"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je n'ai pas du tout entendu parler de ce livre, mais ta chronique me donne envie de le lire.
Pendant ces six cent douze jours, le silence et l'obscurité ont été mes seuls amis. Presque les seuls. Victor, dix-sept ans, vit depuis quelques années chez sa grand-mère maternelle, Ma, dont la gouaille vindicative cache l'amour qu'elle lui porte. Un simple geste a fait basculer leur vie : une porte fermée à double tour quand Victor était âgé de six ans et sa soeur Amandine de neuf ans. Habitués à subir la colère de leur mère, les deux enfants pensent ce jour-là l'avoir contrariée sans raison et n'y prêtent guère attention. Mais quand Victor insiste pour qu'ils sortent de la pièce, sa mère répond qu'elle ne veut plus les voir, sa soeur et lui. L'enfer commence alors. À double tour est un roman noir qui nous tient en haleine et nous révolte. C'est aussi une histoire bouleversante, celle de l'émouvante reconstruction de deux êtres cabossés par la vie.
Victor, six ans, et sa sœur Amandine, neuf ans, sont restés enfermés dans leur chambre puis dans un placard pendant 612 jours.
L'obscurité, l'insuffisance de nourriture et d'eau, un manque total d'hygiène, l'interdiction de parler, tel est le supplice qui leur a été infligé du jour au lendemain par leur mère sans aucune explication.
À l'instar de Victor, le narrateur de dix-sept ans ans, on cherche à comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête de cette femme, on se demande aussi pour quelle raison personne ne s'est aperçu de rien, notamment du côté de l'école ou des voisins.
Se reconstruire après avoir été séquestré de la sorte est un long processus, et les séquelles risquent d'être nombreuses. On n'efface jamais un tel passé. Heureusement que la grand-mère de Victor, une femme plutôt taiseuse mais déterminée, saura s'occuper de ce petit-fils meurtri.
J'ai eu le cœur serré d'un bout à l'autre, j'ai senti la colère m'envahir face à l'attitude de cette mère, même si Victor explique que c'est sa mère après tout, et si l'on apprend qu'elle a vécu des moments difficiles, elle aussi.
Une fois cette lecture commencée, impossible de reposer le livre, je me suis longtemps demandé ce qui était arrivé à la sœur de Victor. On ne l'apprendra que dans les dernières pages.
Ce roman est d'une noirceur totale, il fait chavirer le cœur, monter les larmes aux yeux, et nous jette au visage l'aveuglement dont les adultes risquent, hélas, de faire preuve.
Je remercie vivement les éditions Viviane Hamy et Lecteurs.com pour cette lecture bouleversante. J'ai découvert un auteur que je vais suivre désormais.
Victor a dix-sept ans et vit chez sa grand-mère lorsqu'il revient sur le traumatisme qu'il a subi à l'âge de six ans.
Pendant près de deux ans, sa mère l'a enfermé lui et sa sœur de neuf ans, d'abord dans une chambre, puis dans un placard.
Avec une économie de mots, il reconstitue le calvaire enduré : la faim, la soif, l'obscurité, l'obligation de se taire, des conditions d'hygiène déplorable... Heureusement qu'Amandine partage sa condition. Elle lui apprend à lire, ils se racontent des histoires, ils inventent des jeux...
À la question du pourquoi celle qui devrait protéger les a séquestrés, l'adolescent est impuissant à donner une réponse. La mère a certes été quittée par le père des enfants mais est-ce suffisant pour « justifier » ce passage à l'acte ?
Et pourtant, en punissant ses enfants c'est de son mari, qu'elle voyait dans leurs yeux, dont elle a voulu se venger. Sa cruauté ne trouve-t-elle pas son origine dans des abus sexuels qu'elle aurait subis ?
Dans quel état psychologique se trouve-t-on après une telle épreuve ? Accueilli par son aïeule, une femme rustre au grand cœur, Victor peine à surmonter le choc de l'enfermement : il craint toute forme de sociabilité, son corps refuse de grandir... Mais la grand-mère, par sa présence solide, va le sortir de son état de sidération. « C'est elle qui m'a relevé, qui a essuyé mon visage de boue pour en faire un visage d'homme » assure-t-il.
Merci à la Fondation Orange et aux Éditions Viviane Hamy pour cette découverte d'un auteur que je ne connaissais pas.
