de Gustave Moreau.

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