"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Riga, 1905. Le tsar russe perd petit à petit le contrôle de son vaste empire. Dans la ville chamboulée par la violence, entre émeutes ouvrières et pogroms, souffle un vent de révolution. Le chaos oblige les individus à choisir leur camp, dressant frère contre frère. Au centre des soulèvements, un ancien maître d'école s'engage dans la révolution, mais s'aperçoit vite que la guerre exige bien plus de ce qu'il est prêt à donner. L'année suivante, l'enlèvement dramatique de trois enfants tient la police de Riga en haleine. Qui sont les responsables ? Quels sont leurs mobiles ? La réponse anéantira les vies de deux familles, pendant qu'elles cherchent à comprendre qui est coupable dans cette révolution où tout le monde est une victime.
Osvalds Zebris tisse un récit évocateur du désir de liberté d'un pays dans le climat de la révolution russe de 1905 contre le régime tsariste, élément déclencheur de certains évènements parmi les plus dramatiques du 20e siècle.
Année 1906 - en Lettonie. Noël est bientôt là et trois enfants disparaissent, enlevés par un homme.
Le responsable de cet enlèvement, Rudolf - quelle ironie - s’isole avec eux dans un hôtel. Et rédige. Tout ce qui l’a mené à cet acte, synonyme pour lui de rédemption.
L’inspecteur Davuss, en charge de l’enquête, n’est que peu préoccupé par la disparition des enfants. Ce mystère est, pour lui, une façon d’enquêter sur les parents des disparus, qu’il soupçonne d’accointance avec les anarchistes responsables de meurtres de policiers.
Son adjoint est, quant à lui, persuadé qu’il s’agit de meurtres rituels juifs.
Au final, cette enquête n’est qu’un point de départ. Mis à part les parents, tous les protagonistes se moquent du destin de ces enfants. Comme si le futur n’était pas si important.
Ce récit se déroule pendant une période très trouble pour la Lettonie : la révolution russe de 1905 a vu l’émergence d’une conscience nationale lettone, mais mena également à des violences contre les nobles. La répression par les forces russes tsaristes fut sanglante.
Ce récit offre une plongée très intéressante dans une période passionnante d’un pays peu connu, la Lettonie. Il interroge sur les responsabilités individuelles dans des situations de révoltes, des choix de chacun et de la culpabilité qui en résulte.
La quête de rédemption du kidnappeur d’enfants semble ainsi fallacieuse, certains actes étant impardonnables.
Le climat ambiant, fait de peur et d’incertitudes, de préjugés et d’ignorance, est très bien retranscrit dans un récit riche qui donne matière à réflexion.
On aborde tout doucement la rentrée littéraire de septembre 2021 avec ses premiers titres qui seront en librairie dès la première quinzaine d'aout. Avant de m'y attaquer, j'ai envie de revenir à la rentrée précédente avec un titre dont je n'avais pas pris le temps d'en faire la chronique. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui m'en manquait ! Car ce roman de Osvalds Zebris, auteur letton est apparu, pour moi en tout cas, comme un épiphénomène parmi ces cinq cent onze titres publiés. C'est le premier de ses romans traduit en français, le troisième titre qu'il ait sorti dans sa langue d'origine après un recueil de nouvelles et un premier roman. À l'ombre de la Butte-aux-Coqs a été récompensé en 2017 du fameux Prix de l'Union Européenne. On peut relever que depuis, Agullo Editions a opté pour une autre charte graphique, doté d'une illustration, qui met peut-être davantage en valeur la qualité de ses auteurs. Derrière ce sobre néanmoins éclatant magenta se cache un texte très coloré, heureusement traduit par Nicolas Auzanneau.
Ce n'est pas souvent que des auteurs lettons parviennent jusqu'à nous, encore moins des auteurs publiés durant cette période particulière qu'est la rentrée littéraire. C'était, compte tenu de mes goûts, logiquement un des titres qui me faisaient très envie. Osvalds Zebris nous offre un avant-propos bienvenu sur l'histoire de ce petit pays balte dont la renommée est encore très discrète en France. Il faut dire que son histoire reste relativement aussi obscure que le titre de ce roman à première vue. Avec les repères essentiels que nous offre donc le traducteur en préambule – l'indépendance du pays en 1918 qui suit la révolution de 1905 contre l'autorité russe -, nous voilà déjà mieux armés à aborder un texte qui plonge en plein dans les pages brulantes de l'histoire lettone. La narration de ce texte est partagée entre deux temporalités, le passé, soit l'enfance du narrateur, Rūdolfs Reiznieks, qui finit par rejoindre le présent narratif, l'année 1905.
