"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« C'était la coutume, quand il y avait un étranger qui arrivait, de l'emmener voir la Grande Dora qui savait toujours ce qu'il convenait de faire après l'avoir jaugé. ».
Chaque année, le 15 août, ils se réunissent pour le pèlerinage de Lourdes. Ils ? Une communauté d'irréductibles gitans, habitée par les légendes, le goût de l'ailleurs, l'appétit de vivre. On trouve parmi ces funambules de l'improbable Dora la Magnifique aux pouvoirs divinatoires qui veille sur le clan avec Amos, le père Genepi et sa compagne, Theresa la Harpie, mais encore Miguel, Livio, Sara, et puis l'Etranger qui, le temps d'un été, marquera à jamais les mémoires.
Céline Laurens restitue avec un bonheur d'écrire jubilatoire cet univers rebelle aux normes, qui fascine et interroge toujours. Elle lui rend son mystère, son humanité, ses amours et ses tragédies. Mêlant réalisme et onirisme, ce premier roman révèle un contre-monde où vivre à l'excès, et jusqu'au vertige, ses passions.
C'est l'été et les gitans s'installent à Lourdes pour leur pèlerinage annuel, ce sont des fils du vent, les rois de la débrouille pour gagner leur pain, tous sont un peu artistes.
Céline Laurens nous entraine dans la communauté des gitans, leurs traditions, les légendes, les repas et les veillées qui s'éternisent où chacun raconte une histoire, la guitare, les chants, le flamenco, les beuveries. Leurs rites et l'importance de la procession du pèlerinage. Une multitude de portraits, de tranches de vie, un récit porté par une écriture joyeuse et légère comme l'est la vie dans les camps des gens du voyage. Céline Laurens met en avant les contradictions de la ville de Lourdes, la foi mais aussi les bondieuseries et l'aspect mercantile où chacun essaye de capter l'argent des fidèles. Certains passages sont pleins d'humour et j'ai particulièrement apprécié l'interview d'un écrivain voyageur par un libraire imbu de sa personne lors d'une séance de dédicaces.
Le récit prend vraiment son envol dans les dernières pages émouvantes lorsque Livio ouvre son coeur et ses rancœurs et lorsque le narrateur doit choisir entre sa vie de nomades qui est dans sa peau où se sédentariser pour vivre pleinement son amour avec Annabelle.
Le roman se déroule dans la cité mariale au moment du pèlerinage de la Vierge Marie qui réunit plusieurs tribus de gitans.
Dès le début, on sent que quelque chose de fort et d'insurmontable va arriver cet été là, cet été caniculaire où les tensions des uns et des autres sont à vifs. Le narrateur nous raconte cette période estivale particulière dans un style très familier mais poétique, cet été où l'Etranger est arrivé chez eux. Cet été où le narrateur fait connaissance avec la Limande et son histoire de famille. Les légendes du peuple gitan côtoient les histoires pyrénéennes, la croyance des pèlerins, les rivalités des uns et des autres.
C'est un premier roman que nous donne à lire Céline Laurens, l'écriture est intéressante, poétique en symbiose avec la nature, on s'attache à certains personnages déjantés de cette tribu gitane, on aime aussi les personnages secondaires. Bref, c'est un roman étrange, curieux mais à découvrir et je remercie les éditions Albin Michel pour cet envoi en avant première.
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