Dans ce recueil de 13 nouvelles, la jeune autrice mexicaine frappe fort mais juste
Dès les premières lignes, le ton est annoncé, Inge est une râleuse. Jamais contente, même si peu lui accorder que se retrouver dans une chambre d’hôpital avec pour voisine une ronfleuse, après s’être cassé le col du fémur, ne rend pas froidement philosophe. Cependant, on sent bien dans son monologue intérieur que le raisonnement est axé sur la recherche de responsables à cet accident, et en tête de ligne, son crétin de fils.
Celui-ci tente bien de déroger au déplacement en ayant recours à son excuse éculée, dont personne n’est dupe, d’un rendez-vous urgent à Bruxelles. Mais il devra malgré tout se coltiner les foudres de sa mère. Et même quitter Berlin pour venir dans sa maison d’enfance, dans un village isolé de tout. Accompagné de surcroît par son ado de fille, dont la mère avait d’autre projet avec son nouveau compagnon.
Les retrouvailles forcées ne seront pas de tout repos. L’ambiance désastreuse tournera aux règlements de compte des années après les nombreux malentendus de la période où la famille vivait sous le même toit. On découvre peu à peu ce qui a construit de guingois cette famille.
Même si les situations caricaturales prennent parfois un air de comédie, on a tout de même affaire à des personnages assez égoïstes, centrés sur leurs propres problèmes avant tout. La seule qui s’en tire plutôt bien est justement l’adolescente, qui tire des leçons de ce qu’elle observe. C’est aussi le personnage le plus drôle, et celle qui fait passer des messages écologiques tout au long du récit .
Comédie grinçante, sur des sujets bien actuels, le vieillissement, l’écologie, les relations familiales fondées sur des rancoeurs mal digérées…
352 pages Zoé 30 août 2024
Traduction : Barbara fontaine
Nous voilà dans un village de l'ex-RDA; Inge, 84 ans, veuve, s'est cassé le col du fémur. Elle ne peut rester seule à son retour de l'hôpital; son fils cadet, Carsten, divorcé, 55 ans, qui travaille à Berlin, vient s'installer avec elle, trois semaines à contrecœur, accompagné de sa fille, Lissa,15 ans. le fils ainé, Jens, vit aux États-Unis et n'a pas l'intention de venir voir sa mère qui l'a rejeté lorsqu'il était enfant et adolescent.
J'ai souhaité connaître un peu mieux cette auteure allemande dont j'avais lu le premier roman "Martha et Arthur" (2021), déprimant et dérangeant, qui donne une image très noire du couple. J'ai voulu savoir si le ton de ce livre était plus positif.
La 4ème de couverture évoque "une comédie sociale et familiale" mais on est bien loin d'un comédie, qui sous-tend légèreté, humour, ironie, espoir. Ici, c'est tout le contraire. Ici, nous assistons à l'affrontement de trois générations qui ne se comprennent pas, qui ne se supportent pas, chacun faisant montre d'égoïsme. Les relations dépourvues d'empathie sont décrites avec un réalisme qui peut paraitre choquant mais qui est la réalité dans certaines familles, le tout teinté d'ironie féroce.
Aucun personnage n'attire la sympathie : Inge est acrimonieuse, exigeante, blessante, Carsten est égoïste et considère sa mère comme un fardeau, Lissa, qui est le seul membre de la famille qui soit un tant soit peu attirante de par sa jeunesse idéaliste, est insolente, provocatrice, excessive.
Plusieurs thèmes importants sont abordés; chaque personnage en incarne un: Inge celui de la vieillesse comme fardeau pour l'entourage et comme désespoir pour ceux qui ne peuvent plus être autonomes, indépendants, Lissa, ceux de l'écologie, du féminisme radical et du wokisme, Carsten, celui de la fuite loin d'un bourg qui se meurt, où il n'y a plus de commerce, où le qu'en dira-t-on tient lieu de lien social, où de vieilles rancunes sont enkystées. Et surtout, le roman pose une question essentielle : est-on redevable de quelque chose vis-à-vis de ses parents?
Nous sommes dans un roman d'atmosphère où il ne se passe pas grand-chose pour ne pas dire rien à part l'élément déclencheur du début (la chute d'Inge); j'ai trouvé cette lecture assez ennuyeuse même si les sujets abordés sont criants de vérité, le rythme est très lent et je me suis assez rapidement enlisée dans cette histoire familiale assez déprimante.
Une nuit, Marta, 59 ans, découvre son compagnon, Arthur, 75 ans, mort à côté d'elle après 40 ans de vie commune. Sans paraître être beaucoup affectée, elle remonte alors le fil de ses souvenirs depuis leur rencontre et n'avertit personne du décès pendant plus de deux jours. Décoratrice de vitrines de magasin, elle utilise le corps d'Arthur pour en faire une sorte de Neptune, qui aurait pu trouver sa place dans une vitrine.
Elle a rencontré Arthur alors qu'elle avait 17 ans et lui 16 de plus; elle n'avait jamais embrassé, ni connu intimement de garçon. Elle vit, sans père, avec sa mère ivrogne, droguée, qui la maltraite. Arthur représente un avenir pour elle mais il ne veut qu'une courte aventure. Marta menace de le dénoncer pour avoir eu des relations sexuelles avec elle alors qu'elle était mineure. A partir de là, Marta devient un poids pour Arthur encore plus, lorsque ayant arrêté volontairement de prendre la pilule, elle se retrouve enceinte. Arthur ne s'occupera pas de l'enfant.
S'installe alors entre eux une relation toxique dont, paradoxalement, aucun des deux n'essaiera de sortir pendant toutes ces années. Ce ne sont que piques, méchancetés, indifférence. Arthur ignore Marta, ne s'intéresse qu'à son aquarium, à ses puzzles et à ses cigarettes. Marta trouve du réconfort dans la présence de son fils qui, à l'adolescence, se retourne également contre elle.
En deux jours après la mort d'Arthur, on dirait que Marta se libère enfin de cette relation en détruisant tout ce qui avait de l'importance pour Arthur : elle recouvre son corps de sable, lui qui avait une phobie du moindre grain de sable, elle extrait ses poissons adorés de l'aquarium pour les répandre sur son corps, elle déverse des tas de choses dans l'aquarium, elle réduit ses cigarettes en miettes et les répand sur le cadavre.
Ce qui frappe dans ce roman, qui fait des allers-retours entre passé et présent, sans coupure temporelle nette, comme si dans la tête de Marta, passé et présent ne formaient plus qu'un, c'est l'absence totale d'amour, de tendresse, de chaleur entre Marta et Arthur et ce dès leur rencontre. Arthur est profondément antipathique avec ses tics, sa rigueur, ses raideurs, ses phobies, son manque total d'empathie. Mais Marta n'inspire pas non plus de sympathie.
Ce premier roman de Katja Schönherr est profondément déprimant et dérangeant mais il prend aux tripes et laisse au lecteur/trice le soin de sa propre interprétation : la mort d'Arthur est-elle naturelle? Marta est-elle devenue folle? Que devient-elle après avoir fui l'appartement après l'arrivée de son fils?
On se prend à espérer, à la fin du roman, que cette image très noire du couple, ne soit qu'un roman, sorti de l'imagination d'une auteure talentueuse!!!
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