EXTRAITS
Nous sentions l'urine, mais nous étions vivants.
Oublier ses enfants pour effacer la peine. C'est ce que ma mère avait essayé de faire.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-a-double-tour-thomas-oussin-viviane-hamy/
Il y a d’abord la couverture, un petit garçon vêtu d’un marcel blanc, de dos et tête baissée, comme puni. Le tout est encadré du rouge propre aux Editions Viviane Hamy. Et puis, il y a le titre, cinglant : "A double tour". C’est le deuxième roman de Thomas Oussin, offert par le site Lecteurs.com dans le cadre de son jeu-concours de l’été.
Cinglant est le titre, plus encore le récit ! Il relate l’histoire de Victor et sa sœur, enfermés un jour par leur mère… à double tour. Victor avait six ans, sa grande sœur Amandine neuf ans. Elle n’est plus là aujourd’hui pour témoigner de cet enfermement. Alors, c’est lui, le petit garçon de la couverture, désormais grand – il a dix-sept ans – qui raconte l’enfer dans lequel ils ont basculé d’une minute à l’autre. Il vit chez sa grand-mère maternelle dont l’amour se cache sous une épaisse couche de pudeur.
Happée, je le fus dès les premiers mots "Pendant un an, huit mois et quatre jours, j’ai été caché. Presque deux ans d’une vie… Pendant ces six cent douze jours de silence et l’obscurité ont été mes seuls amis. Presque les seuls." et n’en suis ressortie qu’après la dernière page. Et à la colère, à l’envie de prendre ce Victor dans mes bras, se sont ajoutées, incompréhension, révolte, questions nombreuses. Car, enfin, comment deux enfants peuvent-ils ainsi disparaître à la vue de tous sans que l’on ne creuse au-delà de la simple constatation ? Comment un père surtout, mais aussi des voisins, ne s’inquiètent-ils pas d’une telle situation ? Comment les institutions – école, services sociaux – se contentent-elles de simples explications ?
L’écriture est minimale, sèche, qui confère une grande force au récit. L’auteur est parfait dans la peau de ce jeune garçon qui raconte son enfer sans acrimonie ni pathos, prend de la distance, et tente de remonter vers ce qui ne sera jamais tout à fait un paradis. Parfaite aussi est l’étude des relations familiales difficiles. Thomas Oussin signe là un roman d’une noirceur indicible, émouvant, bouleversant mais qui pourtant se termine sur une note d’espérance, la résilience en bandoulière. Il en fait un très beau récit sur l’enfance maltraitée et un appel à la vigilance.
Je remercie chaleureusement Lecteurs.com et les Editions Viviane Hamy pour la lecture de ce roman passé sous mes radars à sa sortie.
https://memo-emoi.fr
Je n'ai pas du tout entendu parler de ce livre, mais ta chronique me donne envie de le lire.
Terrible couverture que cet enfant, tête baissée, au coin, subissant cette punition symbole de honte et d'exclusion. Elle n'annonce pas un livre léger mais ce roman est bien plus dur et atroce que ce que cette photo laisse anticiper.
Victor, 18 ans, qui vit chez sa grand-mère, raconte la séquestration qu'il a vécue pendant 612 jours, alors qu'il avait 6 ans et demi, en compagnie de sa sœur, qui en avait 9. Leur bourreau n'est pas un pervers, un pédophile, un criminel; non, c'est leur mère qui les a laissé survivre sans hygiène, sans lumière, ne leur apportant de l'eau et de la nourriture qu'épisodiquement. Seul l'amour entre le frère et la sœur a permis à Victor de survivre et de se reconstruire grâce, ensuite, à la tendresse bourrue de sa grand-mère maternelle.
Ce roman traite d'un sujet particulièrement tabou, qui est la violence d'une mère sur ses enfants que notre société a du mal à imaginer, tant la figure maternelle est valorisée; mais une mère est avant tout une femme, que les blessures intimes, une enfance saccagée, un passé traumatique, l'abandon d'un mari peuvent faire vriller jusqu'à l'indicible. C'est ce que démontre l'auteur lorsque Victor demande à lire les minutes du procès de sa mère et qu'il découvre ce que fut sa jeunesse.
