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Après Djann et Tchevengour reparus chez Ginkgo, voici encore une fable de Platonov, une des plus puissantes et des plus troublantes aussi. Le Grand Chantier (« Kotlovan ») est l'oeuvre la plus incisive de Platonov. Dix ans après la fin de Tchevengour, les gueux qui se rêvaient bâtisseurs du communisme creusent interminablement les fondations de la "maison de tous les prolétaires", tandis qu'engraisse le pouvoir anonyme personnalisé par les apparatchiks. Le monde nouveau apparaît ici sous un jour terrible et grotesque. Au centre le héros platonovien de toujours, ici nommé Vochtchev, gueux errant qui va cherchant la vérité de village en village, un déraciné au coeur « entouré d'os durs et pierreux » mais qui collectionne avec amour tous les objets abandonnés et inconnus, un amoureux des décombres. Ce gueux platonovien, comme toujours malade du rêve socialiste de bonheur, doute autant que Makar. Il travaille dans un « artel » qui bâtit le palais du socialisme. Mais ce palais, comme tant d'entreprises humaines, est un rêve avorté : la fouille s'agrandit, démesurée, insensée... mais pour quel édifice? Vochtchev doute que les demeures et palais fassent le bonheur des hommes, car « la vie recule là où grandissent les constructions ». Cette fouille gigantesque et symbolique, en bordure de la Ville, rassemble une humanité de fabiliau : le prolétaire à la force légendaire, l'ingénieur mélancolique, le délateur-né prêt à devenir le bureaucrate féroce, l'estropié, et l'ours, l'ours du peuple, des contes et des légendes. Le palais dont on creuse les fondations sera pour les enfants, mais au kolkhoze voisin la lutte sociale rougeoie comme un bûcher : des imposteurs et des despotes surgissent et tombent, les radeaux de victimes voguent au fil de l'eau et le peuple à la forge continue de trimer... et les enfants meurent. La fable se fait récit sombre et violent. Les gros-plans expressionnistes de Platonov atteignent ici au maximum de leur force philosophique. Une ironie féroce, de saisissants éclairs de poésie et de violente stylistique, un propos de visionnaire donnent à Platonov une dimension et une portée universelles. Écrit entre décembre 1929 et avril 1930, Le Grand Chantier avait magnifiquement été traduit par Jacqueline de Proyart aux éditions de l'âge d'homme en 1972, sous le titre La Fouille. Elle est ici complétée des parties censurées qui ont été découvertes à la fin de l'Union soviétique. L'auteur : Andreï Platonovitch Platonov (pseudonyme de Klimentov), né en 1899 à Voronèje. D'abord fervent partisan de la Révolution, ses écrits se font de plus en plus ambigus, se heurtant à la censure et à Staline lui-même. Il meurt en 1951 à Moscou, presque oublié de tous.
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