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Dans la vie de saint Augustin se tient une ombre, une femme, nommée Elissa dans le roman, qui partagea sa foi manichéenne, fut sa concubine, lui donna un fils, vécut avec lui à Carthage, Thagaste, puis en Italie où le jeune rhéteur la congédia de son existence... Quand Elissa prend la parole, aux premières pages de ce livre, presque douze ans ont passé depuis sa "répudiation". Revenue vivre à Carthage, elle s'est liée d'amitié avec un couple dont le mari a pour métier de consigner sur des parchemins les discours d'avocats, rhéteurs ou prédicateurs. C'est par lui qu'elle apprend le passage prochain à Carthage d'Augustinus, désormais évêque d'Hippone...
Roman tout en miroitements, par lequel une vie scintille dans une autre, ce livre aux accents d'anti-confessions passe au crible de celle qui sait les débuts puis la carrière du saint homme. La mémoire d'Elissa est tenace, en elle la fidélité l'emporte sur la désillusion. Et l'auteur excelle à revisiter les textes augustiniens, interpréter les silences, traquer les demi-aveux, pressentir les non-dits, déchiffrer l'insidieuse pesée du lien maternel, restituer l'intime, effleurer la peau des souvenirs...
Avec ce portrait en creux d'un "cher disparu", Claude Pujade-Renaud réplique à l'histoire officielle, témoigne pour le témoin qu'est Elissa, et poursuit sa réflexion - constante dans toute son oeuvre - sur les coulisses des pouvoirs... temporel et spirituel.
Carthage, 4e siècle après J.C., le christianisme est en train de supplanter le paganisme et le manichéisme ; alors qu’au faîte de sa notoriété, Augustinus, évèque d’Hippone (Algérie), vient prêcher à Carthage (Tunisie), Elissa, elle, se souvient... Car Elissa, concubine jadis répudiée, a partagé la vie et la couche de celui qui sera plus tard Saint-Augustin et lui a donné un fils.
Biographie imaginée d’une femme dont on ne sait rien sinon qu’elle partagea la vie de Saint-Augustin et fut la mère de son fils Adeodatus, « Dans l’ombre de la lumière » nous fait découvrir une période passionnante de l’histoire, celle où l’Empire Romain bascula. Là où Jérôme Ferrari faisait une allusion assez tirée par les cheveux à la chute de Rome, Claude Pujade Renaud fait revivre ces événements dramatiques vus de Carthage, par les yeux d’Elissa, abandonnée par Augustinus, un homme qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. On y découvre la trame de ce que fut le manichéisme et la vie quotidienne dans l’Empire africain, alors partagé entre paganisme, manichéisme et christianisme.
A travers ce beau portrait de femme assujettie à son homme et à sa belle-mère (la très sainte Monique !) Claude Pujade-Renaud fustige une condition féminine difficile et précaire tout en affirmant son admiration pour la pensée augustine et l’homme qu’il a été.
Je reste assez réservée quant à la forme de ce roman qui se complait souvent dans un style passablement prosaïque et quelquefois répétitif, mais j’ai beaucoup apprécié le fond.
Celle qui partagea la vie d'Augustinius et ses croyances manichéennes puis fut rejetée avec leur fils, raconte sa vie simple et suit de loin, dans l'ombre, celui qui deviendra Saint-Augustin. Il est peut-être utile de se rappeler que ce Père fondateur de l'Église est originaire ...d'Algérie. Les rapports difficiles mère-fils de la future sainte Monique et d'Augustin sont très modernes.Enfin, les questions spirituelles abordées sans dogmatisme ouvrent la voix à une réflexion personnelle ...si l'on se sent concerné.
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