Thomas Oussin décrit fort justement, avec une économie de mots, qui rend le texte encore plus percutant comment la maison, de cocon douillet et sécurisant se transforme en prison, comment une famille heureuse se transforme en un champ de ruines, comment la mère attentive se transforme en harpie violente. A cet égard, la dernière phrase de ce livre est glaçante : "c'est ma mère après tout" qui souligne la terrible situation psychologique d'un enfant maltraité, violenté qui ne peut totalement rejeter sa mère.
Néanmoins,ce roman qui aurait dû me saisir aux tripes, n'a pas déclenché chez moi d'émotions puissantes. J'ai trouvé le texte assez froid, un peu comme un compte-rendu judiciaire, comme si le narrateur se distanciait du drame, ce qui était peut-être l'intention de l'auteur. Par ailleurs, le texte est trop court (120 pages) pour établir une intimité avec les personnages.
Séquestrés pendant près de deux ans
Dans son second roman Thomas Oussin a choisi de se glisser dans la peau d’un jeune homme de dix-sept ans qui raconte à froid le calvaire qu’il a vécu à six ans et demi. Avec sa sœur de neuf ans, il a été séquestré pendant plus de 600 jours par sa mère. Glaçant !
Le 4 janvier 1989, la mère du narrateur décide de l'enfermer – lui et sa sœur – dans leur chambre à coucher. Les enfants ont 6 et demi et 9 ans. Ils pensent alors être victimes d'une punition infligée par leur génitrice, devenue de plus en plus irritable après le départ de son mari, parti rejoindre sa maîtresse et ses autres enfants.
En fait leur calvaire va durer près de deux ans. À compter de ce jour funeste, Victor et Amandine vont devoir composer avec un quotidien carcéral aux règles strictes: ne plus faire de bruit, faire leurs besoins dans la poubelle, vivre avec les habits, livres et jouets qui se trouvent dans leur prison. Et n'avoir quelquefois à manger et à boire qu'un jour sur trois, selon les caprices de leur bourreau. Très vite, l'aînée va décider de rationner leur pitance et aussi assurer un minimum d'éducation en apprenant à lire à son frère. Pour cela, elle va se servir d’une version de l'Odyssée d'Homère adaptée aux enfants. Les aventures d'Ulysse deviennent alors la porte vers un nouveau savoir et un moment de distraction bienvenu dans ce lieu confiné, propice aux maladies. «Je n'imaginais pas un instant que mon manque d'hygiène pouvait être à l'origine des fortes démangeaisons qui me ravageaient les bras et la raie des fesses. Je n’imaginais pas que mon corps et mes cheveux étaient infestés de poux. Je n'imaginais pas être en état de sous-nutrition. Ma conscience se limitait à l’enfermement, au silence et à l’obscurité.»
Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines, bien au contraire. Après leur avoir coupé l'électricité, ne leur offrant pour toute lumière que celle qui perçait à travers les volets de bois, leur mère va découvrir qu'ils disposent encore d'une lampe-torche. Elle va alors les transférer dans un placard de deux mètres carrés. Ils vont alors devoir apprendre à survivre dans cette cellule. Et profiter de chaque seconde d’éclaircie: «Quelquefois, notre mère, par inadvertance sans doute – j'ai du mal à imaginer que l'inverse puisse être possible – oubliait d’éteindre la lumière de la buanderie. Alors, en dessous de la porte et à travers la serrure, cette clarté qui fendait notre obscurité nous réjouissait telle de la poussière d'étoile.»
Si le lecteur sait dès les premières pages que cette épreuve est désormais un souvenir pour Victor, qui a trouvé refuge chez sa grand-mère, il va découvrir avec effroi les circonstances qui ont permis sa libération et l’arrestation de sa mère.
Bouleversante, cette tragédie a beau être rédigée à froid, des années après l’enfer vécu par les deux enfants, elle n’en conserve pas moins son côté glaçant et une forte intensité dramatique. Thomas Oussin joue avec brio sur le clavier des émotions, entraînant tout à tour le lecteur de la sidération à la révolte, de l’incompréhension à l’empathie. Si les formules n’étaient pas déjà éculées, je dirais volontiers que ce roman se lit d’une traite et qu’il est impossible de la lâcher jusqu’à la dernière page.
https://urlz.fr/mPOY
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