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« On t'a dit qu'il fallait parler aux bébés, qu'au petit d'homme le langage est aussi vital que le lait. Mais tu n'as rien à lui dire. La parole en toi s'est depuis longtemps asséchée. Alors tu l'abreuves de lait faute de trouver les mots. Et pour rencontrer ton enfant, te voilà contrainte de sonder les sources arides de ta propre existence. » Dérangeant, tendu, le roman de Françoise Guérin, psychologue clinicienne, spécialiste du lien parent-bébé, brise le dernier tabou : la maternité comme accomplissement de la féminité.
Un livre qu'on ne peut pas lâcher, c'est rare. Un thriller psychologique qui nous touche tous, encore plus. Si on n'est pas tous parents, on a tous été bébé. Et pourtant, un livre qu'on ne peut pas mettre en toutes les mains, ce qui est la marque d'un grand livre.
Oserez-vous entrer dans l'épouventre ?
Un livre qui embarque dans les tourments de la maternité lorsque celle-ci déclenche un séisme intérieur et qu’elle n’est pas vécue comme un heureux évènement.
Clara est une femme accomplie, Directeur Financier à trente-quatre ans, ambitieuse et déterminée. Elle ne fait preuve d’aucune empathie à l’égard de ses collaborateurs qu’elle mène à la baguette ; elle n’a même pas remarqué la grossesse avancée de son assistante !
Côté vie privée, elle partage son quotidien avec un homme attentif et amoureux, ils forment un couple parfait, moderne et stable.
Pourtant, le désir d’enfant de son mari la déstabilise, suscite de violents tourments. Elle y consent malgré la réticence de tout son être.
La grossesse qui suit la précipite encore plus dans des délires aux frontières de l’équilibre mental. Des souvenirs d’enfance l’assaillent, le fardeau que porte Clara remonte à son enfance, aux propos et comportements de sa mère.
L’arrivée du bébé scellera la descente aux enfers de Clara.
L’auteure n’épargne pas le lecteur. J’ai trouvé les propos de Clara à l’égard de son bébé dérangeants parfois, douloureux souvent. Le bébé est une « petite furie », une « sauvageonne », l’allaitement est une torture. Clara ne prononce jamais le nom de sa fille qui ne sera révélé qu’à la page 375, lorsque Clara entame une thérapie.
Plus qu’un roman, c’est un livre document écrit par une professionnelle de la relation mère /enfant que j’ai lu d’une traite tellement il interpelle et dérange aussi.
J’ai été bouleversée pour ce bébé qui arrive au monde dans d’étranges conditions et par cette mère déboussolée dont les réactions de rejet frôlent la maltraitance. Heureusement le père est présent, attentif et protecteur.
Vous l’aurez compris, nous sommes loin des clichés sur la maternité. Le sujet est fort, les propos sans filtre. Devenir mère relève parfois de l’exploit et nécessite un accompagnement par des professionnels bienveillants et attentifs ne serait-ce que pour prévenir les dérapages comme le syndrome du bébé secoué.
https://lettresexpres.wordpress.com/2018/06/08/francoise-guerin-maternite/
Françoise Guérin s’éloigne du polar pour nous livrer ce récit poignant qui fait référence à son travail de psychologue clinicienne. Choquant parfois, lorsque Clara perd complètement pied face à un nourrisson, une tout petite fille pas nommée pendant plus de trois cents pages, précis et tendu tout du long, ce roman se lit d’une traite et avec la gorge nouée. Car une parfaite connaissance du sujet de la part de l’auteure n’empêche absolument pas l’émotion de gagner du terrain, au fur à mesure de la lecture.
Un roman troublant et essentiel.
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