"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Michael Turner pénètre en leur absence dans la maison de ses amis londoniens, Josh et Samantha Nelson. Il déambule de pièce en pièce, s'attardant sur les photos de famille. Un bruit vient interrompre cette étrange inspection : il découvre le corps sans vie de la petite fille du couple. Le doute plane : est-il un simple témoin ou un redoutable manipulateur ? Car Michael est un personnage énigmatique : il a quitté New York après le décès de sa femme, Caroline, journaliste tuée au Pakistan.
Il agit toujours en ami parfait, attentionné. Presque trop. Que cache cette façade lisse ? Est-ce sa manière à lui d'oublier le chagrin ? Un autre mystère entre en scène : depuis peu, Michael reçoit des lettres signés d'un certain Daniel McCullen, qui dit être responsable de la mort de Caroline. Que veut-il et pourquoi éprouve-t-il le besoin de se confesser ? J'ai vu un homme est un roman époustouflant de maîtrise, qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page.
Dans la lignée de Ian McEwan ou Paul Auster, Owen Sheers mêle la sphère intime et une réflexion plus vaste sur notre monde globalisé.
En refermant ce livre, une image m’est revenue en mémoire. Terrible. Celle de ce film montrant une bavure de l’armée américaine lors de la guerre en Irak. En juillet 2007, deux journalistes de l’agence Reuters et deux enfants ont notamment été tués «par erreur» par des tirs de l’armée américaine.
C’est une histoire semblable qui sert de point de départ au roman du Gallois Owen Sheers, en s’attachant aux conséquences d’un tel acte, à ce que l’on appelle prudemment les dégâts collatéraux, et qui feront trois victimes supplémentaires. Michael Turner est la première à entrer en scène. En rencontrant Caroline, ce journaliste devenu écrivain, a trouvé non seulement une âme sœur ¬– elle est grand reporter – mais au fil des semaines, elle devient aussi son épouse et la future mère de leurs enfants. Mais le rêve se brise lors d’un reportage au Pakistan. Un drone de l’armée américaine fait exploser son convoi. Michael se retrouve veuf, désemparé et cherche à tromper sa peine en partant s’installer à Londres. En emménageant, il croise son voisin Josh Nelson.
Ce banquier est la seconde victime. En décidant de prendre son voisin sous son aile protectrice, en lui faisant partager sa vie de famille, il ne se doute pas combien des conséquences de sa bonne action. Michael devient si proche de Josh, de Samantha son épouse et des enfants qu’il n’hésite pas à pénétrer dans l’appartement du voisin quand il constate qu’une porte est restée ouverte. Il voulait simplement récupérer un tournevis. Seulement voilà, en le voyant, la fille bascule de l’escalier et se tue. Michael décide de fuir. La suite ne se raconte pas, je vous laisse la découvrir tant elle est bien racontée.
Reste la troisième victime, le commandant McCullen. Il s’agit d’un pilote de drones sur une base près de Las Vegas. C’est lui qui a tué par méprise, Caroline. Et qui ne supporte plus cette mort qu’il a sur la conscience et qui, pour sa hiérarchie, fait partie des «risques du métier». Mc Cullen décide quant à lui de prendre la plume et d’écrire à Michael. Plus pour mettre des mots sur le drame qu’il vit que pour s’excuser. Puis, il prend la route, entend essayer de se reconstruire en vivant une nouvelle vie on the road again
La force de ce roman est de mettre en scène ces trois hommes qui ne sont pas coupable, mais qui tous se sentent responsables de la situation dramatique qu’ils ont contribué à engendrer. Comment peuvent-ils continuer à vivre avec ce poids ? Construit comme une enquête qui rend vite le lecteur addictif (on sent par exemple très bien sur les pas de Michael que quelque chose n’est pas normal dans la maison de son maison), excellent dans l’analyse psychologique, voilà sans aucun doute l’un des romans étrangers les plus réussis de la dernière rentrée littéraire. Ne passez pas à côté, comme j’aurais pu le faire sans le pouvoir de persuasion d’un libraire passionné, dont c’est ici l’occasion de souligner combien ils demeurent indispensables!
http://urlz.fr/3qsJ
Roman déroutant. L'architecture est très bien maîtrisée. Parce qu'il s'est introduit dans la maison de ses amis pour chercher un tournevis, Michael déroule peu à peu les chemins de sa vie et on arrive à comprendre le personnage, complexe et ambigu.
Mais, avec tous ces flash-back imbriqués les uns dans les utres, on arrive à se perdre... et à perdre le fil de la situation. De bons passages sensibles et poétiques, notamment sur le deuil de sa compagne. mais il faut s'accrocher pour lire jusq'au bout !
