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La vache

Couverture du livre « La vache » de Guennadi Gor aux éditions Noir Sur Blanc
Résumé:

Avec La Vache, c'est un monde inhabituel d'images et de représentations qui s'ouvre au lecteur francophone. Le roman traite pourtant d'une période historique connue, celle de la collectivisation et de la dékoulakisation (1929-1930) ; un épisode tragique, qui allait coûter à la Russie des... Voir plus

Avec La Vache, c'est un monde inhabituel d'images et de représentations qui s'ouvre au lecteur francophone. Le roman traite pourtant d'une période historique connue, celle de la collectivisation et de la dékoulakisation (1929-1930) ; un épisode tragique, qui allait coûter à la Russie des millions de vies et faire peser sur son agriculture un handicap que le pays subit encore. On est cependant loin de la peinture qu'en fait Guennadi Gor. Ici, un activiste venu de Leningrad, le camarade Molodtsev, a abandonné la peinture pour « aller au peuple» et aider les masses paysannes. La collectivisation
y est présentée comme la victoire du Nouveau contre l'Ancien : elle se fait dans une atmosphère enthousiaste, portée par les enfants qui y jouent un grand rôle. L'agriculture « moderne », rationnelle et mécanisée, est l'objet d'une vibrante célébration. Et tandis que les koulaks et les représentants des anciennes classes dirigeantes (Église, noblesse) sont caricaturaux à souhait, une paysanne illettrée, Katerina, parvient à elle seule à réorganiser l'élevage entier du kolkhoze.
Véritable « conte soviétique », le roman reprend toute l'imagerie de la révolution et transmet toute la jubilation propre à l'utopie. Si son message idéologique paraît aujourd'hui insupportable, sa qualité littéraire est indéniable. La peinture y est omniprésente, par un minutieux travail sur les formes et les couleurs. Roman pictural, « roman-tableau », série de vignettes naïves, il évoque les fameuses « Fenêtres Rosta » de Vladimir Maïakovski, images de propagande réalisées par les meilleurs artistes du temps à l'intention d'une population qu'il fallait convaincre ou rééduquer rapidement. Puis le
tableau s'anime, et la fin devient toute cinématographique, évoquant irrésistiblement les films d'Eisenstein.
Ce récit, Guennadi Gor refusa cependant de le publier et ne le montra à personne. L'esthétique qui le caractérise risquait de lui attirer les foudres des autorités et, à partir des années 30, l'accusation de formalisme équivaudrait à une sentence de mort.

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