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Dans une série de lettres pamphlétaires contre la nouvelle tendance des transhumanistes, la quête de leur immortalité, l'essayiste Franck Damour répond à ces nouveaux prophètes que c'est jus- tement la richesse de notre vie, d'être mortel : sans cette urgence que nous impose notre finitude, il n'y a plus de raison de créer, d'inventer, de donner un sens à sa vie, et de la transmettre, car c'est aussi la question de la filiation qui est posée par un tel projet.
« L'immortalité est à la mode. Une élite richissime est obsédée par la quête de leur immortalité au point de souscrire des contrats de cryogénisation, d'investir des sommes faramineuses dans des instituts de recherche qui considèrent la mort comme un défaut de fabrication à corriger. Cette élite se reconnaît parfois dans les discours transhumanistes qui entendent changer notre humanité, faire advenir une autre espèce d'humains qui auront domi- né et vaincu la mort biologique. Il ne s'agit pas seulement de discours, mais aussi de moyens financiers investis dans des recherches pour « augmenter » les capacités humaines et repousser les limites de la mort. Ces moyens sont mo- bilisés par ce discours immortaliste, par cette idéologie qui proposent une façon d'être humain en rupture avec ce que nous avons été jusqu'à présent : nous ne savons pas si de telles transformations de l'homme seront effectives un jour, mais ce qui est certain, c'est que cette idéologie change l'homme avant même la technologie ! Car l'immortalisme est une idéologie qui, pour atteindre « la mort de la mort » (pour reprendre le titre du best seller de Laurent Alexandre), propose la mort de notre commune humanité. Cette idéologie n'est pas nécessaire pour le développement de la mé- decine, pour mobiliser des moyens financiers dans la lutte contre les maladies, pour permettre une vieillesse plus digne. Au contraire, il y a des raisons de penser qu'elle aura plutôt tendance à mobiliser des forces hostiles à ces développements. Car lutter contre la maladie et la souffrance suppose un sens de l'humain que l'immortalité ne peut que nous enlever. Car sans la mort comme horizon, l'homme n'a pas de sens. Heureux les mortels : le titre sonne comme un paradoxe, une provocation, et pourtant il ne s'agira ici que d'une sagesse des simples, des femmes et des hommes qui font d'une vie vivante leur plus grand trésor, loin des fantasmes de puissance. Heureux les mortels, car notre humanité est d'abord le partage de nos fragilités, du besoin que nous avons de vivre avec les autres et par les autres et non la quête d'une puissance sans cesse augmentée. Heureux les mortels, car notre médecine, notre science, nos technologies ont besoin du sens de la mortalité pour exister, pour avoir un sens. Les immortalistes sont des réac- tionnaires apeurés, des hommes du passé dont les sirènes puissantes tentent de nous empêcher de penser. Puissent les mortels que nous sommes leur dire : non merci ! L'immortalité ? Nous avons des choses bien plus passionnantes et belles à vivre que de nous égarer dans vos utopies de toute-puissance ! » F. Damour.
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