« L’événement qui bouleversa leur existence survint un samedi après-midi de juin, quelques minutes à peine après que Michael Turner, croyant la maison des Nelson déserte, eut franchi le seuil de la porte du jardin »
C’est ainsi que démarre le roman. Le lecteur est de suite capturé par les mots utilisés par Owen Sheers et ce dernier ne relâchera sa proie que 350 pages plus loin après la chute de ce véritable page turner aux allures de thriller. En effet, si les sujets de base sont le deuil, l’amitié entre voisins, l’amour et la nécessaire reconstruction après la mort d’un proche, la construction du roman, son rythme, sa narration sont empruntés aux thrillers. Quel est cet événement ? Pourquoi Michael va fureter dans la maison de ces voisins
Michael Turner, écrivain d’un premier roman à succès, vit dans un cottage du Pays de Galles quand sa femme est tuée lors d’un reportage de guerre au Pakistan par un drone américain. Michael revend alors leur maison pour retrouver la capitale, Londres. Nouveau quartier, nouveaux voisins (Josh et Samantha Nelson), nouvelles amitiés, tout est en place pour que Michael se reconstruise. Mais peu à peu, le chagrin et la douleur ressurgissent, des questions surviennent. En plus de Michael et de Josh, un troisième homme entre en scène : le commandant Daniel McCullen, membre de l’US AirForce ayant été en mission au Pakistan…
Tout au long du roman, la sensation de malaise est présente, comme une sorte de huis clos persistant. Le lecteur est maintenu en haleine, du moins l'auteur essaye de s'y employer. Le roman étant très contemporain, on peut s’identifier sans problème aux trois hommes. Owen Sheers apporte d’ailleurs une attention toute particulière à bien détailler les contextes, expliciter les états d’esprits de chacun (rien à envier au thriller psychologique par moment) et faire en sorte que l’histoire de chacun des personnages se dévoile. Fausses pistes, mensonges, trahisons, rebondissements, manipulations, tout est fait pour que la tension narrative et le suspense soient à leur paroxysme.
En cela, le roman est parfaitement maitrisé, aussi sensible que troublant. C’est une belle réussite de l’auteur.
Malheureusement, ce sentiment est terni par les trop nombreuses longueurs et le style utilisé.
A trop vouloir détailler, l’auteur finit par se perdre dans des chapitres trop longs plutôt que d’aller à l’essentiel. Ces trop nombreuses digressions diluent petit à petit l’intérêt du lecteur et font fondre la note de ce roman pourtant si prometteur. Comme s'il fallait remplir du papier...pour remplir du papier. J'ai trouvé en effet aussi que l’auteur n’apportait que peu d’attention au style. Du coup, l'écriture n’est pas belle. Au contraire, c'est plat, standard… et vite énervant ! Comme cette coquille par exemple dans le 1er quart du roman :
«il ria, se moquant de lui-même. C’est un peu tiré par les cheveux, je sais, mais… »
Le lecteur ne peut donc pas totalement être immergé dans l’histoire même si le tout reste assez fluide.
C’est réellement dommage. Je reste sur un sentiment de déception en refermant la dernière page, alors même que l’idée de départ est bonne et que j’ai finalement dévoré le livre!
3/5
http://alombredunoyer.com/2015/10/12/jai-vu-un-homme-owen-sheers
Par un samedi après-midi de juin, Michael Turner pénètre chez ses voisins par la porte du jardin, ouverte alors que la maison semble déserte. Depuis son installation à Londres, Michael est un ami intime des Nelson. Il est donc tout naturel qu'il aille explorer la maison, à la recherche d'un éventuel cambrioleur. Au fil de sa déambulation, Michael s'attarde sur les photos de la famille heureuse qui vit en ces lieux. Josh et Samantha Nelson lui ont été d'un grand secours quand il est arrivé dans le quartier, dévasté par la mort de son épouse Caroline, une journaliste abattue accidentellement par un drone américain lors d'un reportage au Pakistan. Michael s'est peu à peu reconstruit, soutenu par l'amitié du couple et l'espièglerie de leurs deux petites filles, Rachel et Lucy. Aussi se sent-il légitime à fureter chez ses voisins, inconscient du drame que va déclencher sa curiosité...
