Des idées de lecture pour ce début d'année !
Cette histoire est née au bord d'une rivière, alors que regardant l'eau qui dévalait, je me disais qu'elle n'était jamais la même. Elle s'écoule, elle nous renvoie à l'éphémère.
Ce roman nous conte les relations et les non-dits d'un groupe de femmes qui s'isolent dans un chalet afin de vivre une passion partagée, la pêche à la mouche. Leurs retrouvailles sont comme un rituel dont l'auteur joue pour raconter leurs solitudes dans toutes ses conjugaisons, mais aussi leurs choix, leurs résistances et mensonges, leurs violences. En quête d'apaisement, au fil de l'eau, elles tentent de se retrouver. Une tension plane sur ce week-end là, où la vie et la mort affleurent plus qu'à l'ordinaire. Pour certaines, ce sera l'occasion d'en sortir plus lucide.
Frédérique Dolphijn explore une écriture au plus proche de l'intimité de ses personnages, qui entretiennent un lien fort à une nature qui les porte, les dépasse et leur donne aussi la force de vivre. Une écriture imagée qui, par petites touches atmosphériques, emmène le lecteur dans un univers quasi cinématographique.
Jeudi, vendredi : Olivia, Sophie, Georgia, Fanny, Lucie vaquent à leurs occupations. L’une s’agite pour sa campagne électorale, l’autre fabrique des cadres dans son atelier, une troisième se bat pour que son mari garde les filles ce week-end.
Elles sont les Women Fly Fishing et vont se retrouver comme d’habitude au chalet de pêche. Elles ne louperaient ce rendez-vous pour rien au monde ! Enfin une pause pour oublier un quotidien pas toujours terrible, des soucis qui vous rongent l’âme, lentement mais sûrement….
Pêcher, ça vide la tête. Elles en ont besoin ! Ah, le grand air ! Et puis, on rit avec les copines…
Enfin toutes réunies ! Ouf ! Elles déballent leurs affaires et s’installent au chalet. Le week-end peut enfin commencer. « Elles entrent dans un autre rythme, un autre temps, un autre espace. Il y a quelque chose de fascinant à les voir se transformer, comme lorsque l’on se prépare pour un bal masqué ou une première d’opéra. »
La rivière gronde, « les herbes hautes, les graminées éparses, les amorces de digitales et d’épilobes frôlent les jambes et le bord de l’été. »
Se taire, s’imaginer « algue au fond de l’océan se laissant traverser par la fluidité de l’eau », oublier qui l’on est, se laisser porter…
Georgia murmure « Vous devez devenir eau, vous devez devenir poisson, vous devez devenir ciel et rivière. »
Silence.
« Le temps plane au-dessus des flots. Il y a de la grâce, il y a de la magie. Les soies dessinent des arabesques. Une écriture s’inscrit dans les airs, des hiéroglyphes racontent. »
Mais l’apaisement ne vient pas.
« Les solitudes rôdent les unes collées aux autres. »
Les non-dits, les violences contenues, les mensonges étouffés, les souffrances tues et refoulées refont surface. Olivia vomit. Fanny détourne le regard. Le bruit de la tronçonneuse « la percute, la déchire », Georgia pense à son fils. Elles pleurent, dissimulent leurs blessures et leur haine…
« La nuit, elles rêvent d’assassinats, de tortures, elles trouent le corps des autres, elles les lacèrent. »
La tension est de plus en plus palpable. « Un coup de tonnerre, proche. »
Comment trouver les mots pour traduire les émotions que j’ai ressenties à la lecture de ce livre ? L’écriture poétique et sensuelle m’a littéralement envoûtée, je me suis sentie intimement liée à ces femmes, dans leurs douleurs intimes, leur solitude profonde au milieu de cette nature à la fois apaisante et hostile. J’ai fait corps avec elles. La tension m’a tenue jusqu’au bout, prisonnière que j’étais du drame imminent, pressenti et redouté.
Un texte vraiment éblouissant, accompagné de références musicales dans les marges pour un plaisir total, absolu…
SUPERBE !
Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."