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Martin est un comptable idéaliste, naïf et solitaire dont les seuls visages familiers sont ceux de sa boulangère et du clochard du quartier. Il aime regarder la pluie tomber, marcher dans les rues de sa ville, espérant faire une rencontre amicale ou amoureuse qui changera sa vie.
En attendant il passe son temps à nouer des amitiés imaginaires, partageant ses états d'âme avec la grand-mère d'Odette ou Martine, l'héroïne d'un film qui le fascine. On se prend alors à rêver avec lui, à espérer qu'il croisera bientôt en chemin de véritables amis. Peut-être la jeune femme qui lui demande de s'occuper de sa comptabilité ? Peut-être ces inconnus rencontrés par hasard dans la rue ?
Avec ce roman, Isabelle Minière explore le thème de la solitude à travers les yeux d'un personnage lunaire et attachant, un peu comme Baptiste des Enfants du paradis. Au fil des pages son espoir se fait contagieux : il n'est pas du tout à l'abri de bonnes surprises...
Cet après-midi, ma mère a fait une chute. C’est la deuxième fois depuis le début du mois. » C’est par cette phrase anodine que j’entre dans la maison où cohabitent la mère et la fille. La maison ? Située dans un petit village où les commérages vont bon train. « On dit que le père Bavin se tripote quand ses filles invitent des copines à la maison. Une petite voisine affirme l’avoir vu se secouer sa bite devant la grande baie vitrée du salon. Elle a précisé : comme si elle lui faisait mal. » On sent la mainmise de la mère, genre tatie Danielle, sur sa fille qui est totalement dépendante financièrement d’elle. Aucun amour dans cette relation, mais pas de haine non plus. Cette cohabitation va cahin-caha comme leurs démarches « Plusieurs fois par semaine, elle chausse ses godillots, attrape sa canne de la main gauche, mon bras de la mais droite et nous voilà parties toutes les deux sur la route du village, cahin-caha. » jusqu’à ce que le Garçon fasse son apparition. Oui, le Garçon rencontré sur la fête foraine au stand de tir. Une véritable énigme dont l’auteur ne dit presque rien, mais qui emplit la vie des deux femmes, qui attise une haine qui sourd de tous leurs mots jusqu’au dénouement final, imprévu mais… quelques indices…
Olivia Resenterra explique, ne prend pari pour personne, raconte la vie. Les dialogues entre les deux femmes, l’air de rien, sont assez cruels « Vous savez, les idées, c’est moi. Ma fille, elle, elle exécute. » et font bien ressentir l’ascendant de la mère et l’animosité croissante entre les deux femmes J’ai été happée par ce livre lu d’une seule traite.
Un très bon premier roman
Deux femmes, la narratrice et sa mère, dans une petite ville de province, vivent sous le même toit et trouvent dans chaque moment du quotidien matière à s'affronter. Les remarques perfides de la mère semblent rebondir sur sa fille qui cache sa colère sous une impassibilité fragile. On ne sait de quoi se nourrit cette haine, ni si elle n'est qu'une forme dévoyée de l'amour maternel. Les dialogues claquent pour souligner les innombrables petites verrues de chaque jour et se teintent d'une acrimonie acerbe. Une rencontre improbable avec un jeune garçon vient rebattre les cartes d'une relation mordante.
Très factuelle, la narration se concentre sur les infimes détails d'une vie épuisée de banalité. Dépouillée jusqu'au décharnement, l'écriture laisse une sensation d'étouffement, de lente asphyxie qui devient rapidement inconfortable. Une fin en suspens laisse au lecteur toute latitude pour combler les vides.
Ce bref premier roman m'a laissé une sensation de malaise diffus, dû à son sujet comme à son traitement. Il a néanmoins suscité mon intérêt pour un auteur à suivre.
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