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« Ceci est une adresse. Aux femmes en général, autant qu'à leurs alliés. Je vous écris d'où je peux. Le privé est politique, l'intime littérature ».
En France, la quatrième vague féministe a fait son entrée : non plus des militantes, mais des femmes ordinaires. Qui remettent en cause les us et les coutumes du pays de la gaudriole, où une femme sur dix est violée au cours de sa vie, et où tous les trois jours une femme est assassinée par son conjoint.
Dans ce court texte incisif qui prône la sororité comme outil de puissance virale, Chloé Delaume aborde la question du renouvellement du féminisme, de l'extinction en cours du patriarcat, de ce qu'il se passe, et peut se passer, depuis le mouvement #metoo.
Ce livre est un engagement sans agressivité, sans vulgarité, avec une langue vive. C'est clair, précis, argumenté, piquant. Chloé DELAUME a recourt à des périphrases et des références aussi pointues que populaires, passant d'un registre à un autre avec fluidité. C'est bien trouvé, parlant, et parfois cinglant sans se la jouer.
J'avais ouvert "Le cri du sablier" que j'avais refermé aussi sec après 10 pages illisibles. Ici, rien de tout cela.
Tout ce livre tient au style, cette façon de nommer les choses autrement qu'ordinairement, mais sans mièvrerie, orgueil ou minauderie. C'est une évidence. Même ses néologismes renvoient une référence immédiate. Exemple avec "couillidés" : je comprends des hominidés à couilles = des hommes mais cela déplace l'image. Ce sont des hominidés comme des femmes mais avec leurs sacro-saintes boules.
Les phrases vont vites, dans une musicalité très belle, même en lecture silencieuse (je ne lis pas à voix haute).
Loin d'être une charge manichéenne contre les hommes (le patriarcat est un fait, il n'y a même plus à en douter sinon à le détruire et elle appuie toujours son propos par des exemples très précis, sans fioriture, crus dans leur réalité et qui parlent à tous et toutes), c'est surtout une adresse aux femmes pour déplacer notre regard entre nous : nous ne sommes pas des rivales, des Schtroumpfettes à notre étage, des mamatrones. Nous pouvons être des soeurs, unies, sans pour autant nous fondre dans une seule identité. "La révolution numérique a apporté aux femmes des outils et des réflexes qui les rendent solidaires, conscientes qu'elles forment un 'nous' [en italique dans le texte]. Un 'nous' hétéroclite, un 'nous' de moi aussi. Et ce 'nous' n'est pas seul" (p. 73).
Le Chapitre "Secrets de bonne femme" (P. 23- ) est un pur délice stylistique et une ode à toutes les femmes, leurs défauts inclus.
En conclusion : ce petit livre au grand style emmène son public avec vivacité tout du long. Il génère en fond, de la réflexion alors même qu'on voyage dans des images, des références, des expériences communes (en tout cas pour tous ceux nés fin des années 70 / début des années 80). Un plaisir avec un discours direct, sans fioriture, sans diplomatie, sans envie de plaire, ouvert à la contradiction, à l'argumentation, et à l'invitation : sororité autant que possible entre nous, femmes (ce qui nous changerait !) pour lutter contre le patriarcat mais aussi ne pas reproduire des schèmes socio-culturels.
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"Elles ne m'écoutaient pas/ D'ailleurs dans cette famille, personne ne m'écoutait. Racontez-moi alors. Racontez-moi, mesdames, autre chose que le jour où tout a basculé parce que devenues ensuite épouses et mères. Autre chose que la fois où au bal du village, sur la place du marché, en sortant du lycée, en plein milieu de la guerre, de la poste, de l'usine, de la banque, du magasin, Félix Pottin, on y revient [...]. Autre chose que comment, en dépit de son plumage perché et de sa belle voix, c'est grâce à votre ramage, par l'odeur alléché du soufflé au fromage, que vous avez ravi le Maître de ces bois et ne vous sentez plus de joie dans ce pavillon Phénix" (p. 39)
En commençant cette lecture je me suis dit que les hommes allaient en prendre pour leur grade. Enfin, pas tous les hommes hein ! Ceux, imbuvables, qui au nom de leur service trois pièces sont convaincus d'être supérieurs et de mériter de droit divin le haut du podium.
Il y a une phrase que disaient mes potes qui m'est revenue : "depuis que les chinois ont inventé la poudre il n'y a plus d'hommes forts". Eh bien là, ça pourrait donner : "depuis l'avènement du numérique, il n'y a plus d'hommes". Tous égaux, ou égales ??
Bref, voeu pieux, parce que je pense que je ne le verrai pas. Ma fille peut-être, je l'espère. Car ça bouge vachement et dans le bon sens. Hélas un peu partout dans le monde des groupes de masculinistes se forment pour contrer les mégères féministes qui veulent couper les coucougnettes à la chaîne. Oui, parce qu'en fait il y en a qui ne veulent pas partager le gâteau, qui veulent continuer à nous écraser et prétendent qu'on veut les déviriliser, en faire des paillassons. Ah les pauvres ! Ils ont peur qu'on leur fasse ce qu'ils nous font depuis des millénaires !
Je me suis délectée à cette lecture qui dit ce que depuis l'enfance j'ai subodoré. J'ai très tôt été en révolte contre cette société qui voulait faire de moi ce que je ne voulais pas.
Ce livre est terrible, il nous dresse un panel de tout ce qui est dégueulasse et inadmissible, pas uniquement envers les femmes mais aussi envers les enfants et les minorités. Et pas seulement en actes mais aussi en paroles, qui peuvent être aussi douloureuses que des coups, voire plus... toutes ces petites saloperies pernicieuses et blessantes balancées l'air de rien. Mais c'est essentiellement un livre militant féministe qui prône la parité, la fin de la masculinité toxique et surtout la sororité, indispensable.
Heureusement une embellie s'annonce, elle est amorcée, #metoo et #balancetonporc sont passés par là et le vieux monde est en train de s'effondrer.
Ce livre devrait être lu par toutes et tous.
Tous oui, car ceux qui disent "ça va ! Une main au cul c'est rien !!" Peut-être ceux-là comprendraient-ils enfin que ce n'est pas rien, que notre corps n'est pas à leur disposition, qu'ils n'ont pas à y toucher sans permission.
Liberté, Parité, Sororité et aussi fraternité avec tous les mecs biens, qui osent avouer qu'ils sont féministes et qui le pensent vraiment, comme mon père, mes frères ou mon fils.
Parce qu'être féministe ne veut pas dire être une femme ! Ça veut juste dire être pour la parité, les mêmes droits pour toutes et tous, c'est respecter autant ses filles que ses fils, sa mère que son père.
Après un bref historique sur les différences vagues du féminisme, Chloé Delaume nous parle de ce mouvement au présent, de ce qui se passe aujourd'hui dans notre société, de l'évolution des us et coutumes, des langues qui se délient, de ces femmes qui s'affirment et se soutiennent.
Un document percutant où les mots sont scandés, j'avais envie de les lire à voix haute, en rythme.
L'auteure dresse un intéressant panorama du féminisme sans chercher à tout prix à nous convaincre ou à nous entraider dans cette voie.
Un livre à faire circuler.
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 3 jours
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