"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après avoir plongé avec Baptiste (2002) et Mille regrets (2004) dans les arcanes des seizième et dix-septième siècles tout en interrogeant indirectement le monde contemporain, Vincent Borel poursuit son travail romanesque, en plaçant cette fois son intrigue au coeur des Hautes-Alpes et de nos jours.
Dans le massif du Dévoluy, de jeunes délinquants de la banlieue lyonnaise prennent leurs quartiers d'été : pour les distraire, et les empêcher de caillasser les trains, le moniteur, Guillaume Farel, les entraîne vers Champforan. Ledit Farel, étudiant en histoire, compte bien mettre à profit cette ballade sur les hauteurs pour voir de ses yeux le site qu'aurait hanté son homonyme et sujet de mémoire, le prédicateur protestant Guillaume Farel, né en 1489. Grand rouquin maigre au physique de héron, l'étudiant - né lui en 1984 - n'est pas sans évoquer la dégaine de son modèle. Poussant la ressemblance, il s'essaie, avec succès, à l'art oratoire : au gré de la montée, il parvient à éveiller l'intérêt des jeunes gens, non pour la bible et l'histoire des guerres de religion, mais pour la violence verbale et la radicalité du protestant persécuté. Absorbés par le sujet, aucun ne prête attention aux nuages qui s'amoncellent.
Dans le même temps, non loin de là, Paule, une artiste contemporaine, se livre à quelques expérimentations destinées à nourrir le Destroy Art, mouvement auquel elle appartient et dont les performances sont chroniquées par le webzine Weekly Pollution : colorants, excréments, plastique. Elle ne réalise pas qu'elle est épiée par un être fruste et inquiétant, dont la montagne est le territoire. Martial, petit-fils d'un collabo de sinistre mémoire dans le pays, livré très jeune à lui-même et vivant comme un sauvage, observe sidéré les pratiques de la jeune piercée. Paule est à mille lieues de pouvoir partager les presciences de l'homme animal, ami des loups, sur la révolte des éléments déchaînée par la folie destructrice des hommes. Elle serait plutôt ravie par le vacarme montant de la vallée : un teknival prenant d'assaut la montagne libère les décibels des sound systems, annonçant l'invasion des alpages par une tribu électronique.
Alors que tous ces protagonistes vaquent à leurs activités dissemblables, éclate l'orage annoncé par les nuées accumulées : tonnerre et foudre ont violemment raison des égarés, et la promenade tourne au cataclysme. On ne compte plus les morts et les blessés.
Quelques jours plus tard, Guillaume et Mehdi, un des jeunes de la colonie, se réveillent à l'hôpital de Gap : ils sont parmi les survivants, mais Farel est sourd et muet alors que Mehdi a perdu la vue. Une mystérieuse communication s'établit pourtant entre eux : Farel le muet parle dans la tête de Mehdi sans ouvrir la bouche et Medhi l'aveugle voit à travers les yeux de Guillaume. Dans sa demi-conscience, Farel a des hallucinations : il entend des grondements souterrains, il pressent que l'orage n'était qu'un avertissement et que la nature ne va pas en rester là.
Quand ils seront assez vaillants pour comparaître au procès - le moniteur étant tenu pour responsable de la catastrophe largement médiatisée (il se trouve que le DJ était neveu de ministre...) -, c'est un étrange attelage qui arrive au tribunal . Par la bouche de Mehdi, Farel conspue politiques, écologistes opportunistes, journalistes et irresponsables de tout poil pour leur prédire les pires catastrophes. Et quand, dénouement magistral de cette étonnante allégorie de la nature en révolte, l'inversion des pôles, les tsunamis et les éruptions volcaniques annoncés par Farel auront eu lieu, les seuls survivants seront ce couple paradoxal et étrange, Paule et Martial, revenus à l'état de nature dans une grotte au flanc de la montagne...
Inspiré par les dernières catastrophes écologiques, Vincent Borel a mis au service de cette fable ravageuse un souffle épique, une imagination débridée et un humour à toute épreuve qui confirment brillamment son formidable talent de raconteur d'histoires.
Un souffle épique parcourt ces 150 pages sous acide. Les faits : un moniteur de colo étudiant en histoire, Guillaume Farel - homonyme de l'allumé réformateur du XVIe siècle - conduit vers les cimes des Hautes Alpes un groupe de délinquants. Non loin d'eux Paule, une artiste contemporaine - observée par Martial, homme sauvage à la sexualité forestière - se livre à des expérimentations destinées à nourrir le destroy art. Concomitamment, un technival grimpe à l'assaut des alpages en quête de sound et de psilocybe, un champignon visionnaire.
Diatribe les dérèglements écologiques que l'homme dans sa course effrénée du profit ne cesse d'occasionner. Un roman visionnaire.
Le résumé présageait un bon moment... Mais au final à mon goût, l'histoire traine, s'enlise dans la vulgarité et la violence... Je n'ai pas accroché.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !