Avez-vous déjà entendu parler de "l'impasse du bébé à moustache" ? Ne cherchez pas ce bout de rue sur un plan, vous perdriez votre temps ! Seuls Zidrou et Jordi Lafebre peuvent vous y conduire ! Les habitants de l'impasse, les "moustachus", partagent les joies et les peines du quotidien sous le regard d'une statuette de madone à l'enfant Jésus. Alors quand Camille, jeune femme simple d'esprit, perd sa petite Lydie tout juste née, tous les habitants la soutiennent. Ils sont solidaires à nouveau lorsque Camille leur annonce le retour miraculeux de sa petite fille. Mieux vaut un joli mensonge qu'une vilaine vérité, pensent-ils tous. Seulement qu'arrive-t-il quand la vérité reprend ses droits ?
Un beau bébé joufflu affublé de moustaches de sapeur orne le mur de l’impasse du Baron van Dick rebaptisée illico impasse du bébé à moustache. Les moustachus, ainsi nomme-t-on les habitants de cette conviviale impasse, ont même leur propre fête tous les mois de juillet.
Le ton est donné, on est dans le burlesque avec une louche de tendresse et une autre de bienveillance. Car on s’aime bien, on s’entraide et il n’y a que La Malisse cette vieille bique pour trouver à y redire.
C’est dans cette atmosphère que Camille, fille un peu simplette, met au monde son bébé. Hélas ! L’enfant est mort-né et on doit annoncer la triste nouvelle à la jeune mère qui va prier la vierge dont la statuette orne une des maisons de l’impasse. Et l’impossible se réalise, la petite Lydie revient à la vie. Enfin… presque ! Car elle n’est vivante que dans l’esprit dérangé de sa mère. Tous vont jouer le jeu pour ne pas attrister cette pauvre Camille et nous voilà plongés dans l’absurde et le cocasse pour notre plus grand plaisir de lecteur.
« Après tout, pourquoi faire du mal quand il est si facile de faire du bien.
Tous les habitants de l’impasse y mettaient du leur »
C’est une jolie histoire que nous conte Zidrou qui fait la part belle aux rêves, une histoire pleine de tolérance, de tendresse et de pudeur. On est touché par le papa de Camille, un veuf qui veille avec amour sur sa fille simplette, ou bien Victor l’imprimeur ou encore le docteur Fabian toujours prêt à venir soigner la fillette fantôme. C’est aussi une histoire sur la différence et son acceptation, et l’entraide autour de Camille perdue dans ses rêves est émouvante.
Avec ses couleurs passées, les dessins de Jordi Lafèbre ont un côté rétro qui colle à l’époque, (nous sommes en 1932)
Une bien jolie histoire à lire sans modération.
Cette BD est une BD singulière. Elle raconte l’histoire d’une jeune femme, Camille, qui vit un peu hors du monde. Alors qu’elle accouche d’un bébé mort-né, elle se persuade que sa petite fille, Lydie, est bien réelle et en vie. Là où l’histoire pourrait rester simplette, il n’en est rien puisque Camille va entraîner avec elle, son père, le médecin et les voisins. Tout le monde va jouer le jeu et c’est là que réside tout l’intérêt du récit. Le scénario est magnifiquement illustré par Jordi Lefèvre qui, avec ses touches de couleur délicates, apporte la douceur et la tendresse nécessaires au récit. De jolis sentiments, de la mélancolie, des personnages touchants, il n’en fallait pas plus pour que cette BD soit une belle découverte !
Au final, je me retrouve autant dans le commentaire de Bulle noire que dans celui Pampy. Paradoxal ?
L'un a aimé, comme moi, l'autre a été choquée (pour des raisons flagrantes). Je pense que la transposition de cette histoire dans un contexte du quotidien ne peut amener qu'à cette réaction, et je trouve effectivement triste d'avoir laissé Camille s'enfermer dans sa représentation.
De mon côté, j'ai préféré voir ce récit comme un conte surnaturel, et me convaincre finalement moi aussi que Lydie était une sacrément belle personne qu'il faisait bon côtoyer.
