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Elle a un mois pour reconquérir sa liberté.
Actrice et humoriste, Roukiata Ouedraogo est l'auteur de Du miel sous les galettes, son premier roman (Slatkine &Cie, 2020), repris chez Pocket. Chroniqueuse sur France Inter (C'est encore nous), ambassadrice de la francophonie, Roukiata est surtout une très grande conteuse.
Dans son nouveau roman, qui se déroule dans un petit village qui ressemble à celui où elle a passé son enfance, la romancière raconte l'histoire de Moussa le malchanceux dont l'unique champ est piétiné par du bétail, et qui meurt ensuite, deux fois foudroyé. Saly, sa jeune veuve, mère de deux enfants, femme libre et moderne, décide de s'affranchir d'une règle ancestrale commune aux religions du Livre : l'obligation d'épouser un des frères du défunt, ou, à défaut, d'être reniée. Son beau-père lui laisse un mois pour se décider.
Ce roman est l'histoire de ce mois d'affranchissement et d'émancipation, le cheminement de Saly vers la liberté.
On ne le dira jamais assez, la littérature africaine est dynamique et évolue constamment. Avec le petit mari, nous sommes face au poids de la tradition et à la condition de la femme. Lorsque Saly perd son mari frappé deux fois par la foudre, elle doit se plier à la tradition qui veut qu'elle épouse un des frères de son mari, sous peine d'être bannie si elle refuse. Saly demande un mois de réflexion avant de prendre sa décision. J'ai adoré ce court roman, où la voix de la femme est portée avec intelligence et fierté. On y parle de la condition féminine, de l'excision, de la soumission aux règles des hommes et de la religion. On navigue aussi entre les traditions culturelles anciennes et la modernité. Heureusement le personnage de Saly est celui d'une femme forte qui sait ce qu'elle veut mais surtout ce qu'elle ne veut pas. A sa façon elle va réussir à redéfinir le rôle traditionnel de la femme. On est loin de la lutte pour l'égalité des sexes telle qu'on peut la porter en Europe, ici tout se joue en sous-main. Suivre la tradition ne devrait pas être une contrainte, avoir la possibilité de donner son consentement librement et de prendre des décisions autonomes sans répercussions négatives pour la femme devrait être la priorité mais, il ne faut pas rêver. Il faudrait toujours examiner les pratiques qui restreignent le choix des individus à la lumière des droits humains fondamentaux. La courte histoire de Saly redonne de l'espoir car la question est traitée avec sensibilité et respect. Une écriture et un style coloré, qui donnent la mesure du talent de griotte de l’auteure. On ne peut que prendre du plaisir à lire et à écouter la mélodie qui se dégage des phrases. Une bouffée d'une autre culture, d'un autre monde, d'une autre époque de quoi donner à la ménagère de plus de cinquante ans que je suis beaucoup de bonheur. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2023/09/16/40028400.html
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