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Quand une époque imprime fortement son sceau sur plusieurs générations, puis se trouve balayée par l'histoire, c'est tout un état d'esprit qui peut nous devenir étranger. Une vingtaine d'années après la chute du mur de Berlin et de l'empire soviétique, le fait que des milliers d'hommes aient adhéré avec exaltation au communisme, pris le régime soviétique pour l'utopie incarnée, ou encore avoué les pires crimes alors qu'ils étaient des militants confirmés peut même paraître une absurdité ou une forme de folie.
Dès les années 80, Jean-Marc Négrignat a cherché à comprendre ces phénomènes de l'« intérieur », en se plongeant dans de multiples autobiographies d'ex-communistes. Il s'est particulièrement attaché à celles d'Eugen Löbl, Arthur Koestler et Ignazio Silone. Trois êtres remarquables ayant en commun de s'être formés dans le premier quart du XXe siècle, d'avoir adhéré avec conviction au communisme, puis d'avoir rompu avec le Parti. Méticuleusement et avec une empathie certainement due à son engagement initial dans la Jeunesse Étudiante Chrétienne et la Gauche prolétarienne, l'auteur donne ici sens au cheminement individuel qui, à travers enthousiasmes, doutes et désillusions, mène à une reconfiguration du moi. Mettant en pleine lumière le conditionnement idéologique, il éclaire ce faisant le système communiste en son entier.
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