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Marta était à peiné sortie de l'adolescence quand elle a rencontré Arthur, l'homme aux yeux menthe givrée. Et voilà qu'Arthur est mort, étendu à ses côtés. Tout au long de la journée tourmentée qui suit ce mystérieux décès, les souvenirs remontent pour dérouler l'histoire d'une relation faite de non-dits, d'incompréhension et de petites cruautés. Quarante années, au cours desquelles Marta a pris soin de peigner tous les jours les franges du tapis pour qu'elles soient bien droites, tandis qu'Arthur montrait plus d'affection pour son aquarium que pour son propre fils.
Propulsée par son extrême sensibilité littéraire, Katja Schönherr nous offre un premier roman palpitant et glaçant sur deux êtres aussi incapables de vivre ensemble que l'un sans l'autre
Une nuit, Marta, 59 ans, découvre son compagnon, Arthur, 75 ans, mort à côté d'elle après 40 ans de vie commune. Sans paraître être beaucoup affectée, elle remonte alors le fil de ses souvenirs depuis leur rencontre et n'avertit personne du décès pendant plus de deux jours. Décoratrice de vitrines de magasin, elle utilise le corps d'Arthur pour en faire une sorte de Neptune, qui aurait pu trouver sa place dans une vitrine.
Elle a rencontré Arthur alors qu'elle avait 17 ans et lui 16 de plus; elle n'avait jamais embrassé, ni connu intimement de garçon. Elle vit, sans père, avec sa mère ivrogne, droguée, qui la maltraite. Arthur représente un avenir pour elle mais il ne veut qu'une courte aventure. Marta menace de le dénoncer pour avoir eu des relations sexuelles avec elle alors qu'elle était mineure. A partir de là, Marta devient un poids pour Arthur encore plus, lorsque ayant arrêté volontairement de prendre la pilule, elle se retrouve enceinte. Arthur ne s'occupera pas de l'enfant.
S'installe alors entre eux une relation toxique dont, paradoxalement, aucun des deux n'essaiera de sortir pendant toutes ces années. Ce ne sont que piques, méchancetés, indifférence. Arthur ignore Marta, ne s'intéresse qu'à son aquarium, à ses puzzles et à ses cigarettes. Marta trouve du réconfort dans la présence de son fils qui, à l'adolescence, se retourne également contre elle.
En deux jours après la mort d'Arthur, on dirait que Marta se libère enfin de cette relation en détruisant tout ce qui avait de l'importance pour Arthur : elle recouvre son corps de sable, lui qui avait une phobie du moindre grain de sable, elle extrait ses poissons adorés de l'aquarium pour les répandre sur son corps, elle déverse des tas de choses dans l'aquarium, elle réduit ses cigarettes en miettes et les répand sur le cadavre.
Ce qui frappe dans ce roman, qui fait des allers-retours entre passé et présent, sans coupure temporelle nette, comme si dans la tête de Marta, passé et présent ne formaient plus qu'un, c'est l'absence totale d'amour, de tendresse, de chaleur entre Marta et Arthur et ce dès leur rencontre. Arthur est profondément antipathique avec ses tics, sa rigueur, ses raideurs, ses phobies, son manque total d'empathie. Mais Marta n'inspire pas non plus de sympathie.
Ce premier roman de Katja Schönherr est profondément déprimant et dérangeant mais il prend aux tripes et laisse au lecteur/trice le soin de sa propre interprétation : la mort d'Arthur est-elle naturelle? Marta est-elle devenue folle? Que devient-elle après avoir fui l'appartement après l'arrivée de son fils?
On se prend à espérer, à la fin du roman, que cette image très noire du couple, ne soit qu'un roman, sorti de l'imagination d'une auteure talentueuse!!!
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