"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De Berlin aux îles Kouriles, de la collectivisation de 1930 aux répressions de l'après-guerre, nous suivons les héros du dernier roman de Vladimir Maximov à travers les convulsions qui secouent la Russie. Maximov mêle tous les genres, de la blague que l'on se raconte entre amis à la Bible; tous les styles, de l'argot des camps à l'encyclopédie; tous les milieux, depuis le Kremlin où nous pénétrons les pensées de Staline, dont l'auteur dresse un portrait saisissant, au buffet de gare où des ivrognes battent à mort un jeune gars. Dans cette fresque riche en événements nous voyons surgir, autour des deux personnages principaux, le juste et le traître - originaires tous deux, comme l'auteur du roman, de la région de Toula, de la Russie centrale, de la Russie profonde -, une multitude de personnages, depuis le Christ jusqu'à Judas. Car il ne faudrait pas voir dans ce livre un roman politico-historique de plus. Même si la trame en est l'histoire de la Russie et les destinées de son peuple, elle s'organise en un contrepoint savant avec la Bible. Et c'est la Bible, soit citée directement, soit reracontée, soit évoquée, qui donne au livre toute sa portée et sa profondeur. Comme tous les grands romans russes, L'arche des non-appelés ne se contente pas de nous raconter une histoire, si passionnante qu'elle soit, mais nous aide à réfléchir sur tous les grands problèmes que nous pose le monde.
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