Un merveilleux incipit s'ouvre sur cette Riga encore chargée des émotions des derniers évènements, prise entre les festivités qui approchent, la vie qui grouille, une belle image dont la beauté un peu trop brillante et forcée est tachée par cet homme sombre et mystérieux qui enlève deux enfants. Comme si le beau tableau que nous présente Osvalds Zebris d'une capitale lettonne festoyante n'était que le fruit d'une illusion aussi fragile qu'éphémère. Pour comprendre l'enjeu de cette scène qui porte le titre solennel de rédemption, voilà que l'on remonte en ce début de XXe siècle. Des destins personnels, ceux de Rūdolfs Reiznieks, de son ami et voisin Arvīds Gaiļkalns, du professeur Brods, et de tant d'autres, se mêlent à une destinée nationale qui connaitra un siècle bien chaotique. La voix de notre héros qui commet l'irréparable n'est étonnamment pas celle d'un vulgaire voleur d'enfants ou de maitre-chanteurs, elle a cette profondeur de ceux qui détiennent des secrets immémoriaux, celle qui déterre un passé mort et enterré, elle a cette cassure des traumatismes passés. Derrière les parures étincelantes de Riga, le beau tableau du départ dissimule en effet des dessous moins clinquants, il y a ses arrière-fonds ou les révolutionnaires, anarchistes et insurgés de tout horizon, devisent, préparent, revivent les bagarres, préparent les plans. Riga, c'est assurément une ville embrasée par une multitude d'esprits surchauffés, l'auteur par sa narration alterne les différents visages de la Lettonie, la rurale, la citadine, la riche, la joyeuse, la morne, la sombre, la violente, comme une entité qui a du mal à s'unifier. On peut saluer la capacité de l'auteur à avoir pu établir un récit qui se tient, qui aurait pu facilement être décousu. C'est un témoignage précieux de toutes ces forces vitales en jeu pour gérer le pays et qui s'entrecroisent, se heurtent, les uns optant pour des mouvements séditieux et insurgés sans réelle cohésion et organisation, souvent doublés d'une violence brute, les autres, dont ces instituteurs, choisissant la réflexion et le pragmatisme, dont Arvīds, qui de leur côté empruntent la voix pacifique. Et, Rūdolfs, au milieu de tout cela.
Àl'ombre de la Butte-aux-Coqs c'est ce témoignage qui voit une Lettonie se transformer, se libérer des jougs russes, du labeur de la terre à une liberté certaine qu'offre l'instruction, l'indépendance lettone. C'est aussi ce lieu qui ancre l'enfance du narrateur et d'Arvīds, un sombre triangle ou les complots qui se fomentent dans l'ombre font échos aux sombres secrets de famille qui finissent par émerger à un moment ou à un autre. J'aime ce titre, car il contient en sept petits mots, et trois en letton, toutes les facettes de ce roman, la richesse de ses lieux, de ses personnages, de ces époques, de ces pactes qui se signent loin des regards, dans la bienséante discrétion des intimités et entre-soi honteux
Il y a cet impérialisme, qui marque tous les pays colonisés ou envahis, cet enseignement du russe obligatoire au dépit de la langue vernaculaire, qui démontre de l'acharnement de cet impérialisme russe à tout uniformiser selon ses critères au détriment des identités nationales. C'est une Lettonie déchirée entre rouges, partisans des Romanov, anarchistes et ceux qui ne se retrouvent dans rien de cela, le tout saupoudré d'une désagréable odeur d'antisémitisme. Il ne peut avoir de roman de la libération sans sa figure héroïque, incarnée par Arvīds Gaiļkalns, l'ancien voisin et ami, et plus que tout modèle du narrateur, voix vers l'autonomie d'une Lettonie nouvelle ou l'enseignement en letton devient la règle. Ce sont là mes passages préférés de tous.
J'ai donc lu ce roman une première fois au cours du mois d'octobre dernier sans en prendre le temps de noter mes impressions. Au moment d'en rédiger mon avis en ce mois de juin, il m'a fallu une seconde relecture, certes plus rapide, mais nécessaire et salutaire, le texte est truffé de références historiques, culturelles. Mais quiconque s'intéresse à ce pays balte ou à l'histoire de l'Europe Orientale, ce roman est un passage essentiel.
La Lettonie est un petit pays balte qui fait partie de l'Union Européenne depuis 2004.
