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'«La poésie a pour devoir de faire du langage d'une nation quelques applications parfaites » disait Paul Valéry, dans le temps même où il rappelait que les civilisations sont mortelles - et où mourait la nôtre, dont il était parfaitement représentatif.
Sa vision était plus large encore, quasi visionnaire?: «?Je vois passer "l'homme moderne" avec une idée de lui-même et du monde qui n'est plus une idée déterminée. Il ne peut pas ne pas en porter plusieurs?; ne pourrait presque vivre sans cette multiplicité contradictoire de visions?; il lui est impossible d'être l'homme d'un seul point de vue, d'appartenir réellement à une seule langue, à une seule nation, à une seule confession, une seule physique, etc.?» L'époque à laquelle écrivait Montaigne était marquée par les ligues, les guerres de religions, la peste?: son style même est une quête de vérité, aussi "ondoyante" que l'homme même. Celui de Valéry, incisif comme un oiseau qui fend l'azur, tient le registre de l'intelligence qui survit aux civilisations...
Nous n'écrivons pas dans le regret?: nous écrivons après.
Nous écrivons pour une nation posthume qui se souviendra de nous en une autre langue qu'on appellera français faute de mieux.
La langue : la seule responsabilité politique que je me sente.
Richard Millet
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