"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Souriez, vous êtes surveillés !
Paul, dessinateur de presse, rencontre une jeune femme lors d'une soirée masquée. Elle ne dévoile ni son visage, ni son identité, mais le questionne sans relâche. Les échanges s'éternisent, des liens se tissent. Mais au coeur de la nuit, elle disparaît, emportant avec elle tous ses secrets.
Intrigué, séduit et avide de réponses, il se lance à sa recherche. Il va alors découvrir l'insoupçonnable réalité de la société dans laquelle il vit. Sous l'apparence séduisante d'une démocratie exemplaire qui ne veut que le meilleur pour les siens, un effroyable système de contrôle de la population a vu le jour, faisant émerger un monde totalitaire d'un nouveau genre. Parmi les armes déployées par le gouvernement, l'IDP, l'Indice de Développement Personnel, attribué à chaque citoyen. Et celui de Paul - 37 - ne vole pas très haut...
Les premières pages de ce livre au titre énigmatique démarrent par une rencontre entre un homme et une femme dans un lieu de fête.
Cela pourrait être il y a quarante ans, aujourd'hui, dans trente ans.
Puis la fille fait le coup du "j'vais aux toilettes" puis ne revient pas.
Paul arpentera ainsi son espoir et ses recherches pour retrouver cette dulcinée inconnue.
Sous un air de 1984, il va par ses découvertes alourdir le constat de la surveillance de masses.
Seul contre tous, à contre courant de cette population au pas sage et cadencé sur un rythme binaire.
"Faîtes-vous la distinction entre Surveiller et recueillir l'information ?" Tel pourrait être le sujet du bac cette année.
Car il semble bien que l'or du troisième millénaire tienne en un mot : l'information.
On nous surveille, on nous épis. On nous connait sans doute mieux que nous-même.
Vos déplacements, vos hobbies, vos achats, vos opinions politiques, votre santé sont enregistrés.
Si vous rentrez dans le moule, celui qu'on nous impose sans que nous en ayons conscience. vous auriez sans doute un Indice de Développement Personnel parfait dans ce roman , pour ceux qui vous manipulent comme des pantins, car la réalité n'est-elle pas que la vérité que l'on veut en faire ?
Que sais-je des données que je consulte, que j'envoie, que je reçois, que j'échange ? Des avis que je partage. Des infos que je "like" sur tous les réseaux sociaux ?
Quelles sont les finalités de ces données, que je ne maîtrise pas, car impalpables et semblant bien noyées dans le flot incessant et monstrueux des données échangées toutes les secondes dans le monde ?
En dix ans, le monde du partage des données personnelles est devenu notre quotidien.
Dans dix ans, les sociétés qui reçoivent ces données auront donc 3648 jours de données sur vous.
Et les serveurs informatiques qui analysent vos données auront gagné dix ans en terme de performance.
Dans vingt ans, ces mêmes sociétés sauront définitivement tout de votre vie.
L'ère de Minority Report me paraissait si futuriste et improbable quand c'est sorti en salle. Quelle naïve je fais ... La réalité s'inspire toujours de la fiction.
Les lecteurs de 1984, en 1949, doivent bien se marrer aujourd'hui.
Je vous propose de déconnecter vos yeux de votre écran de smartphone et de les lever. Remarquez le nombre de caméras de surveillance qui nous entourent. On ne les voit plus car notre attention est détournée vers le plaisir de pacotille qu'on nous met volontairement dans les mains par ceux qui nous installent ces mêmes caméras - ce petit joujou de plusieurs centaines d'euros que nous gardons si précieusement, puisqu'il est devenu le prolongement de nous-mêmes et de notre conscience.
Comme l'écrit Mathieu Neu : Vous pensez avoir un mouchard dans votre téléphone ? Mais enfin, votre téléphone EST LE mouchard !
On nous offre des applications, des Wi-FI gratuits dans des centres commerciaux, même de quoi rendre votre CV visible en ligne. Un beau bâton virtuel pour s'auto-flageller. Pas besoin de vous demander votre vie, vous la partagez de vous-même.
Nous voilà ainsi détournés de l'essentiel, du bonheur et de la réflexion.
Alors voici une petite recette très simple, à un prix dérisoire, dont les ingrédients sont disponibles chez votre libraire préféré(e) : prenez un octet de technologie, un octet de manipulation, un octet de paranoïa, un octet de polar, un octet de futur (si proche), un octet de surveillance accrue mais discrète des masses, un octet de plume très littéraire et poétique, et vous avez un petit bijou signé Mathieu Neu.
A déguster pour une digestion future plus intelligente et consciencieuse.
Le débat est élevé dans ce premier roman d'un auteur prometteur, dont j'attends maintenant la suite des festivités littéraires, car l'intrigue m'a happée, mais j'ai également apprécié cette écriture fluide et belle.
Inutile de googliser Mathieu, il est quasi invisible sur la toile. Pas de compte identifiable sur les réseaux sociaux. Une coïncidence ? Peut-être pas ...
Mais je sais qu'il existe, je l'ai rencontré. A moins que ....
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