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Les yeux bordés de reconnaissance

Couverture du livre « Les yeux bordés de reconnaissance » de Myriam Anissimov aux éditions Seuil
  • Date de parution :
  • Editeur : Seuil
  • EAN : 9782021356212
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Invitée à une émission de télévision littéraire en même temps que Romain Gary, la narratrice va faire sa connaissance. Elle est fascinée par cet homme déclinant, génial, désabusé, accumulant des liaisons absurdes pour tromper sa solitude. Le portrait est saisissant, vu par une jeune femme qui ne... Voir plus

Invitée à une émission de télévision littéraire en même temps que Romain Gary, la narratrice va faire sa connaissance. Elle est fascinée par cet homme déclinant, génial, désabusé, accumulant des liaisons absurdes pour tromper sa solitude. Le portrait est saisissant, vu par une jeune femme qui ne veut pas être traitée comme une proie facile. Honnête, la romancière revient sur ce chassé-croisé amoureux et désespéré avec en arrière-fond l'horreur de la Seconde Guerre mondiale. La déportation de son oncle Samuel est la hantise qu'a réveillée en elle la vision du film Le Fils de Saul, reconstitution du gazage de 400 000 Juifs dans les chambres à gaz d'Auschwitz. Et c'est aussi ce qui ramène en mémoire la rencontre du chef d'orchestre roumain qui a fait ses études à l'Académie du Reich et ses débuts à Berlin après la guerre, Sergiu Celibidache. Liée à un violoniste et chef d'orchestre qui a vécu en Israël, Myriam l'accompagne à Munich où elle rencontre et observe le chef génial qui tente vainement d'avoir une liaison avec elle. La troisième partie du livre, la plus bouleversante, raconte l'enquête que fit l'auteur pour retrouver les traces de son oncle grâce à un réseau de recherches Internet, sur des archives mondiales regroupées. Elle parvient à savoir quelle fut la tragédie de Samuel. Ainsi trois destins contrastés se croisent dans les obsessions à la fois douloureuses, lucides, révoltées et caustiques d'un auteur qui ne veut rien oublier.

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Avis (1)

  • La frivolité et la superficialité sont-elles des attitudes adéquates, vraiment dignes lorsque l’on est parente de victimes de la Shoah, et que l’on a pour projet d’écrire ? Myriam Anissimov se trouve dans ce cas. Elle tente dans un très beau récit de formuler une réponse à cette question qui...
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    La frivolité et la superficialité sont-elles des attitudes adéquates, vraiment dignes lorsque l’on est parente de victimes de la Shoah, et que l’on a pour projet d’écrire ? Myriam Anissimov se trouve dans ce cas. Elle tente dans un très beau récit de formuler une réponse à cette question qui marque notre époque de son empreinte depuis 1945.
    Le récit se compose de trois parties, d'intérêt inégal, mais illustrant ce mécanisme déclencheur de la volonté de savoir, et d’appropriation d’un événement. Au départ, c’est la vision du film Le Fils de Saul, évoquant l’extermination de quatre cent mille Juifs hongrois à Auschwitz-Birkenau et le rôle de Saul Ausländer qui décide de donner une sépulture à un adolescent déjà mort. Dès lors, c’est la recherche qui est de rigueur, le positionnement vis-à-vis de l’Histoire, de la Shoah, de la place que cette dernière va inévitablement tenir dans la mémoire personnelle de Myriam Anissimov. La première partie, consacrée à la relation qu’entretient Myriam Anissimov avec Romain Gary, est source de révélations très personnelles de la part de l’écrivain .Il avoue ainsi à Myriam ne s'être jamais remis d’un amour de jeunesse, Ilona, jeune femme qu’il avait revue, à ceci près que cette dernière ne l’avait pas reconnu. Autre découverte de la part de Myriam : la présence d’un revolver au domicile de Romain Gary, l’arme avec laquelle il se suicidera quelque temps plus tard. Dans leurs échanges, le thème de la Shoah est abordé ; l’écrivain lui suggère de mettre « ça » de côté. Pourtant, Myriam Anissimov parvient à convaincre le lecteur que l’amour d’Ilona est peut-être à l’origine de ce geste, mais que le souvenir de la famille de Romain Gary, entièrement décimée, peut y être aussi pour beaucoup…

    Dans la seconde partie, peu significative pour le récit, on retiendra que la rencontre avec le maestro Sergui Celibidache a marqué bien sûr la narratrice par le fait que ce célèbre chef d'orchestre, contrairement à Karajan ou Furtwängler, n’a manifesté aucune complaisance à l’hitlérisme et à ses affidés.
    C’est la troisième partie qui est la plus émouvante : après avoir conduit des démarches auprès d’un organisme allemand, Myriam Anissimov acquiert la certitude que son oncle Samuel Frocht a été gazé à Sobibor en mai 1942 .Déjà, un entretien avec son propre père avait situé son impératif futur : « Papa me demande en yiddish si je comprends ce qu’il vient de me raconter. J’aperçois furtivement des tas de cadavres. Je sens les pulsations de mon cœur dans ma poitrine, je comprends que, désormais, je fais partie de tout ça, DE TOUT CA ! »

    Ce récit n’est pas un livre de plus sur le poids de l'histoire, sur sa nature. C’est un témoignage plein d’émotion et de générosité, qui nous rappelle la proximité du Mal, son omniprésence, son voisinage. La dernière phrase du récit est éloquente à cet égard : « Je me suis approchée de la vérité. Je suis pleine de reconnaissance. Le poison est entré dans mon sang. »

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