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Prendre corps n'est pas un livre comme les autres, c'est un livre-corps dans lequel la matière apparaît déprogrammée, morcelée. L'anatomie n'a ni ordre ni norme ; convoquée au moindre instant, elle a un vécu. Entre intimité et mémoire, larmes et désirs, ce projet d'écriture fragmentaire fait la confidence d'une expérience corporelle féminine et contemporaine. Des muscles aux sangs, des engourdissements à la douleur préhistorique qui s'irise, Catherine Voyer-Léger abolit la frontière qui sépare le superficiel du profond. Texte chaleureux, Prendre corps invite à devenir l'autre pour être soi, à pleurer et à rire selon chaque humeur, à penser le langage pour mieux panser la chair.
Sans folios, sans mode d'emploi, ce livre se vit.
Solaire, aérien, « Prendre corps » est de glaise et d’éveil. Lire ces éclats, surtout à voix haute, c’est prendre acte avec respect et chance du magnétisme pressenti dans ces lignes salvatrices. Catherine Voyer-Léger modèle la littérature de sens et d’authenticité. La force des mots est créatrice. Le corps n’est plus une chape de plomb. Il s’évapore dans un filigrane où la gestuelle, le ressenti vont œuvrer et créer les cinq sens en joyau grammatical. « Prendre corps ». Laisser les courants s’échapper. Engendrer les cascades d’une mise à nue qui s’exprime en diapason avec l’anatomie qui se déshabille subrepticement. La traversée du miroir s’allie au microcosme d’un charnel vivifiant. En pleine mutation, le corps est poésie, parchemin féminin qu’on déroule, et dont on prend à plein corps, les déliés, les boucles, les dires de Catherine Voyer-Léger. Les chemins ne sont plus de traverse. Il se passe au travers des textes cette rencontre avec le parcellaire. Chaque partie, mouvement du corps n’est pas fortuite. Les textes engendrent la raison, l’indéniable. La vérité criante d’une alliance avec l’intuition spontanée. « Nous ne nous étions jamais vus. Nous nous connaissions pourtant si bien. Je n’ai pas su s’il fallait l’embrasser ou lui tendre la main. Dans le doute, j’ai choisi d’être polie. Il a pris ma main entre les siennes comme si c’était un objet précieux. Il a pris ma main entre les siennes et il m’arrive de croire, après toutes ces années, qu’il l’a gardée. » Le style est déesse. Mature, formidablement sincère, il devient chair qui s’épanche, émois. La cartographie d’un corps féminin en transmutation sensorielle. « En jouant avec un ongle, j’ai vu dans mes doigts, l’ombre de ma grand-mère. » « Prendre corps » est une évasion fabuleuse. « Le poids d’une entaille enterre dix mille mots d’amour. » Lire, retenir, ne pas retourner ce sablier qui octroie le miracle d’une littérature régénératrice, puissamment femme. Publié par les majeures Editions La Peuplade qui nous prouvent une nouvelle fois leur haute qualité éditoriale. A lire d’urgence.
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