Mais au début du siècle dernier elle appartient encore à l'Empire russe .
A travers quelques personnages centraux , l'auteur letton nous le fait découvrir en plein bouleversement idéologique et politique. Qu'ils rêvent de révolution communiste , de liberté ou d'anarchisme , leurs membres sont minoritaires et mal organisés face à l'oppression du pouvoir qui oblige le peuple à renier la culture et la langue lettonne au profit du russe . Ils manquent également d'instruction, le nerf de la guerre à tout renouveau politique.
A Riga , la capitale , c'est un événement dramatique qui occupe les esprits : l'enlèvement de trois jeunes enfants dans une fête foraine .
Plutôt que de faire un focus sur l'enquête permettant de les retrouver et de mettre la main sur le criminel qui a commis cet acte ignoble , l'auteur choisi de nous faire pénétrer dans les souvenirs d'un des protagonistes de cette histoire : Rüdolfs .
Dès son plus jeune âge , ce dernier a toujours vécu dans l'ombre de la Butte aux Coqs , où habite son jeune voisin , Arvids Gailkalns . Plus âgé de quelques années que Rüdolfs , c'est un gamin précoce et intelligent qui a d'abord ébloui son jeune voisin par sa force et son culot puis qu'il a fini plus tard par jalouser , pour son plus grand malheur …
Une plongée captivante dans les heurts de l'Histoire lettone à l'aube du soulèvement communiste qui embrasera toute la région quelques années plus tard .
Mais n'est pas révolutionnaire qui veut , encore faut-il avoir une force de conviction et un courage à tout épreuve . C'est donc aussi l'histoire d'un ou plusieurs échecs que nous conte Osvalds Zebris . Des échecs pouvant conduire jusqu'à la folie .
A travers Rüdolfs et Arvids c'est un peu deux mondes qu'oppose l'auteur . Celui du passé qui vit dans le doute , tiraillé qu'il est entre ses idéaux et la rudesse de la réalité et celui de l'avenir , conquérant et gonflé par l'espoir de jours meilleurs .
Un roman pour mieux connaître ce pays à quelques milliers de kilomètres de nous , portant haut les couleurs de l'Europe .
Osvalds Zebris est un journaliste et écrivain letton et c'est grâce à lui que son pays entre dans la maison Agullo.
Roman historique qui mêle la grande histoire de l'empire russe à de la fiction et à des anecdotes réelles. Osvalds Zebris prend de la hauteur pour raconter son pays au début du siècle dernier, à la manière d'un historien ; il sait, à la manière d'un journaliste y ajouter des histoires plus locales, moins théoriques et il sait à la manière d'un écrivain accoler une fiction qui part de l'enlèvement des trois enfants. Il y a le risque de ne pas plaire à ceux qui ne jurent que par l'une ou l'autre des fonctions, mais il y a surtout le risque de passionner tous les lecteurs. J'y ajoute celui d'être très dense et parfois, à force de vouloir dire beaucoup de choses, de perdre un peu le-dit lecteur, moi en l’occurrence. Ce bémol personnel mis à part, ce roman est dépaysant et très instructif. Le contexte est fort, celui d'un petit pays qui voudrait s'affranchir du joug du tsar et tout cela est fort bien dit tant dans les parties historiques que dans les fictives. On sent également chez certains personnages, la peur de l'étranger et des juifs, toujours les premiers à trinquer lorsque ça va mal.
Je le disais c'est un roman dense, formidablement écrit -et donc traduit, enfin j'imagine, je ne parle pas couramment le letton- qui n'oublie pas les descriptions des paysages, du temps, des personnages. Beaucoup de longues phrases et pas mal de dialogues donnent un rythme qui alterne entre moments rapides et d'autres plus lents.
Encore une fois une belle découverte chez Agullo et cette belle couverture...
"Râblé, voûté, le type avance à grandes enjambées depuis la voie de chemin de fer de Dünaburg. Un tête volumineuse penchée de côté, le souffle lourd et irrégulier, il traverse la place de la gare flambant neuve, puis la rue adjacente -la neige dure, tassée par le piétinement continuel des passants, crisse sous ses brodequins bistrés." (p. 11)
Rentrée littéraire 2020 et les éditions Agullo me propose de découvrir la Lettonie avec le roman d’Osvalds Zebris. Plus que la découverte d’un pays, ce roman nous permet surtout d’en apprendre l’histoire.
