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Simon Bacamarte, aliéniste diplômé, s'installe dans une paisible bourgade brésilienne et, au nom de la science, fonde un asile d'aliéné. Il classe d'abord et enferme tous les lunatiques, mais son emprise sur la cité déclenche un mécanisme diabolique qui va atteindre la totalité de la population Avec ce savant en délire, Machado s'attaque avec humour aux dogmatismes scientifiques et politiques.
En cette fin de 19ème siècle, le docteur Simon Bacamarte revient dans sa ville natale d’Itaguaï, à quelques encablures de Rio de Janeiro. Fort des nouvelles connaissances qu’il a acquises en Europe et de son diplôme d’aliéniste, il porte désormais un regard aigu et assuré sur les choses de l’esprit humain, en particulier sur la folie : il y a la folie et il y a la normalité. Bardé de son savoir, il convainc les autorités locales de construire un asile, la Maison Verte, où seraient internés et soignés les aliénés de la ville. Un projet jugé louable, responsable et progressiste, donc aussitôt accepté. Et aussitôt pris en charge, les malades mentaux et autres coupables de comportements anormaux. Premier accroc dans la belle théorie : qu’est-ce donc que la normalité ? Manifestement, aux yeux du bon docteur, beaucoup d’habitants de la ville en manquent, et sont donc internés illico. Y compris son épouse, qui développe une « passion anormale » pour le luxe. A ce rythme, c’est plus de la moitié de la population qui séjourne gracieusement à la Maison Verte. D’où le deuxième couac : si les fous sont majoritaires, c’est que la folie est normale, et qu’il faut donc enfermer les gens raisonnables. A force de telles aberrations, troisième hic : la population se révolte et marche sur la Maison Verte comme sur la Bastille, prend le pouvoir de force, ce qui est complètement fou, de sorte qu’elle doit être internée.
D’un retournement à l’autre, le docteur Bacamarte réalise que sa théorie ne se vérifie pas en pratique, que la folie n’est pas unique mais multiple, qu’on peut être fou et normal, en même temps ou pas, et dans une infinité de proportions. Il en arrive à la seule conclusion sensée de son expérience : peut-être est-ce lui qui est fou…
Conte philosophique jubilatoire, écrit à une époque où la science prend le pas sur la religion, « L’aliéniste » pose la question de la définition de la folie mais aussi celle de l’usage des hôpitaux et autres expérimentations psychiatriques lorsqu’ils tombent aux mains de personnes moins préoccupées de santé mentale que de leurs propres intérêts et ambitions de pouvoir, politique ou économique… Le bien, le mal, la folie, la raison, l’arbitraire et le libre arbitre, des questions vertigineuses ramassées dans ce tout petit roman ironique et brillant.
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