"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Juillet 1871. Paris. Perquisition rue des Juifs, dans le Marais. Une concierge, un coiffeur, une orpheline, une prostituée, une raccommodeuse de dentelles, un relieur et une repasseuse aident un bronzier communard à échapper aux recherches d'un commissaire de police.Automne 1871. Josée Meunier quitte la rue des Juifs pour rejoindre Albert Theisz, le bronzier, à Londres. Réfugiés, ils ne possèdent que leur amour, leurs souvenirs, et leur désir de Paris, lieu de leur histoire.L'année prochaine, à Paris... rêvent-ils. Mais on ne guérit pas de l'exil. Une histoire véridique de traque, de fuite et d'attente, pour laquelle il a fallu réinventer ce que la grande Histoire a laissé perdre.
Dans l’un de ses précédents romans, Comme une rivière bleue, Michèle Audin avait décrit la Commune de Paris à partir des quartiers de Paris où celle-ci avait connu les activités et faits les plus marquants et significatifs ; elle avait restitué l’histoire à hauteur des destinées individuelles, obscures, celles des sans-grades.
Dans Josée Meunier , 19 rue des Juifs, l’auteure reprend ce mode de récit en le circonscrivant à un immeuble , celui du 19 rue des Juifs , situé dans le quatrième arrondissement de Paris .Elle prend pour point de départ une perquisition menée par un certain Victor Berlioz, commissaire de police de son état : il ressort quelque peu bredouille de sa descente de police, il n’a pu , en effet, cueillir des suspects et n’a recensé qu’une concierge, Madeleine, un coiffeur, Mlle Georgette, couturière, Madame Dubois, une ouvrière en cartonnages.
Pourtant, l’immeuble du 19 rue des Juifs fut le lieu d’où s’échappèrent Josée Meunier et d’autres membres de sa famille pour rejoindre en exil à Londres Albert Theisz, bronzier et ardent partisan de La Commune.
A travers une correspondance entre les membres de la famille de Josée restés à Paris et cette dernière, Michèle Audin fait ressentir les nostalgies et douleurs des Communards vaincus, coupés de leurs racines, peinant à amortir le choc de la répression des Versaillais contre La Commune : Les nouvelles les plus anodines coexistent avec celles de la grande histoire : « On recommence ici à mourir comme avant les massacres de mai. Plus de coups de chassepot ou de mitrailleuse. Nous avons eu des accidents de charrette une femme de la rue des Rosiers qui s’est jetée dans la Seine parce que son mari est emprisonné sur un ponton dans la rade de Brest (…) Nous ne savons rien de la petite madeleine Alary qui est partie il y a deux mois. Etienne a été condamné à la déportation. »
Les descriptions des relations entre Communards exilés ne sont toutefois pas empreintes d’une excessive complaisance. Ainsi, Michèle Audin pointe-elle les reproches que se font ces personnes entre elles : qui était la plus révolutionnaire, la plus lucide ? Un trait d’humour est restitué ; c’est le récit des noces du journaliste Charles Longuet à Londres, qui célèbre ses noces avec la fille de Karl Marx, ni plus ni moins….
Michèle Audin parvient à nous restituer les espoirs de ces personnages, leurs craintes, leur foi en l’utopie. Ecrit à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de La Commune, Josée Meunier, 19 rue des Juifs contribuera, sans nul doute, à donner à La Commune cette dimension fictionnelle et romanesque ; on s’attache à ce groupe, leurs vies prennent toutes leurs significations à la lumière de l’impact de la Commune, comme tentative de libération humaine.
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