Malgré le personnage de Michael qui n'inspire pas l'empathie et semble par moment d'un égoïsme féroce, le livre d'Owen SHEERS est un roman élégant et sensible qui évoque le deuil, la culpabilité, la rédemption. Bien que britannique, l'auteur a écrit un roman ''américain''. On pense à Tom Wolfe pour la description des étapes de la vie d'un homme, on pense aussi à Laura Kasischke. Comme chez la romancière américaine, il y a au départ une situation somme toute banale qui, lentement, inexorablement, monte en tension et tourne au drame. Les secrets, les non-dits, les trahisons, cachés sous les apparences de bonheur font surface pour bouleverser des vies bien tranquilles. Si Michael n'est pas touchant, trop tourné vers lui-même, presqu'indifférent à la douleur d'autrui, McCullen, le militaire américain qui guidait le drone qui a tué Caroline, est lui, plus intéressant. Ses questionnements sur la ''guerre propre'' que mènent les Etats-Unis au Proche-Orient introduisent un débat sur le sort de ces soldats qui ne combattent plus, qui tuent sans se salir les mains. Son cheminement vers l'acceptation de ses actes et le pardon qu'il recherche sont à la fois justes et émouvants.
J'ai vu un homme est un roman troublant, sombre et dérangeant qui tient en haleine jusqu'aux dernières pages. Une belle réussite.
ExploLecteurs - Rentrée littéraire - Avis final
Michael retourne s’installer à Londres après la mort de sa femme où il tente de faire le deuil. Il sympathise avec ses voisins, un couple et leur deux fillettes. Ce livre est complexe à résumer tant la construction est alambiquée. L’histoire est construite entre le passé et le présent. Le présent, Micheal se retrouve dans la maison de ses voisins, étonné de voir une fenêtre ouverte alors que cette dernière est vide.
Le passé : la rencontre de Michael et sa femme, le début de leur histoire jusqu’à la mort de celle-ci. Le passé de chacun des personnages intégrant l’histoire.
Bien que la présentation des personnages, leurs parcours, leurs aspirations, leurs déceptions. permettent de bien les connaître ces multiples allers-retours entre le passé lointain (leur jeunesse), passé plus proche (la rencontre de Michael et ses voisins) et le présent (que fait-il dans cette maison et que va-t-il se passer et après l’instant tragique) font perdre le fil de l’histoire. On peut aimer les personnages mais si l’histoire qu’ils vivent n’est pas prenante cela n’en fait pas, selon moi, un bon récit.
Je n’ai pas adhéré à l’histoire d’amour de Michael et sa femme, trop académique, le deuil ne m’a pas touchée, et la tension n’est pas suffisante pour me tenir en haleine.
Le style est parfois poussif et les allusions laissant supposer qu’un événement tragique va arriver ne sont pas vraiment subtiles.. Alors, oui, à un moment, j’ai été chamboulée, un passage est particulièrement prenant et serre le coeur, mais cela fait bien peu en comparaison de ces pages qui se suivent.
En fermant le livre, j’ai eu l’impression qu’on avait demandé à Owen Sheers d’écrire un roman à partir d’une nouvelle. En effet, j’ai eu un sentiment permanent de lire du remplissage, (notamment les cent premières pages), de devoir connaître toute la vie des personnages sans que cela ne serve pour autant ni l’intrigue ni le style.
Le RdV de la page 100 :
Alors.. le début est long... J'ai eu du mal à arriver à la page 100...
Le début du livre nous ramène dans le passé de Michael, son histoire, sa rencontre avec sa femme, et la mort de celle-ci... et je dois dire que rien ne m'a touchée, voire cela m'a plutôt ennuyée. C'est sans relief (on aimerait ne pas avoir lu certaines métaphores…), je ne ressens pas d'attachement particulier pour Michael (à la personnalité effacée et ça se ressent dans l’écriture), ni son histoire. Je ne sais pas si cela tient de la narration parfois poussive ou au fait de ne pas comprendre où l'auteur veut nous emmener (bien qu’il nous fasse comprendre, sans trop de subtilité, qu’il va se passer quelque chose qui va bouleverser la vie de tous). Arrivée à la fameuse page 100 l’histoire se tend un peu, prend un peu de volume et commence à retenir mon attention. Peut-être que l’arrivée de nouveaux personnages donnera un peu de matière au récit et que l’intrigue va se dévoiler.. Je l’espère en tous cas.
Explorateurs de la rentrée littéraire 2015 - Chronique finale
Appréhender J’ai vu un homme nécessite une certaine forme d’apprivoisement. Domptage serait un mot bien trop excessif dans la mesure où le cadre se plante sans heurt. Tout de même, le premier tiers dépeint un héros assez effacé et distant, peinant à créer une proximité avec le lecteur. Cela n’est pas une faiblesse d’Owen Sheers mais un aspect important pour la suite.
