"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Paris sous la Terreur. Marie-Thérèse, princesse de Lamballe, attend en prison son jugement. La mort est proche, elle le sent. Un seul homme peut la sauver, Philippe d'Orléans, cousin du Roi mais député et révolutionnaire convaincu.
L'ennemi de Louis XVI. Dans une longue lettre bouleversante à celui qu'elle surnomme Monsieur mon Amour, elle évoque les souvenirs d'une époque dévastée par la Révolution.
Pourquoi la plus vertueuse des princesses s'adresse-t-elle au plus débauché des hommes ? Parce qu'il est son beau-frère ?
Parce qu'il l'a toujours protégée ? Ou parce qu'elle l'aime secrètement depuis plus de vingt ans ?
Entrons dans l’histoire de France au temps de Louis XVI et de Marie-Antoinette par le biais de ce beau roman.
Qui est cette personne qui se cache derrière ses barreaux sur la couverture du livre de Alexandra de Broca ? Est-ce voulu que l’on ne voit pas son visage ? Où se trouve-t-elle ? Une prison surement mais dans quel lieu, quelle époque ? La couverture nous offre déjà une petite part de ce que racontera l’histoire. Et le titre « Monsieur Mon amour » apporte le ton, la force et l’ampleur.
La couverture représente en fait une partie d’un portrait peint de Charlotte Corday (née le 27 juillet 1768 à Saint-Saturnin-des Ligneries, près de Vimoutiers dans le pays d’Auge, guillotinée le 17 juillet 1793 à Paris), qui est une personnalité de la Révolution Française, célèbre pour avoir assassiné Jean-Paul Marat, le député jacobin et symbole de la terreur.), d’après Charles Louis Lucien Muller un peintre français de cette époque.
Choix judicieux de couverture pour évoquer l’héroïne, Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, probablement dû au fait qu’il est difficile de trouver un portrait d’elle en prison alors que pour Charlotte Corday, on en trouve. Cependant Charlotte n'a rien à voir avec Marie-Thérèse déjà de par leur naissance, l'une française et l'autre italienne et cette dernière est princesse et l'autre fille d'un gentilhomme. La princesse de Lamballe est plus représentée de manière élégante avec des robes et des apparats dignes de son rang. Un point probablement à ne pas omettre. Peut-être ici la seule déception de ce roman même si on comprend le choix .
Le roman débute par une citation magnifique de Romain Gary :
« Vivre est une prière que seul l’amour peut exaucer ».
Dans ce huis clos composé de lettres écrites de la main de la princesse de Lamballe au citoyen Philippe d’Orléans cousin du roi, député aussi et proche de Robespierre, la valeur de la vie est inestimable et on pressent l’importance de l’amour face aux évènements ; l’amour qui apaise, qui rassure et qui offre l’espoir de liberté dans la captivité. Alexandra de Broca manie sa plume avec une belle maîtrise, nous faisant tour à tour aimer ou désaimer ses personnages issus tout de même des profondeurs de l’histoire de France du XIXème siècle.
Elle nous offre un huit clos raffiné, passionnant, terrible et émouvant. Avec elle, on est citoyen du XIXème siècle. On goûte aux plaisirs, aux intrigues comme aux malheurs de ce siècle. Jusqu’où bout, elle nous offre une richesse dans les évènements, des détails historiques, culturels, un suspens palpitant. Monsieur Mon amour se dévoile comme d’ailleurs les personnages de l’histoire du roman et celle avec un grand H. Elle porte son personnage principal, Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe à sn apogée, sa terreur comme sa bravoure et sa célèbre vertu en dépit de son amour. L’a-telle vraiment aimé cet homme ? Le roman donne sa version fictive. Les lettres relèvent la noirceur de la prison où est incarcérée la princesse de Lamballe mais, l’horreur n’est rien alors. La mort arrive malgré l’espoir d’une libération. Belle imagination sur les derniers jours d’une princesse alors qu’au fond nous ne savons rien. Mais la réalité n’est jamais bien loin…
Une envie d’écrire une missive peut-être ?
10 Août 1792, à Paris, le peuple prend d'assaut les Tuileries, bien décidé à demander des comptes au couple royal, réfugié là depuis quelques temps. La révolution a un franchi cap supplémentaire, le roi jugé responsable de tous les maux subis par la France, doit répondre de ses actes. Louis XVI, Marie-Antoinette, leurs enfants et quelques fidèles serviteurs et proches sont emmenés à la prison du Temple. Très vite on refuse au roi et à son épouse le droit de garder leurs serviteurs et amis, seule la famille royale va rester en captivité au Temple. L'entourage du couple est transféré à la prison de la Force en attente d'un jugement qui laisse peu de place au doute.
Marie-Thérèse Princesse de Lamballe fait partie des proches de Marie-Antoinette, elle est l'amie de la reine et la Surintendante de sa maison. La Princesse, pour meubler le temps qui la sépare de son procès et de sa mort certaine, prend la plume, elle écrit à l'homme dont elle est amoureuse. Elle adresse ses lettres au Citoyen Philippe d'Orléans, cousin du roi, mais qui a fait siennes les idées révolutionnaire et est député du peuple. Elle y raconte son arrestation se livre à lui, lui laissant chaque jour, pendant les quinze jours que vont durer sa détention, un témoignage de sa vie, de son amitié avec Marie-Antoinette qu'elle défend bec et ongles contre les critiques dont on l'accable. Elle le supplie tout en restant très digne de lui venir, en aide, de la libérer. Elle termine chacune de ses lettres en appelant Philippe d'Orléans, son beau-frère, cet homme aux moeurs plus que légères dont elle est tombée amoureuse dès son arrivée en France pour se marier, Monsieur mon Amour.
" S'il en est ainsi, il me faudra m'humilier davantage pour obtenir ma liberté: vous êtes un chasseur de femmes et certaines des mes amies pleurent encore d'avoir été votre proie. Sauvez moi et je me donnerai à vous pour que vous puissiez accrocher ma chasteté à votre célèbre tableau de chasse. Le prix de ma libération sera le vôtre et s'il faut succomber pour sauver ma vie, je le ferai, mais sachez qu'aucun geste de vous, aucune bassesse, ne m'empêchera de vous aimer. Aujourd'hui, demain et jusqu'à mon dernier souffle."
Dans ce roman épistolaire, Alexandra de Broca se met dans la peau de cette princesse turinoise, veuve à dix-neuf ans d'un descendant de bâtard de Louis XIV, un être pervers qui lui a fait subir les pires outrages. Elle nous montre un personnage attachant, une femme droite et fidèle en amour comme en amitié. Une femme de convictions, une femme éclairée qui malgré ses idées progressistes, restera fidèle jusqu'au bout à sa reine et aux enfants royaux. Un roman passionnant, poignant où il est question de fidélité, de courage, de justice. Une texte rendu intense par le choix fait par l'auteure d'imaginer cette relation épistolaire unilatérale entre la princesse et celui dont elle est amoureuse et qui pourrait lui venir en aide. Une belle réussite.
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