"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans ce quatrième volume de son autobiographie, Thomas Bernhard, après avoir une nouvelle fois songé à s'abandonner à la maladie, reprend néanmoins la lutte. Observateur impitoyable, il porte témoignage contre l'injustice du destin, la tyrannie et la suffisance des médecins incompétents, l'injustice dans le traitement des malades. Dans ses longues heures d'immobilité il cherche à élucider le mystère de sa personnalité, la part qui revient à ses ancêtres et surtout à son père, un mauvais sujet, dont il ne saura jamais rien. Sa passion pour la musique contribue à son rétablissement. Un jour les médecins de Grafenhof lui accordent le droit de sortie. Les règlements sanitaires et les soins exigés par son état lui interdisent d'être employé dans un commerce. D'être chanteur, il n'est plus question. Il lui faut écrire ou mourir. Il s'agit là plus que d'un simple récit de l'odyssée d'un malade d'hôpital en maison de convalescence et en sanatorium. Thomas Bernhard est un révolté, révolté contre le fait d'être au monde, révolté contre l'arbitraire et l'indifférence des possesseurs du pouvoir médical, révolté contre l'inégalité dans la maladie. Seules la musique et l'écriture le rattachent à la vie, et cette sombre période de son autobiographie est non seulement un tableau du monde des sanatoriums et des hôpitaux mais une école de volonté. Cette «Montagne magique» d'un pauvre laisse une impression inoubliable grâce à la forte personnalité d'un écrivain qui écrit une langue inimitable.
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