Dans tous les cas, une lecture qui ne laisse pas indifférent et que je vous invite à découvrir :).
Lydie est de retour ! Dargaud a eu la bonne idée de rééditer le 17 juin dernier cet album initialement sorti en 2010 signé Zidrou et Jordi Lafebre.
La couv a changé mais le contenu est le même et si tu ne connais pas Lydie, permets moi de ne pas trop t’en parler. Ou alors juste deux ou trois mots car je veux te laisser le plaisir de découvrir cette histoire tout seul.
Bienvenue à l’impasse du bébé à moustaches. On est en 1932 et Camille va avoir un bébé… Camille est une jeune fille simple et orpheline de naissance, ça devrait être le plus beau jour de sa vie. Elle attend une petite fille, elle veut l’appeler Lydie… Le reste de l’histoire est dans les mains de la statuette de la Vierge, nichée dans une des maisons de l’impasse. Elle te la racontera mieux que moi.
Le récit de Zidrou est , comme souvent, beau, doux, sensible, plein d’humanité, de compassion, de solidarité, c’est un album qu’on lit le cœur serré et les yeux humides, bien aidé par le dessin de Jordi Lafebre qui démontrait déjà en 2010, bien avant « Malgré tout » et « Les beaux étés » le talent qui est le sien pour transmettre les émotions.
Cette nouvelle parution est l’occasion de reparler de ce magnifique album et surtout, c’est l’occasion de permettre à ceux d’entre vous qui le souhaitent d’aller découvrir « Lydie ». N’attendez pas la prochaine réédition !
ATTENTION RISQUE DE SPOILERS
C'est d'une lecture en demie teinte, voire d'une déception, que je ressors. J'ai aimé le message de bienveillance délivré, mais malgré tout un point de l'intrigue me chagrine, me dérange tel un grain de sable dans une chaussure.
Ce roman graphique aborde la douloureuse thématique du deuil parental. Lydie est un enfant mort né, sa mère soutenue par son père doit passer l'étape difficile du deuil. Mais, Camille va rester bloquée au stade du déni et va agir comme si Lydie était là, elle la voit, elle lui parle, la berce, la nourrit, la promène.
Si dans un premier temps les habitants du quartier se moquent d'elle ils finiront par la conforter dans son déni, prétendant eux aussi voir Lydie, lui offrant des cadeaux. Après tout Camille est simple d'esprit, il ne faut pas la brusquer en la confrontant à la vérité.
Voilà... C'est ce qui me chagrine, donner l'impression de justifier le déni par le fait qu'elle est simple d'esprit. Et, parce qu'il en est ainsi, la laisser s'enfermer dans un mensonge qui dure trop longtemps, qui donne lieu à des situations absurdes, et créé des situations malsaines.
Chaque étape du deuil est un processus important, tout le monde peut y être confronté et tout le monde doit pouvoir passer le cap.
En général, j'aime beaucoup le travail de Zidrou et Jordi Lafebre. Mais, là, je suis passée à côté de ce qu'ils ont voulu faire, je n'ai pas compris ce qu'ils ont voulu montrer. Je pense que ce roman aurait pu avoir une plus grande charge émotionnelle en accompagnant Lydie dans son travail de deuil.
Alors, j'entends bien que l'histoire se déroule dans les années 30, que les travaux sur les étapes du deuil en sont à leur balbutiement, mais la nécessaire acceptation de la mort a existé bien avant et pour tous.
Pour moi, l'idée de départ est bonne mais traitée trop maladroitement.
J'ai trouvé cette BD par hasard au fond d'un bac à la bibliothèque. J'ai été tentée par la couverture , couleur sépia, et la présentation du couple avec son bébé. Bien m'en a pris, j'ai beaucoup aimé l'histoire de cette jeune femme, un peu différente qui habite l'impasse du bébé à moustaches. Le quotidien de tous les habitants est complètement chamboulé suite à la naissance de la petite Julie. C'est émouvant, plein d'humanité malgré la tristesse du deuil.
J'ai beaucoup aimé.
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Bonjour Regine, votre chronique m'a convaincue! Et hop dans ma pile à lire :-) Cordialement