"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Je viens de faire un formidable voyage en Inde grâce à ce roman de Kate McAlistair que je découvre en même temps. Et je suis ravie de cette découverte. J'ai toujours eu un faible pour ce pays, j'aime ses couleurs, ses odeurs, ses rites, ses multiples divinités. Je suis bien entendu consciente aussi de leurs conditions de vie souvent très dures, de leurs pauvretés, mais j'aime tellement leurs visages avec un beau sourire bien souvent greffé dessus. J'ai fait, grâce à ce roman, une immersion totale dans ce pays.
Tout commence avec le départ d'Angleterre en bateau en destination de Calcutta. On y fait la connaissance de Jezebel, elle est toute jeune, 16 ans, est malheureusement orpheline. Elle fait partie de l'aristocratie anglaise, son tuteur, Michael Deckard, vit en Inde où il décide de la faire venir car il l'a promise en mariage à un baron allemand, Otto von Rosenheim. Ce mariage devrait amener des fonds nécessaires à Michael Deckard pour financer ses recherches archéologiques en Inde au sujet d'une cité disparue. On est au début du vingtième siècle, en 1918, et à cette époque, les jeunes femmes étaient encore mariées pour des arrangements financiers et on ne leur demandait surtout pas leur avis.
Pendant son voyage en bateau, elle va rencontrer un jeune homme américain, Jan Lukas qui part lui aussi en Inde avec son ami, tous deux sont des aventuriers. Jezebel va vite tomber sous son charme, et ceci sera réciproque. Ils vont passer leur temps à se chercher mutuellement. Jezebel se liera aussi d’amitié avec une aristocrate russe, la duchesse Olga Obolenski, qui va l'aider sur le bateau, mais aussi en Inde.
Une fois arrivée dans ce pays, Jezebel va rencontrer son futur époux et elle va se rendre compte que celui-ci est violent, un rustre, il trafique de l'opium avec ses plantations. Elle se rend compte qu’un mariage avec cet homme est pour elle impossible. Surtout qu'entre deux elle fait la connaissance d'un jeune Indou d'une grande gentillesse et sensibilité. Le cœur de Jezebel est divisé entre Jan et Charu, elle les aime tous deux, peut-être différemment, mais elle s'en rendra compte assez tard. Jezebel va vivre de nombreuses aventures, avoir beaucoup de désillusions, vivre des drames, elle a cette force en elle qui fait qu'elle se relève à chaque fois.
Suivre cette jeune fille a été très enrichissant. Je sais en commençant ce roman qu'il va s'agir d'une saga puisque c’est une trilogie, je me suis dit que je verrai en lisant le premier tome si je continue, et je peux vous dire que je vais vite lire le second tome.
J'ai beaucoup aimé Jezebel, je me suis très vite attachée à elle. Elle est toute jeune, je me sentais un peu comme une mère pour elle, et j'avais très envie de l'aider ou de la réconforter. J’avais parfois envie de la réprimander lorsqu'elle prenait des décisions un peu loufoques où je voyais qu'elle allait se mettre dans le pétrin. Elle peut sembler parfois naïve, mais il ne faut pas oublier qu'elle n'a que 16 ans, qu'on est au début des années 20, qu'elle n'a plus de parents et donc plus personne pour l'aider, et qu'elle va changer de pays, de culture. Quand on réalise tout ça, on se dit plutôt qu'elle est bien courageuse. On voit ça, nous, avec notre regard de femme moderne, avec un siècle supplémentaire qui a vu la libération et beaucoup de changements dans la vie des femmes. Il ne faut pas oublier et toujours remettre dans le contexte des années et social.
Jezebel est une jeune fille que l'on va voir grandir et se transformer en femme, j'ai vraiment eu envie qu'elle s'en sorte. Il va lui arriver plein de péripéties et d’aventures, elle n'est pas au bout de ses peines. L'homme à qui elle est promise est un être odieux, que j'ai tout de suite détesté, lui n'a aucune circonstance atténuante. C’est le seul personnage que je n'ai pas aimé. Et je pense qu'il a fait cet effet chez beaucoup de lectrices. Par contre, j'ai beaucoup aimé les deux autres personnages masculins, différents dans leur origines, mais tous deux très sensibles et pleins de charme.
L'attachement à Jezebel se fait dès les premières pages et ce malgré une narration à la troisième personne qui n'est pas celle que je préfère habituellement, mais j’ai toutefois ce choix très judicieux car il m'a permis aussi de garder une certaine distance avec les émotions qui sont parfois très fortes. Je me suis sentie comme un personnage assistant Jezebel dans sa vie de tous les jours. J'ai vraiment eu l'impression que ces personnages existaient réellement, je les voyais évoluer devant mes yeux, ceci grâce au très bon style de Kate McAlistair. On alterne entre des moments remuants et des plus calmes, des phases d'action et de descriptions. Celles-ci sont nécessaires et je n'ai pas trouvé qu'elles amenaient de longueurs dans le récit. C’est important pour ressentir l'ambiance de l'Inde, pour montrer ses couleurs, ses odeurs, j'ai trouvé que l’autrice le faisait avec beaucoup de délicatesse. Moi en tout cas, j'ai adoré et j'ai trouvé que l'autrice avait une façon de décrire très visuelle, et je verrais très bien cette saga adaptée au grand écran.
En plus de tout cela, l'autrice a également très bien su mettre son récit dans son contexte historique. C’est une période que j'aime beaucoup, c’est le début des révoltes des Indous pour leur indépendance face au colonisateur anglais. On commence à entendre parler de Gandhi. C’est un personnage que j'admire, j’ai étudié ses actions pendant mes années de lycée, j'ai lu plusieurs biographies de lui, et j’ai fortement apprécié de le retrouver ici.
Je ne peux d'ailleurs que féliciter Kate McAlistair pour sa précision et sa grande rigueur dans les faits, elle a dû effectuer un travail de recherches en amont considérable. Elle en parle d'ailleurs dans ses remerciements, elle a pu avoir accès à la bibliothèque de l’ambassade de l'Inde à Paris, ses grands-parents ont vécu en Orient, elle a grandi avec leurs récits de voyage, avec les photos qu'ils ont ramenées, je pense qu'elle était prédestinée pour écrire un beau roman avec ce pays en toile de fond.
Je pense que vous l'aurez compris avec la taille de cette chronique, mais j'ai vraiment adoré ma lecture, je pense qu’on peut parler de coup de cœur. Je n'ai pas vu passer les 850 pages, je les ai lues dans le cadre d'un challenge où on lisait quelques chapitres par jour, j'avais hâte d’être le jour suivant pour lire les prochains chapitres. L’histoire est très immersive, et ce dès le début. J'ai eu d'ailleurs beaucoup de mal à quitter tout ce petit monde et cette ambiance. Heureusement, j'ai le second tome dans ma bibliothèque, je vais très vite pouvoir rejoindre Jezebel et voir ce qu’il va lui arriver ensuite. La fin est très jolie et pleine d'espoir, mais j’ai peur qu’il y ait à nouveau plein d’embûches sur son chemin dans la suite. Car je ne vous l'ai pas encore dit, mais l'autrice ne ménage pas ses lecteurs, elle fait souffrir ses personnages, les fait disparaître, à un certain moment, j'ai été très surprise et triste, je crois que j'ai râlé après elle ! C’est une lecture très vivante.
Si vous aimez être dépaysés dans vos lectures, que vous aimez voyager, que vous aimez être emportés dans un récit romanesque avec des personnages forts, alors n’hésitez pas à lire et découvrir ce début de saga. Je me suis régalée et je vous le recommande chaudement.
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