Michael Turner, un écrivain à succès, perd Caroline, sa femme reporter tuée dans une attaque de drone américain en Irak. Le jeune veuf vend son domicile conjugal dans les Cornouailles pour s’installer dans le très chic Hampstead Heath londonien. Là, il sympathise rapidement avec ses voisins, la famille Nelson composée de Josh, Samantha et leurs deux filles. Avec un tel résumé, on imagine un cliché « feel good » avec le deuil surmonté grâce à la complicité puissante et naturelle qui lie rapidement Michael à la petite famille. Limite, si on n’entend pas en sourdine la chanson « Avoir un bon copain… ».
Owen Sheers est plus malin que cela en échafaudant une ossature narrative astucieuse : un récit premier où Michael pénètre dans la maison des Nelson en plein jour pour récupérer un tournevis qu’il avait prêté à Josh. La maison est vide alors que la porte est ouverte. Une angoisse mystérieuse enveloppe immédiatement l’atmosphère de la demeure cossue des Nelson. Il y a un contexte pratique, rationnel même, contraignant Michael à retrouver ce tournevis. Pourtant, une force indéfinissable l’empêche de partir de la maison à mesure que ses recherches infructueuses sont interrompues par des chapitres sous formes de flashbacks expliquant progressivement comment il en est arrivé à devenir un écrivain à succès à New York, à rencontrer l’amour de sa vie, à ce que le sort le lui arrache et le pousse à faire son deuil à Londres.
Sans être renversants, les passages sur le deuil n’en demeurent pas moins touchants dans ce qu’ils disent de la peine infligée pour celui qui reste, seul avec l’absence de Caroline. Cette impression s’avère être d’autant plus forte que la mort de cette dernière est, au mieux, décrite avec distance, au pire, contenue dans le néant que constitue le passage d’un chapitre à un autre. Et si Michael semble aller mieux au contact des Nelson, demeure néanmoins cette frontière au-delà des mots que ces voisins ne peuvent franchir pour comprendre pleinement la douleur de la perte de quelqu’un de cher.
C’est en sortant du cadre londonien pour s’installer dans la banlieue de Las Vegas qu’Owen Sheers fait pleinement décoller le récit de J’ai vu un homme parce que l’on comprend très vite en suivant les pas du Major Daniel McCullen que ce dernier est le pilote du drone responsable de l’attaque ayant coûté la vie à Caroline. Là, Sheers développe sa grande idée : quand le deuil isole, la culpabilité, elle, rapproche. Parfois avec cruauté d’ailleurs puisque Daniel, contre sa hiérarchie, entre secrètement en contact avec Michael qui, sous le choc, sera à l’origine d’une tragédie faisant basculer J’ai vu un homme dans une sorte de suspense psychologique. Cette culpabilité plane au-dessus du monde décrit par Owen Sheers, qu’elle soit directe ou par ricochets. Par exemple, si Josh aide Michael à reprendre pied, son employeur, Lehman Brothers, détient des parts dans la société d’armements qui a équipé les drones de l’armée américaine. Parce que le roman se situe en 2007-2008, la chute de Lehman Brothers est donc évoquée et si Josh, en bon trader, se vante de la bonne santé économique de l’antenne londonienne, lui et sa famille ont aussi largement profité de la politique interne frauduleuse et cupide de la maison mère. Josh, toujours, est directement fautif par sa négligence et son absence dans la tragédie rebattant les cartes du roman. Pas de jugement ici mais un simple constat sur les conséquences à long terme de nos actes. Le cas de Josh est intéressant à plus d’un titre car il croit se débarrasser de cette culpabilité en reportant une part de sa responsabilité sur autrui. Or, cette logique ne conduit qu’à l’impasse du repli sur soi. Si une thématique doit se dégager de J’ai vu un homme, c’est bien celle de l’interdépendance de la faute, à un niveau quasi planétaire. Dévorante, la culpabilité n’en est pas moins un moteur puissant de reconnexion entre les êtres, dans le partage des bons moments comme dans celui des forfaits. En dépit d’une épilogue moyennement négociée, J’ai vu un homme vaut l’investissement pour le déploiement d’une thématique beaucoup plus subtile que ses prémices laissaient envisager.
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Explorateurs de la rentrée littéraire 2015 - Page 100
Michael, un écrivain, perd sa femme reporter, tuée par un tir de drone américain en Irak et tente de reprendre goût à la vie en s'installant à Londres. Il se lie peu à peu avec ses nouveaux voisins.
