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Son père, ce héros... Depuis sa plus tendre enfance, Pat Conroy a dû faire face à un père imposant. Vétéran de Corée, du Viêtnam, le Grand Santini, comme on l'appelle, n'a pas volé ses galons de colonel : la bravoure incarnée, Marine jusqu'au bout des doigts... Ces mêmes doigts qui, le soir venu, se serrent pour la gifle, se ferment sur le poing. Un vrai tyran domestique... L'âge venu, pourtant, et la mort approchant, le patriarche et l'aîné des Conroy apprendront à se connaître. À faire fi des regrets et, peut-être, à pardonner...
J'ai lu le grand Santini il y a longtemps mais je me souviens de la famille de Pat Conroy : un père violent et 7 enfants soumis à une pression omniprésente mais très loquaces avec un humour qui leur permet de rire dans des situations dramatiques. Si j'ai retrouvé ces enfants, j'ai eu l'impression de faire connaissance avec un autre Santini, affaibli avec lequel Pat Conroy a créé une relation plus saine mais toujours ambigu car le passé ne s'est pas effacé, il a même été décrit dans un livre qui a eu beaucoup de succès.
Pat Conroy reprend l'histoire de sa famille avec son entrée à l'université la Citadelle. Une université qu'il n'a pas pu choisir puisqu'il n'avait postulé nul part. Il revient sur sa vocation d'enseignant puis sa carrière d'écrivain mais cette carrière n'est pas mise en avant malgré son succès qui apparaît dans le livre. Ce qui est révélé, c'est une sorte de réconciliation avec son père et toute la souffrance des enfants Conroy car il est difficile de sortir indemne de l'enfance violente décrire dans le grand Santini.
Je m'étais attachée à cette famille à l'humour cinglant (la bouée de survie en quelque sorte) et je la retrouve ici complètement rancunière et endolorie mais aimante et solidaire. Pat Conroy réussi à nous livrer toute la nuance des relations au sein de sa famille : la folie, la dépression la violence physique mais aussi orale car chacun sait répliquer, chacun a une vision différente de son enfance, a vécu les événements différemment mais malgré toute cette violence il y a beaucoup d'amour. Pat Conroy était l'ainé de la famille et avait pour mission de protéger ses frères et soeurs des coups de leur père mais une fois adultes, ces frères et soeurs ne cachent pas leur rancoeur contre leur mère, leur père mais également contre Pat Conroy.
C'est assez impressionnant comme un homme qui a grandi sous cette violence, qui avait une mission énorme pour un enfant dans cette famille de 7 enfants, qui a connu la dépression qui a fait des tentatives de suicide, a réussi à être un écrivain reconnu aux Etats Unis et sait décrire avec une telle lucidité ses relations familiales, ses relations avec les femmes, la complexité de sa relation avec son père et à nous transmettre à travers son écriture tant d'amour au sein de sa famille.
La boucle est bouclée.
En refermant La mort de Santini, c'est un cycle qui se termine. J'ai lu tout ce qui a été traduit en français de Pat Conroy...
Et ça me peine de savoir que mon anglais n'est pas assez bon pour que je savoure pleinement ses phrases si bien tournées, ses mots source d'émotion, ses romans très largement inspirés de sa propre vie.
Car c'est un fait, Pat Conroy a toujours écrit sur sa famille, il l'avoue d'ailleurs dans le prologue de ce livre, quand il écrit le mot "père", il voit son père Don Conroy, et quand il écrit le mot "mère", c'est bien Peg Conroy qui prend vie sous sa plume.
Cela a pu parfois m'agacer, surtout quand j'ai lu Beach Music juste après Le Prince des Marées.
Mais, néanmoins, jamais Pat Conroy ne m'émeut plus que lorsqu'il parle de lui, ce n'est pas un hasard si, dans son oeuvre, Saison Noire est mon titre préféré après Le Prince des Marées.
Et La Mort de Santini, une autobiographie sous l'angle de la relation complexe qu'il a entretenue toute sa vie avec sa famille, et en particulier avec son père, m'a serré le cœur.
Don Conroy, Le Grand Santini, père maltraitant, mari maltraitant, qui a poussé tous ses enfants à la folie, à la dépression, au suicide ; c'est lui qui est au cœur de l'oeuvre de son fils, c'est lui qui est au cœur de sa vie, ce père à qui il n'a jamais pu pardonner totalement.
J'ose espérer que l'écriture et la publication de ce livre ont été une catharsis pour son auteur, là où le roman Le Gand Santini pouvait plus s'apparenter à un règlement de comptes.
En tout cas, ça a été une lecture très forte pour moi, et j'imagine qu'elle le sera pour toute personne connaissant et admirant la vie et l'oeuvre de Pat Conroy.
Semper Fi, ô Grand Santini.
Semper Fi, Pat Conroy.
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