"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Trois étudiantes en lettres partagent tout dans un appartement communautaire surnommé Campo. Il y a là Helga, la narratrice, Rosie, serveuse à ses heures et Sambre, l'amie charismatique qui mène la danse. Bientôt se joint à elles Anders. Un esprit libertaire souffle sur le meublé foutraque jusqu'au jour où Sambre claque la porte et disparaît sans un mot.
Ce départ signe l'arrêt de mort de Campo et de la jeunesse en général. Les trois amis abandonnés se lancent alors dans la vie active et adulte comme on saute dans le néant du haut d'une falaise. Une question traverse tout le roman, dont la disparition inexpliquée de Sambre est à la fois le point de départ et le fil rouge : comment s'inventer une vie ? Comment survivre dans le réel après des idéaux de jeunesse aussi puissants ?
Un livre joyeux, plein de sève et de vie, venu tout droit de l'ancien monde comme un baume
C’est une histoire de femmes, l’histoire de trois provinciales venues étudier à Paris et qui partagent un appartement. C’est aussi l’histoire d’une vie que Fabienne Jacob nous conte avec poésie et une tendresse douce-amère.
« Mon entreprise ne sera pas de nostalgie » précise- t-elle avant de débuter l’histoire de Sambre, cette jeune fille à la chevelure blond vénitien, « une couleur qui n’existe pas dans la vraie vie » et avec laquelle va se nouer une amitié forte.
Helga, la narratrice, Sambre et Rosie nous entrainent dans leur jeunesse virevoltante et leur amour de la littérature, car elles ont choisi d’étudier les Lettres. La littérature, c’est la découverte des grands textes que ne lisaient pas leurs mères, « Tant qu’il y avait un livre réjouissant à lire, on ne pouvait pas mourir ». La littérature, c’est aussi ces emprunts pour la vie qui va, ainsi Sambre surnomme-t-elle son amant Le Marin en référence au « Marin de Gibraltar » de Duras.
Il y a de la jubilation, de la fougue dans ce roman initiatique où la jeunesse ne semble pas vouloir finir. Il y a de l’humour aussi dans la recherche de petits boulots pour survivre. Helga découvre l’humiliation alors qu’elle rêve d’être secrétaire d’écrivain. Mais, après le départ précipité de Sambre, Helga se trouve démunie. Comment poursuivre sa route alors que sa « meilleure amie » son modèle lumineux, a déserté sa vie ?
Loin de se plonger dans une nostalgie douloureuse, la narratrice déroule les événements de sa vie, souvenirs d’enfance, mais aussi évènements de la vie avec ses amours, ses périodes de solitude et de renoncement.
Fabienne Jacob fait la part belle aux sensations et nous offre de belles pages sur la fillette qui se jette les bras de sa mère, « le nez dans les bras blancs, le lait des bras » ou encore le plaisir charnel à dormir dans des draps de lin et c’est comme dormir dans les nuages. Sensualité encore dans cette rencontre de deux peaux dans « la tiédeur confuse des corps et des draps » et les bains pris en commun où « suspendus dans l’haleine moite du bain, nous passions de longs moments indolents ».
L’écriture de Fabienne Jacob est vibrante, charnelle et elle nous entraine avec tendresse et fermeté dans la ronde de ses personnages.
Un roman sensuel et lumineux.
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