Un portrait de femme bouleversant, entre deux époques
Un portrait de femme bouleversant, entre deux époques
Le roman s’ouvre en 1950 sur le suicide d’une jeune mariée au lendemain de sa nuit de noces, dans le domaine familial de La Grivière, une grande ferme du marais poitevin. En 2015, Hélène loue une partie de l’habitation, le pigeonnier, pour y trouver refuge avec Alice sa fille de dix ans : enceinte, elle fuit son ancien amant, un homme qui la menace par peur qu’elle ne révèle leur liaison à son épouse. Sur place, elle rencontre la propriétaire du domaine, la veuve Gransagne, une vieille dame en proie semble t-il à des épisodes de démence durant lesquels elle cherche un enfant perdu dans les marais alentours. Les marais… un endroit peuplé de légendes et de croyances qui attire la jeune Alice, une enfant qui n’est pas prête à renoncer aux contes de fées…
Aux questions soulevées par le suicide inexpliqué de cette jeune mariée succèdent les interrogations concernant le comportement étrange de la veuve Gransagne et le mystère qui plane sur le marais : on entend des chiens aboyer et des bébés pleurer dans la nuit orageuse. Que cache le domaine de la Grivière, cette vieille bâtisse où a eu lieu ce drame il y a bien longtemps? Alice cherche le secret de l’enfance, une enfance qu’elle veut absolument préserver, elle qui ne veut pas grandir. Rien de tel pour tenter de préserver l’innocence qui est la sienne que de se cacher au fond des bois. C’est toutefois dans un endroit reculé du marais poitevin qu’elle va découvrir un secret dissimulé depuis de nombreuses années et qui va susciter chez la veuve Gransagne une réaction inattendue. Le passé et le présent s’entremêlent dans cet univers teinté de fantastique mais résolument ancré dans la réalité et le monde actuel, avec un sujet lourd et intemporel : celui des violences faites aux femmes.
L’écriture poétique et délicate de Mélanie Guyard dont je découvre le style particulier convient parfaitement au monde merveilleux dans lequel vit encore la petite Alice. L’intensité et la beauté d’une enfance au contact de la nature y est encensée. Il s’agit également d’un roman d’apprentissage dans lequel Alice rencontre des épreuves qui lui permettront de grandir, puisqu’il le faut bien. Je vous conseille cet agréable roman, et je remercie les Editions du Seuil et Netgalley pour cette lecture.
Hélène fuit dans le Poitou, région de son enfance.
Elle fuit avec sa fille Alice, dix ans, et l'enfant qu'elle attend pour échapper à la violence de son amant.
Elle loue un pigeonnier aménagé dans la propriété de le veuve Gransagne qui a tout d'une sorcière, en attendant que sa maison soit aménagée.
Alice explore la forêt alentour et y vit ses contes de fée.
La vieille veuve perd un peu les pédales et revit par moments les souvenirs terribles de sa jeunesse.
Une très belle histoire originale servie par une splendide écriture.
Le passé et le présent se mêlent dans cette campagne isolée.
Les souvenirs et l'imaginaire aussi.
Des personnages vrais et attachants.
Une très belle lecture dont je reste encore imprégnée.
Après Les âmes silencieuses, que j'avais déjà beaucoup aimé, "Les Anémones sauvages" est le deuxième roman de Mélanie Guyard que je lis et je n'ai pas été déçue.
Le roman débute une nuit d'orage de 1950, à La Grivière, une grande ferme à l'orée du bois des Sorgues et du marais Poitevin. Cette nuit-là, peu avant l'aube, Blanche se pend au marronnier de la grande cour carrée, au dessus des vestiges de son dîner de noces.
65 ans plus tard, Hélène et sa fille Alice, âgée de 10 ans arrivent à la Grivière où elles y ont loué le pigeonnier en attendant que les travaux de leur maison soient terminés. C'est désormais la veuve Gransagne qui est propriétaire de la ferme mais également des champs, vignes, prairies et bois qui mènent aux marais proches.
La force de ce roman réside sans conteste dans ses personnages féminins, forts et complexes mais aussi dans la nature qui est à elle seule un personnage, avec des descriptions fouillées et poétiques. Le bruissement du vent, la force de l'orage, les arbres, la lumière et l'obscurité ou encore la brume dans les marais confèrent au récit une dimension un peu surréaliste et inquiétante en adéquation avec l'intrigue.
Mélanie Guyard oppose la douceur de l'enfance, incarnée par Alice qui vit de contes de fée et refuse de devenir adulte, à la dureté de la vie et à la cruauté des Hommes dont sont victimes les femmes qui l'entourent.
Il y a d'abord sa mère, enceinte, qui a fuit son ancien amant et collègue devenu menaçant à l'annonce de la grossesse.
Puis la veuve Gransagne, qui perd la mémoire mais reste prisonnière de ses douloureux souvenirs, rongée par les secrets de famille.
Et Blanche, dont la seule faute fut d'aimer et de n'être "qu'une femme", victime du patriarcat.
Deux époques, 65 ans d'écart mais toujours la même violence.
Le récit alterne entre ces deux époques. L'histoire de Blanche n'étant pas forcément relatée dans un ordre chronologique, j'admet avoir été un peu perdue au début.
Mais la magie des mots de l'autrice opère et je me suis laissée happée par l'histoire et c'est avec une grande tendresse pour Zélie que j'ai fermé ce roman.
L’entrée en matière surprend par la violence du drame, incompréhensible sinon présumé. Soixante-cinq ans après les faits, une enfant, Alice, dénoue le mystère.
Le roman de Mélanie Guyard mêle le chaos de la réalité du monde adulte à l’innocence des rêves enfantins. La nature est omniprésente et les paysages du marais poitevin propices aux enchantements et aux sortilèges, qu’ils soient favorables ou néfastes. Le malheur ne vient que de ce que l’on en fait.
Le récit alterne entre les deux époques (1950-2015) et nous laisse deviner petit à petit la combinaison des conséquences. On attend le dénouement avec un sentiment d’appréhension et de soulagement confondu.
La fragilité des petites anémones sauvages des sous-bois « comme la vie de ceux qu’on ne protège pas » (p148) justifie le titre.
Lire plus sur anne.vacquant.free.fr/av/
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