"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De 1730 à 1754, le conte demeure le genre de prédilection de Claude Crébillon et celui qui lui vaut ses plus grands succès, même s'ils sont souvent teintés d'une encombrante couleur de scandale. Ce n'est pas un hasard si ce fin analyste des moeurs amoureuses de la «bonne compagnie» inaugure sa carrière par Le Sylphe, délicat récit d'un songe par une comtesse visitée par un esprit aérien, dans la veine de la rêverie galante. Quatre ans plus tard, grâce à Tanzaï et Néadarné, Crébillon est reconnu par la critique contemporaine comme le créateur du conte orientalisant, parodique et libertin. Dès lors, on lui attribuera toutes les publications dans cette veine, dont Atalzaide. S'il n'est selon toute vraisemblance pas entièrement responsable de ce récit à la construction ingénieuse, sans doute composé collectivement, il a pu y prendre part. Lorsqu'il récidive avec Le Sopha, puis plus tard avec Ah quel conte !, c'est pour parodier Les Mille et une nuits et réinventer le sens de la « narration en présence ». Recomposé tardivement, Ah quel conte ! préfigure l'épuisement du genre et annonce un renoncement définitif.
Pour Crébillon, le choix du merveilleux n'implique en rien un abandon de l'écriture morale, mais en autorise au contraire un traitement détendu, où se déploiera à l'envi toute la palette du rire. Sous ses apparences légères et même licencieuses, le conte conserve ainsi l'ambition de contribuer à une science des relations entre les êtres, et pas seulement dans le domaine de l'amour.
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