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Je suis le monde qui me blesse

Couverture du livre « Je suis le monde qui me blesse » de Raphaele George aux éditions Unes
  • Date de parution :
  • Editeur : Unes
  • EAN : 9782877041805
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Le coeur de l'oeuvre de Raphaële George se trouve dans son journal. C'est ici qu'elle prépare sa fiction, qu'elle tisse son imaginaire. Il ne s'agit pas d'un journal de diariste, plutôt d'une réserve d'écriture ; réserve dans le sens d'espace clos et protégé, favorable à la prolifération d'une... Voir plus

Le coeur de l'oeuvre de Raphaële George se trouve dans son journal. C'est ici qu'elle prépare sa fiction, qu'elle tisse son imaginaire. Il ne s'agit pas d'un journal de diariste, plutôt d'une réserve d'écriture ; réserve dans le sens d'espace clos et protégé, favorable à la prolifération d'une vie autonome. Comment sortir du monde du sommeil ? À qui se confier ? Au journal, et ce n'est pas tout à fait à soi-même. Le journal est un lieu de l'écriture du deuxième corps, du secret. Raphaële George en extrait des fragments, éclats de confession invisible dont elle compose ses livres, elle qui semble si mal à l'aise avec l'idée même de composition. On ne peut pas être seul au monde, contrairement à l'écriture. Raphaële George écrit son incapacité à la solitude. Il y a chez elle une trop grande part de silence. Une tristesse sans objet. La tristesse de la tristesse. La fatigue, comme état. Et une difficulté d'accéder au présent - prise dans la marge du rêve. Toute son écriture touche verticalement au fond de la douleur, même la joie. C'est sa charge tragique. Raphaële George semble empêchée par le monde, qui apparaît comme une interruption du monde intérieur. Inventer, c'est pour elle faire en sorte que le rêve et la vie se confondent au mieux de leur superposition. Que la différence s'efface au travers des de leurs calques. Imaginer, c'est croire que l'on pourrait vivre dans cette construction, c'est rendre habitable l'imaginaire, et s'aménager un ventre de repli, une fiction indéniable. Les mots sont une maison, un lieu ailleurs, un lieu possible. Raphaële George est une fiction, un personnage imaginaire. L'invention la sauve, l'échafaudage de la fiction ouvre une seconde réalité dans laquelle il devient possible de se glisser, par le seul fait de croire. Changer son identité, c'est rejoindre la fiction, c'est se fondre au rêve. À l'inverse d'une dissociation, au contraire dans une démarche volontaire et consciente, faire le choix de la fable pour se raconter, comme pour contester à la réalité le pouvoir de la narration. Elle change de nom - puisqu'on ne peut changer d'être - et nommer c'est créer. Raphaële George, qui cherchait un état où elle ne serait ni séparée, ni blessée, est au fond le grand roman rêvé de Ghislaine Amon.

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