"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
18 juillet 1936 : le jeune gouvernement espagnol des républicains, issu de l'alliance des partis de gauche, est renversé par les troupes du général Franco, plongeant le pays dans trois années de guerre civile puis presque quarante de dictature répressive.
Pour Isabel, courageuse couturière, ce sera également le début d'une vie nouvelle, faite de lutte et de résistance. Proche du syndicat anarchiste CNT qu'elle a rejoint quelques mois auparavant, elle va devoir prendre la fuite au côté de son futur mari, Jaime, l'un des leaders de leur cellule locale.
Après "Les guerres silencieuses", au sein desquelles Jaime Martin se penchait sur la jeunesse de son père au coeur de la décolonisation espagnole, c'est maintenant à la jeunesse de ses grands-parents qu'il dédie ce dense roman graphique.
Conté depuis les yeux d'Isabel et Jaime, "Jamais Je n'aurai vingt ans" est une plongée dans la guerre d'Espagne avec la sensibilité et l'efficacité graphique inhérentes au travail du talentueux auteur ibérique.
Une fois encore : il est toujours temps de découvrir sur le tard de bonnes BD.
Jaime Martin (l’auteur - qui porte le prénom de son Grand-père) avec sa trilogie sur sa famille permet d’approcher des moments marquants de l’Espagne sur 3 générations : dans cet opus il s’agit de ses grands-parents aux caractères forts et aux parcours singuliers ; républicains engagés ils vont devoir fuir avec la victoire des franquistes, se cacher, accepter la défaite, et bâtir leur cellule familiale en devenant recycleurs de bouteilles dans une Espagne totalitaire, être constamment menacés, accepter d’être racketés pour continuer à vivre pour leur famille, …
Le chapitre 2 s’ouvre sur une citation d’Albert Camus : « C’est en Espagne que ma génération a appris qu’on peut avoir raison et être vaincu, que la force peut détruire l’âme et que, parfois, le courage n’obtient pas de récompense ».
Mais Isabelle (sa grand-mère) et Jaime (son grand-père), même si ils resteront marqués par ce qu’ils ont vécu vont réussir à construire une vie préservant leurs enfants et en continuant à être attentionnés pour les autres, notamment les jeunes du quartier.
Deux anecdotes concernant Jaime (le grand père) qui illustrent que la vraie vie dépasse souvent l’imaginaire :
• Jaime a été dénoncé et embarqué avec d’autres hommes pour être abattus. Il va être libéré sur d’un des responsables de la rafle qui a reconnu en Jaime le « champion du quartier » qui faisait de la boxe …
• Que celui qui l’avait dénoncé était le boulanger et qu’il n’avouera à sa famille, que tardivement, savoir qui l’avait dénoncé pour laisser sa famille manger du pain, alors que lui ne pouvait pas …
Finir la lecture par celui de la première génération n’est absolument pas gênant ; d’autant qu’il est d’une qualité rare tant sur le fond que sur la forme.
PS : Jaime Martin a obtenu en 2017 le Prix de la meilleure œuvre du Salon international de la bande dessinée de Barcelone pour cet opus (Prix qu’il obtient de nouveau 4 ans plus tard pour le 3 ème opus)
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !