"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fin des années 20La nina de Gibraltar, le navire ainsi nommé en l'hommage de sa mère, est presque prêt. Et c'est vers le Mexique que Corto Maltese va voguer. Bouche Dorée l'envoie chercher du jade auprès d'un archéologue pilleur de trésors maya. Mais avant de le laisser partir, elle prévient Corto: sa ligne de vie s'est écourtée. "La mort te guette et elle parle espagnol."
C'est le dix-septième tome des aventures du célèbre marin, le cinquième depuis la reprise par le duo Canales-Pellejero. Je ne suis pas un fan ni même un lecteur fidèle mais j'aime parfois m'y replonger.. Et j'ai apprécié cette aventure mexicaine. Corto est au centre d'une guerre politique, sociale, religieuse et comme d'habitude, il met tout le monde dos à dos en tâchant de sauver sa peau. De plus il recroise un certain Rasputin et une certaine Banshee ce qui ne le laisse manifestement pas de marbre...
Ruben Pellejero prolonge la légende Corto avec un brillant certain. Si les puristes préfèreront le noir et blanc (et ils n'ont pas tort), cette version couleurs est très réussie. J'ai particulièrement aimé la traditionnelle touche onirique et ses planches silencieuses bien placées. Quant au marin lui-même, je lui trouve toujours autant de charisme et de charme et j'aime plus que jamais son ton caustique et désenchanté !
Il y a des rendez-vous qui ne se refusent pas, surtout lorsqu'ils permettent de passer un moment de qualité. Peut-être les fans de la première heure trouveront-ils à redire mais, pour ma part, je ne vois que du bon à prolonger ainsi la ligne de vie de Corto !
Le tandem Canales / Pellejero continue de se mettre dans les pas de Pratt , dont l’esprit plane sur ce nouvel opus.
La qualité graphique de Pellejero s’exprime pour notre plus grand plaisir activant quelques souvenirs du maitre.
Canales reprend plusieurs personnages de la série (Bouche Dorée, Raspoutine, Banshee O'Dannan,…) et relance une aventure dans le contexte (post) révolutionnaire au Mexique, avec des trafics / livraisons d’armes, des trafiquants d’œuvre d’art, les débuts de l’aviation avec des apparitions de Lindberg, …
Nouvelle aventure sur la ligne de vie de Corto … qu’on lit avec un réel plaisir.
J’avais lu il y a à peine plus d’un an la version colorisée. J’avais aimé déjà l’histoire et ce format.
J’avais en même temps acheté la version N&B que j’avoue avoir oublié dans une pile des « à lire » pour la laisser se bonifier (comme le bon vin) et ne pas être trop proche de la lecture de la version couleur.
Et comme j’ai lu la dernière version de « La reine de Babylone3 qui m’a un peu fâché (comme le précédent) non pas pour la qualité de l’histoire et de la pâte de Bastien Vivès ; mais pour la démarche marketing en vendant du Corto qui n’est pas vraiment du Corto (en tout cas le mien ; celui qui m’a fait grandir dans l’univers de la BD avec notamment Pif Gadget !) avec une atmosphère plus proche de certains films (corrects au demeurant) que de celle que savait concocter dans ses creusés d’alchimiste le maitre Pratt.
Avec Nocturnes berlinois en N&B on retrouve encore l’esprit de Pratt tant dans l’histoire que dans la forme avec des dessins qui s’inscrivent bien dans une filiation.
Du bel ouvrage qui se laisse généreusement lire (et relire donc) … tout en donnant envie de relire (encore) les albums de Pratt.
Corto Maltese est un des grands personnages du XXème siècle et représente l'art de la bande dessinée définie par son créateur, Hugo Pratt. L'auteur italien voyait cela comme de la littérature dessinée, un moyen de raconter en mots et en images, en paroles et en silence le monde. Corto Maltese, aventurier et pirate, solitaire sentimental, est habité par un état d'esprit du XIXème siècle. Il est courageux, spirituel, loin des considérations matérialistes et porte en lui un spleen, une mélancolie qui l'anime à traverser le monde. Ce monde qu'il parcourt est marqué par la guerre, le conflit, le désir. Corto cherche lui une forme d'apaisement tout en voulant vibrer. Dans cette nouvelle aventure, un duo, MArtin Quenehen et Bastien Vivès, s'emparent du héros. Le poids sentimental porté par Corto surgit avec force. C'est l'axe principal de cette histoire. Corto est embarqué dans des aventures mais surtout dans les bras de Semira. Dans un noir et blanc léger dont les nuances siéent très bien à la mélancolie du personnage, les auteurs regardent cet homme être profondément troublé, touché, attendri par cette femme, cette combattante, cette reine, cet espoir. Le mot amoureux ne peut pas vraiment exister car il plomberait Corto. Les mots du réel ne peuvent le contenir. Cette force du personnage est là, bien présente et le héros se confronte aux réalités violentes des armées, de tous ces hommes qui veulent dominer, soumettre. Dans un récit bousculé, la tragédie est présente. Le duo d'auteurs parvient à s'approcher de cet être, pas tout à fait adulte, pas du tout adolescent. Corto Maltese est autre chose, il veut voir plus loin, survit au temps présent comme il a survécu à son créateur. Dans une fin ésotérique très émouvante, les auteurs rendent hommage à la particularité de Corto, il est éternel et en quête perpétuel d’un endroit où il pourrait fermer les yeux en toute quiétude.
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