A Riga, trois enfants sont enlevés. Ce kidnapping a lieu un an après la révolution russe de 1905 dont les stigmates sont encore perceptibles dans la capitale lettone. Entre cet enlèvement et le chaos politique ambiant, le lecteur découvre l’histoire lettone.
Ce serait mentir que de dire que j’ai plongé corps et âme dans ce roman. En effet, les quatre vingt premières pages sont complexes, ardues tant les chapitres semblent disparates et confus et il est difficile de se repérer dans l’histoire et d’en démêler les fils. Mais je n’ai pas l’habitude d’abandonner une lecture et je voulais faire honneur à mon premier roman letton.
En m’accrochant, j’ai compris que derrière la fiction, Osvalds Zebris nous raconte surtout l’Histoire de son pays, ses luttes, son désir et espoir de liberté. Il éclaire le lecteur sur les événements historiques qui embrasent l’Europe au début du XXème siècle.
Cette lecture n’est pas une lecture de vacances, il faut avoir l’esprit disponible et prêt à ouvrir la porte de l’histoire lettone.
En résumé : une découverte historique de la Lettonie
Ce roman letton met en scène l'enlèvement de trois enfants en 1906 dans la ville de Riga encore bouleversée par les émeutes révolutionnaires qui ont éclaté dans les ornières de la révolution russe de 1905 ( celle du fameux épisode du cuirassé Potemkine, bien avant celle de 1917 et des Bolcheviques de Lenine ).
Voilà une fiction historique qui ne fait pas le choix de la facilité : proposer au lecteur un personnage attachant à travers le prisme duquel sont présentés des événements relevant de la Grande histoire afin de les rendre lisibles. Très clairement, il n'y a aucun personnages sympathiques ou pouvant susciter de l'empathie. Et il faut s'accrocher dans les soixante-dix premières pages, très hermétiques, pour comprendre quelque chose à l'intrigue, tant des chapitres a priori disparates se succèdent, entre présent, retours en arrière et nombreux personnages, sans pouvoir s'accrocher à l'un qui nous guiderait dans cet apparent désordre.
Le mouvement du récit est donc très exigeant mais progressivement, il s'éclaire et devient passionnant lorsqu'on commence à en comprendre les mécanismes. La trame polar n'est en fait qu'un prétexte pour développer un projet beaucoup plus vaste : raconter un des moments décisifs de l'histoire de la Lettonie, ce moment où la population se soulève contre le régime tsariste oppressif pour réclamer plus de libertés, lorsque le futur pays balte entame son chemin vers l'émancipation ( la Lettonie ne naîtra officiellement qu'en 1920 ). Sans tabou, sans triomphalisme, au plus près des habitants.
C'est dans la reconstitution très terrienne de cette insurrection populaire que l'auteur convainc le plus. Les émeutes paysannes de 1905 sont excellemment rendues, notamment le mouvement des foules manipulées par d'habiles agitateurs, la misère en toile de fond. Pour un lecteur français qui ne connait rien à rien à l'histoire lettone, ça évoque très nettement la Révolution française, plus particulièrement la Grande peur de l'été 1789 avec le peuple qui s'en prend aux nobles propriétaires et à leurs châteaux sous l'exhorte des bolcheviks.
Un an après, le climat est encore très agitée en Lettonie entre répressions policières et expéditions punitives des milices pro-tsariste des Cent-Noirs. Et c'est dans ce climat tragique que l'auteur parvient à mêler avec intelligence grande Histoire et histoire plus intime. le vrai sujet de ce roman est quasi existentialiste : une réflexion sur le choix personnel, sur la place de l'individu pris dans la tourmente collective, sur ces actes que l'on commet dans l'exaltation et dont les conséquences nous ronge pour la vie. le personnage principal, auquel on accède par un flux de conscience hallucinée aux confins de la folie, ne dépareillera pas dans un Dostoïevski, hanté par la culpabilité, sans que la lumière ne semble vouloir éclairer son chemin de pénitence.
Difficile de suivre la trame de ce livre tant le passé et le présent se confondent à chaque page. On se demande vraiment comment l’auteur va réunir les deux bouts et force est de constater que la chute nous laisse sur notre faim.
J’avais aimé les 100 premières pages, espérant des péripéties qui me feraient comprendre comment ce désir de liberté du peuple letton s’était construit, au moment où le Tsar de Russie entendait imposer ses idéaux au monde. L’auteur n’évoque les révolutions russes que de loin, l’émergence du peuple letton à prendre en main son avenir, à travers l’éducation, seul véritable vecteur d’une prise de conscience et d’une volonté d’un peuple de penser pour lui-même, par lui-même. J’aurais souhaité davantage comprendre ces leaders révolutionnaires, érudits, brandissant haut et fort le savoir comme seule garantie de la liberté des peuples.