Owen Sheers alterne dans le premier tiers de son roman entre le passé de Michael et une situation immédiate dans le domicile vide de ses voisins dans une ambiance inquiétante et mystérieuse. Non sans élégances stylistiques, Michael raconte son passage de journaliste à écrivain à succès du temps de son expatriation à New York, sa rencontre avec Caroline et son coup de foudre, la suite logique des choses avec le mariage et l'installation dans les Cornouailles. Et le deuil. Sans atteindre les sommets d'un William Faulkner ou d'un Russell Banks, Owen Sheers écrit de très jolis passages sur la mort et la douleur qu'elle provoque chez ceux qui restent. J'admets volontiers être moins sensible aux schémas de la naissance de l'amour, un peu trop conventionnels à mon goût.
La situation immédiate laisse présager d'un évènement qui rebattra les cartes du récit, à n'en pas douter. Mais il y a quelque chose dans la personnalité de Michael qui apparait comme trop effacé. J'ai vu un homme se lit assez facilement et son caractère mutant entre la chronique dramatique et les prémices d'un policier n'est pas sans charme mais j'attends de voir ce que va donner la suite...
Michael Turner vient de perdre sa femme Caroline, tuée par erreur par un drone américain alors qu'elle effectuait un reportage au Pakistan. Il tente de s'en remettre en quittant New-York pour Londres. En s'installant dans son nouvel appartement, il fait la connaissance de ses nouveaux voisins, Josh et Samantha Nelson, qui vivent à côté avec leurs deux petites filles. Rapidement, une forte amitié se crée entre eux et ils deviennent inséparables. Mais un drame survient changeant à jamais leurs relations.
Dans le désert du Nevada, le commandant Daniel McCullen est rongé par les remords : il est le pilote qui dirigeait le drone et le missile qui ont tué Caroline et son équipe de tournage. Lui aussi tente de se reconstruire et de sauver sa vie de famille. Y parviendra-t-il ?
Avec J'ai vu un homme nous nous immisçons dans le quotidien et l'intime de personnages qui tentent de se reconstruire après la perte d'un être cher ou après un drame dont ils se sentent responsables. Se posent les questions de la culpabilité et de la rédemption. Comment refaire sa vie ou retrouver sa place au sein de son couple et de sa famille après de tels événements ? C'est avec beaucoup de réalisme que ces thèmes sont évoqués et on partage très facilement les sentiments et émotions des personnages.
Michael Turner est le personnage principal de ce récit et c'est à travers lui que l'on vit sa rencontre avec Caroline, son mariage et le deuil brutal qui termine de façon soudaine leur toute jeune vie conjugale. On assiste aux débuts de sa reconstruction sans Caroline et à la naissance de la forte amitié qu'il noue avec les Nelson. Le roman reste donc assez classique mais finit par prendre une tournure assez différente. En effet, un terrible événement, dont je ne vous dirai rien, survient et avec lui, l'enquête policière, l'angoisse d'être pris, les mensonges et toujours les remords et la culpabilité... J'ai alors été complètement happée par le récit jusqu'à la dernière page car Owen Sheers a su créer un suspense et une tension qui tiennent en haleine le lecteur. Le roman se rapproche ainsi légèrement du thriller, mais pas complètement, ce qui m'a quand même donné une impression un peu mitigée : le roman hybride est aussi un peu bancal, comme si l'auteur avait hésité entre deux genres différents. Mais rassurez-vous, tout est quand même bien amené et construit !
Le roman met en scène également le personnage de Daniel McCullen, commandant de l'Air Force, qui abandonne les missions risquées en Afghanistan, pour se rapprocher de sa famille. Mais, on n'oublie pas aisément les atrocités de la guerre et Daniel en fait encore des cauchemars, ce qui trouble sa vie et de famille et son couple. Il pensait avoir trouvé la solution idéale en devenant pilote de drone, mais tuer à distance n'est pas plus facile, surtout quand des innocents sont touchés par accident. Si l'idée de mettre en parallèle l'histoire du responsable de la mort de Caroline était intéressante, j'ai trouvé qu’elle n'était pas assez développée et que le lien qui se développait avec Michael était faible et n'apportait pas grand-chose au développement de l'histoire.
Malgré ces quelques défauts, J'ai vu un homme est un roman qui a su me séduire et dont la lecture a été très agréable grâce à une écriture fluide et des thèmes durs évoqués avec beaucoup de sensibilité.
Avis de la page 100 Explolecteurs 2015 :
La femme de Michael Turner, journaliste, est décédée au Pakistan, tuée par un drone américain. Michael Turner tente de s'en remettre en déménageant. Il fait la rencontre de ses nouveaux voisins avec qui il développe une forte relation. Mais on sait dès le début qu'un drame est survenu, et j'ai hâte de découvrir ce qu'il s'est passé !
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