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Dans son dernier roman Vassili Axionov fait le portrait des fameux oligarques russes qui défraient régulièrement la chronique (blitz-krieg contre BP à la City, achat de la Villa Leopold à Villefranche-sur-mer.). A rebours des idées reçues, ils sont, nous assure-t-il, des chevaliers sans peur, des condottieres modernes, des entrepreneurs, fondateurs d'une nouvelle lignée d'hommes libres.
« Les terres rares » sont un groupe d'éléments chimiques pour lesquels Mendeléev, dans sa classification périodique des éléments - son célèbre tableau - avait laissé dix-sept cases à remplir. Leur nom vient du fait qu'on les a découverts au début du XIXe siècle dans des minerais (d'où le nom de « terres », utilisé à l'époque en français pour les oxydes) et « terres rares » se comprenait comme « minerais rares ». Aujourd'hui, ces terres rares toujours recherchées entrent, par exemple, dans la composition des vaisseaux spatiaux.
Les Terres rares commence à Biarritz où vit le narrateur, Bazz Oxelotl, écrivain cosmopolite d'origine russe. Ce dernier, tout comme Axionov, fait son jogging le matin au bord de l'océan et admire les tamaris, arbres emblématiques de la région. Leurs troncs tordus et noirs qui contrastent avec leur feuillage vert et délicat lui font penser au Komsomol, l'organisation de la jeunesse communiste du temps de l'URSS, « élevée dans les troncs d'une idéologie pourrie », mais sauvegardant un esprit ouvert et dynamique.
En effet, à regarder de près la biographie des fameux oligarques russes, ceux qu'on retrouve en tête de classement des grandes fortunes du magazine Forbes, une évidence saute aux yeux : tous, ou peu s'en faut, sont d'anciens du Komsomol qui fonctionnait dans les années de la Perestroïka, comme un « parti alternatif » au parti communiste. C'est le cas du brillant élève de l'école diplomatique russe (MIMO) Guennadi Stratofontov devenu Gène Stratov, dont Oxelotl se raconte l'histoire en contemplant les tamaris.
Oxelotl imagine que son héros devient, à la fin des années 1980, le dernier leader historique du Komsomol qu'il dissout avant de se lancer dans le business à la russe, aventureux et sauvage (30 000 morts selon Axionov). Ce sont des « terres rares » découvertes dans le cratère d'un volcan gabonais qui le rendent riche et font de lui un oligarque. Aux yeux d'Axionov, Stratov et ses semblables n'ont rien à voir avec l'image habituelle des nouveaux russes, ce sont des chevaliers sans peur, des condottieres, des entrepreneurs, fondateurs d'une nouvelle lignée d'hommes libres.
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