Au départ de l'ouvrage, un homme kidnappe 3 enfants. Cela semble être à des fins politiques, puis les retours entre le passé et le présent nous montrent que le protagoniste principal a souffert de cette tentative de révolution en Lettonie. A-t-il subi des sévices ? Le Pays est-il toujours en ordre révolutionnaire ? Qui sont ces leaders lettrés ? Comment les paysans sont-ils amenés à rejoindre cette mouvance pour leur propre liberté ? Que fait la Russie pour imposer son ordre impérial dans ce pays, mais l’auteur évoque aussi l’Allemagne, les juifs, il cherche à trouver dans ce début du 20ème siècle un lien avec l'histoire à venir, l'alliance entre la Russie et l'Allemagne contre les juifs qui aura lieu 35 ans plus tard. Tout ceci m’a apporté beaucoup de confusion et au final, je ne retiens du livre que les Lettons avaient une profonde soif de liberté, ils souhaitaient qu’on leur permette d’apprendre, d’éduquer les leurs par leur propre histoire et non celle vantée par la Russie qui les domine. L’oppression du peuple letton semble à travers ce livre se jouer sur la langue parlée, l’histoire du pays racontée, les écrivains lettons dont on ne doit rien dire.
Grâce à cela, j’ai pu aller au bout de l’histoire, un peuple qui cherche à s’émanciper de l’envahisseur commence toujours par revenir à ses propres ressources, une quête à travers ce qui l’a construit, puis sûr de savoir d’où il vient, il veut transmettre. Comme tout peuple, le peuple letton a refusé le statut que lui imposait la Russie, peuple de paysans, il voulait s’émanciper, en cela la lutte des classes fut son salut.
Merci à Lecteurs.com et aux éditions Agullo de m’avoir fait confiance pour découvrir « A l’ombre de la Butte-aux-Coqs » en avant-première.
J’ai été surpris en découvrant que l’auteur, Osvalds Zebris, était letton et que le récit se déroulait dans la région de Riga. Je n’avais jamais lu quelque chose de la sorte.
J’ai toujours été nul sur les questions de géo au Trivial Pursuit ! Ma seule connaissance de la Lettonie est qu’elle fait partie de ce que l’on nomme « les états baltes », et que ce pays est devenu européens depuis un petit nombre d’années. Bref : rien.
L’action du livre se situe donc en Lettonie, un an après la révolution russe de 1905 (personnellement et très scolairement, je ne connaissais que la révolution de 1917…) et ses troubles sociaux-politiques qui secouèrent l'Empire russe et donc ledit pays, alors sous domination russe. En 1906, le pouvoir contre-attaque et il finira par réduire à néant les espoirs des révolutionnaires.
Le roman débute par un fait divers : le kidnapping simultané de trois 3 enfants sur un marché de noël. En parallèle, nous est présenté des résistants luttant contre le régime tsariste.
Suivra l’apparition d’un inspecteur de police plus soucieux de vérifier si des révolutionnaires se cachent parmi les parents des enfants, que de retrouver ces enfants.
Jusque-là tout va bien, l’intrigue se tient et la lecture est aisée, l’écriture sobre et maitrisée.
Mais par la suite, j’ai vraiment eu du mal à accrocher car trop de sujets s’entrecroisent : la cohabitation du kidnappeur avec les trois enfants (qui ne va pas être simple pour lui), l’interrogatoire d’une mère qui fait partie des opposants au pouvoir, la question juive et les pogroms, le récit de l’enfance du kidnappeur, un soulèvement dans la campagne de Riga, la participation du kidnappeur à la révolution un peu malgré lui et le traumatisme qui en résultera.
Bref, le récit devient tarabiscoté et j’ai failli capituler plus d’une fois. Mais j’ai préféré continuer pour savoir enfin ce qu’il advenait des enfants. J’ai privilégié le côté intrigue, donc.
Mais que dire du dénouement, si abrupt et confus qu’ayant un doute sur ma bonne compréhension de l’histoire, j’ai dû relire les premiers chapitres ?
Dommage que le récit soit inégal, car le sujet était prometteur. Je suis sûr que ce livre plaira à des lecteurs qui veilleront à ne suivre que l’impact de la révolution sur l’esprit du kidnappeur et sur son entourage. Un peu comme un roman historique, en fait.
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