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Le temps, premier titre très important publié par andy goldsworthy cours de ces quatre dernières années, célèbre à travers une grande richesse d'oeuvres nouvelles les multiples manières dont son art évoque ou est informé du passage du temps.
Goldsworthy s'intéresse essentiellement au temps tel qu'il est rendu manifeste par l'évolution de la nature - " mouvement, changement, lumière, croissance et altération sont l'âme de la nature, les énergies que j'essaie de faire passer à travers mon travail. " a l'origine, ses oeuvres, qui étaient surtout éphémères, parlaient principalement d'un endroit précis à un moment donné. petit à petit, cet horizon s'est élargi pour englober des références à l'histoire d'un lieu ou d'un paysage et la reconnaissance qu'une oeuvre change tout en se désintégrant.
Maintenant, de plus en plus c'est l'avenir d'une oeuvre que goldsworthy a en tête, l'idée que son achèvement marque le début de sa vie, le commencement d'un voyage.
Parfois, l'aboutissement d'une oeuvre est activement anticipé, rendu possible par une connaissance approfondie de son évolution naturelle : le flanc d'une colline écossaise couvert de neige laisse découvrir une grande ligne formant un rectangle de neige compactée, qui devient de plus en plus forte au fur et à mesure que la neige environnante fond, jusqu'à ce qu'elle fonde elle aussi ; des murs ou des sols d'argile, qui doivent sécher et se craqueler, révélant à l'occasion les formes invisibles qu'ils renferment.
D'autres sculptures sont réalisées avec aucune autre certitude que celle des éléments, la croissance des plantes et des arbres ou l'intervention des gens ou des animaux, qui détermineront leur avenir - côté imprévisible que goldsworthy anticipe en revenant voir une oeuvre pour en découvrir la progression ou le destin, chose aussi importante que la réalisation même de l'oeuvre. d'autres sont destinées à certains moments du jour ou de la nuit : une structure de glaçons reformés est faite pour les premiers rayons de soleil du petit matin, une structure de branches enveloppe un rocher, à moitié ouverte le jour et fermée la nuit, et certaines oeuvres ne sont possibles que par une certaine température, avec une certaine humidité ou un certain vent.
Le livre s'organise autour de six lieux oú goldsworthy a travaillé au cours de ces dernières années - le semi-désert de santa fe, le paysage verdoyant de l'état de new york oú se trouve l'université de cornell, la nouvelle-ecosse, la forêt et la région côtière de la hollande, une réserve géologique dans le sud de la france et, bien sûr, la région oú il vit, dans le sud-ouest de l'ecosse. le journal de l'artiste nous propose une approche particulièrement riche de ses méthodes de travail ; il nous raconte ses échecs aussi bien que ses succès et évoque de manière vivante ses façons de se familiariser avec un nouveau lieu et de commencer à le " toucher ".
Une savante chronologie parfaitement illustrée, réalisée par le professeur terry friedman, nous résume l'ensemble de la carrière de goldsworthy et nous montre, entre autres choses, comment certaines formes ont besoin de nombreuses années pour se développer entièrement.
Avec une abondante sélection de plus de 500 illustrations, le temps va devenir la source indispensable de toute référence à la sculpture de goldsworthy.
Andy Goldsworthy (1956 - ) est un sculpteur britannique qui est souvent associé à la tendance du Land Art. En effet, il intègre ses créations à base d'éléments naturels (pierre, terre, sable, éléments végétaux) dans des environnements naturels (paysage) ou urbains (plus rares). Son travail est éphémère ou est faussement durable ; en tout cas, il est toujours évolutif.
Anthèse consacre un quatrième volume à l'œuvre de Goldsworthy et met parfaitement en évidence la conjonction de différentes formes de temps, comme dans un grand nombre d‘œuvres du Land Art. Il y a d'abord Le Temps géologique, celui de la formation de ce paysage minéral dans lequel s'inscrit l'œuvre (pensez à la Spiral Jetty de Robert Smithson). Puis Le Temps de la légende, celui des cosmogonies, celui des créations à partir d'un peu d'argile et d'eau du premier homme, ou du Golem. Ensuite, celui de l'archéologie, celui des murs de pierres sèches, des cairns, des monticules de sable (pensez aux œuvres de Charles Simonds). Et, enfin, Le Temps présent, celui de l'expérience déployée dans l'instant et dans la durée.
Si bien que l'érosion, la submersion, la dégradation, la destruction, loin de bouleverser le projet, semblent bien au contraire parachever des œuvres placées sous le signe de l'entropie.
La qualité des photographies, des reproductions des dessins préparatoires nous permettent un rapport intime à la création de réalisations depuis longtemps disparues. Elles n'étaient que poussière et sont retournées à la poussière.
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