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Tout le monde connaît Mozart. Mais seuls ceux qui ont étudié sa vie dans le détail savent que celuici
avait une soeur, et que, dans leur enfance, Wolfgang et Nannerl se produisaient presque
toujours en duo. La Soeur de Mozart, roman historique et biographique, s'attache à rendre vie à
une figure éclipsée par la gloire de son frère.
Dans la première partie, à travers certains moments-clefs de l'enfance et de l'adolescence des deux
enfants prodiges, Rita Charbonnier « construit » le personnage de Nannerl, figure crédible et
attachante. Dans un cadre historique rigoureux, elle parvient à installer avec beaucoup de talent la
musique comme une présence permanente, une force magnétique que chacun des protagonistes
vit à sa façon. On assiste ainsi à la première exhibition de Nannerl comme claveciniste devant la
bonne société de Salzbourg, la nuit où naquit son frère - ce frère qui allait bien vite étouffer le
talent de sa soeur. Malgré leur amour, leur complicité et leur entente musicale, les deux enfants
n'auront pas le même statut auprès de leur père, Léopold. Au cours de la tournée européenne qui
les mène jusqu'à la cour du roi Louis XV, puis en Angleterre auprès de Christian Bach, Wolfgang,
poussé par son père, concentre sur sa personne l'attention des grands de ce monde, au détriment
de Nannerl.
Leopold interdit en effet à sa fille le violon et la composition. La pratique de la musique (elle
continue à composer en secret) et la relation privilégiée qu'elle entretient avec son frère semble
pourtant suffire à Nannerl. Mais le départ des deux hommes en Italie, financé par les leçons que
Nannerl donnent sur le piano acheté à cette seule occasion, marque la rupture : la jeune femme
décide de renoncer à la musique, brûle ses partitions, laisse le clavier à ses exécrables élèves, et
ne retrouve le sourire qu'avec Victoria, son élève préférée, et la rencontre d'Armand d'Yppold,
major de l'armée autrichienne. Ils auront une longue relation passionnée, brisée quelques jours
avant le mariage .
La seconde partie du roman est donc consacrée plus exclusivement à la maturation personnelle et
affective de Nannerl, loin de la musique et du lien exceptionnel avec ce petit frère fantasque. La
jeune femme réussit à dépasser ses désarrois sentimentaux, son incapacité au bonheur, son
impuissance à exister comme femme adulte, et, ayant épousé le baron Baptist von Berchtold qui
l'avait jadis courtisée en vain, elle mène une vie apaisée de mère de famille comblée, jusqu'à ce
que Victoria, son ancienne élève, lui apprenne la mort solitaire de Wolfgang. Elle se rend alors à
Vienne, et entreprend de rassembler et de classer les oeuvres de son frère. Elle tente ainsi de
combler le fossé qui les a séparés, en préservant le talent de son frère et en entreprenant de le
faire connaître au monde.
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