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Le paysage sublime trouve, semble-t-il, son origine dans le lieu d'horreur antique (« locus horridus », « locus horribilis ») qui s'oppose au lieu de plaisance (« locus amoenus ») comme la nature sauvage contredit le jardin d'agrément. Le paysage d'horreur, en tant qu'expression d'une nature irrégulière, voire déréglée, devient le lieu même du paysage romanesque à la fin du XVIIIe siècle.
Dans sa redéfinition du sublime comme expérience, le romantisme développe davantage une poétique du paysage qu'une topique des lieux communs du sublime naturel : puissance chaotique (le volcan, la cataracte, l'orage ou la tempête) ou représentation de l'infini (Dieu, la mer, la montagne). Cette poétique se développe plutôt dans le sens de la magnificence en tant que beauté du sublime (la nature sauvage), sublimité du beau (le paysage grandiose) et synthèse naturelle entre beau et sublime, mais aussi comme espace de négativité où le paysage se sublime dans une rêverie extatique qui l'accomplit et l'anéantit dans le même mouvement de pensée. Le sublime lui permet aussi de concevoir une métaphysique de la nature comme apocalypse du paysage, révélation de l'impossible (le fantastique), du possible (le nocturne), et expérience des limites par la contemplation des états-critiques du paysage (l'aurore, le crépuscule). C'est ainsi que le paysage sublime devient un mode de connaissance de la nature qui se développe comme dépassement des lois de la raison instrumentale, de la représentation (l'indétermination), du principe d'individuation (l'indistinction), et de non-contradiction (le paradoxe).
Ainsi, les éléments de ce sublime romantique du paysage peuvent se définir essentiellement comme expression de l'indétermination : transfiguration de la description en apparition ou en vision et subversion de la représentation par le débordement du cadre descriptif et la désorientation sensible des plans et des points de vue. Cette poétique du paysage trouve son écho dans la poétique du personnage, et notamment dans la figure du héros romantique en quête d'une fondamentale indétermination, d'une liberté inconditionnelle et radicale. Pour le romantisme, le paysage naturel n'est donc pas étranger à l'investissement éthique ou la contemplation métaphysique, c'est même au sein de cette grande nature correspondante à sa démesure que l'homme romantique va se définir comme élan génial et enthousiaste, comme révolte (selon un sublime du mal et du malheur) ou comme renoncement (abnégation, résignation, repentir).
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