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Lena Rochat a huit ans, douze ans, quinze ans. Elle grandit sous les soins et le regard de Victor Julius Lehmann de Calberère, l'homme qui l'a enlevée et la séquestre chez lui, dans la vieille buanderie désaffectée, au sous-sol.
Ensemble, le soir, ils entonnent cantiques et louanges. Mais pour qui Lena chante-t-elle vraiment? Pour Dieu, ou pour Victor?
Car Victor est son Dieu. Et d'un rapt, elle vit un ravissement, au sens chrétien du terme.
La Suissesse Anne-Sylvie Sprenger est l'auteur, chez Fayard, de Vorace (2007) et de Sale fille (2008). Troublée par le récit d'anciennes victimes d'enlèvement, elle explore les liens secrets qui les unissent à leur agresseur et interroge notre propre fascination face à ces faits divers. Qui persécute vraiment ces victimes ? Leur seul bourreau présumé, ou bien nos certitudes, qui jugent et condamnent sans savoir ?
Tout petit roman dérangeant, par le thème abordé bien sûr, mais surtout par le parti pris de la romancière de faire de ce rapt une histoire d'amour. Elle pousse à fond le fameux "syndrome de Stockholm" rendant Lena amoureuse et vraiment dépendante de son ravisseur. Qui au final, pendant ces dix années a profité de l'autre ?
Certes, Victor en se rendant coupable d'un enlèvement et de l'enfermement d'une fillette devenue femme a débuté les hostilités. En l'empêchant de sortir, il en a fait "sa chose" qui, au lieu de lui en vouloir, l'adule. Mais Lena contraint Victor à une histoire d'amour physique, lui qui recherche la pureté des corps et donc l'absence de relation charnelle.
Librement inspiré de la célèbre histoire de Natascha Kampusch, le roman de Anne-Sylvie Sprenger explore les troubles de l'attachement et notre fascination pour les faits divers.
Néanmoins, après ces critiques positives, je dois dire que je crois être passé un peu au travers de cette histoire. Pas vraiment passionné par ces personnages, comme je ne l'avais d'ailleurs pas été pour Natascha Kampusch et son ravisseur. Peut-être mon indifférence au fait divers dirige-t-elle mon manque d'attrait pour ce livre ? J'aurais préféré que l'auteure noircisse un peu plus des nombreuses pages blanches présentes dans son roman, pour épaissir encore ses personnages.
Et puis, je finis par croire que je suis allergique aux fins de livres ou de films : Anne-Sylvie Sprenger finit par une espèce de pirouette inattendue, mais pas totalement imprévisible tout autant inutile à mon sens que caricaturale.
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