La lecture (il y a longtemps) de « Rébétiko » (2009) m’avait imprégné … et lorsque j’ai découvert le Rébétissa en format à l’italienne avec son « noir et crème » somptueux, je me suis fait un cadeau de Noel. Et je vous souhaite de pouvoir faire partie des 2500 heureux (puisqu’il s’agit d’un tirage limité avant la publication colorisée).
Un ouvrage rare qui nous plonge :
- dans une période (la Grèce de 1936 … avant celle des colonels, mais quand même avec un général à sa tête – Metaxas- qui décrète la censure contre le Rébétiko qui est une musique considérée comme trop démoralisatrice) avec un régime autoritaire à l’opposé de l’esprit de la musique libertaire du Rébétiko ;
- le monde des musiciens (des hommes) notamment du Rébétiko, avec des jeunes femmes qui chantent (dont une qui veut devenir la première femme à jouer du Bouzouki : instrument traditionnel pour le Rébétiko), …
- d’un café qui est un lieu de vie sur le quai, un lieu d’expression de cette musique traditionnelle de l’exil, et menacé de disparition,
- dans des relations amicales, amoureuses, manipulatrices, …
- des trajectoires de vies, heurtées, cabossées, en construction, …
- …
Un très bel ouvrage avec des dessins, des crayonnés, des encrages, … d’une force et d’une beauté rares.
Grèce; 1936
Le dictateur Metaxas a lâché les chiens. Les flics saccagent les cafés, cassent les instruments et les doigts de musiciens. Certaines musiques sont acceptables, d'autres pas. Les airs orientaux sont bannis, les chants qui mènent la jeunesse à la déchéance aussi. Pour le café de Katina, c'est une question de survie. La jeune chanteuse Béba, sa sœur Marika, les musiciens Markos, Stavris, Batis, surveillés par la police, veulent rester ensemble, libres et vivre de leur passion.
Ils sont rébètes. Pauvres, rejetés, ils n'ont que la musique, les femmes, l'alcool. David Prudhomme rappelle ses héros de Rébétiko (2009, Futuropolis) pour une nouvelle danse contre la dictature militaire. Celui qui est célébré par BDboum à Blois ce week-end nous replonge dans l'ambiance tendue d'une Grèce tenaillée, sous le joug de la censure. Ses héros sont des gens simples, droits, qui n'ont que le bouzouki comme arme et leurs mots chantés comme munitions.
Je ne sais pas ce que donnera la version couleurs prévue pour mars-avril. Mais ce format à l'italienne, limité à 2500 exemplaires, est d'une beauté ! David Prudhomme nous offre un dessin lumineux, léger et hypnotique. Le temps s'écoule lentement, les cases silencieuses vous imprègnent. Le récit vous prend par la main et vous emmène pour une danse pleine de sens jusqu'à une fin poignante.
Du rébétiko (musique issue de l'exil d'Asie mineure vers la Grèce dans les années 20), David Prudhomme fait un symbole. Du passé, de l'oubli, des voix qu'on tente de faire taire, des modes de vie différents, des cris qu'on cherche à étouffer... Rébétissa est un magnifique album à offrir à quelqu'un qu'on aime !
Et rendez-vous est pris pour la version colorisée !
Perso, j'ai trouvé qu'on était plus dans l'exercice de style, trois p'tits chats - chapeau de paille - paillasson...
Dans chaque case, on nous présente des personnages en vacances à Polovos (les Flats ?) qui vivent des scènes de la vie quotidienne, généralement peu enviables (plan plan), et introduisent en fond de nouveaux personnages, qui prennent le relais case suivante.
Le fil revient à l'occasion sur certains protagonistes déjà vus, mais rien qui crée réellement une histoire.
Une fois le principe compris, et après avoir salué la démarche relativement bien exécutée, je me dis que ça tourne un peu en rond tout ça, et j'ai vite envie de fuir cette plage, dont les grains de sable collent aux pieds (Rogntudjuuu) !
Pourtant, j'aime généralement bien les productions de Pascal Rabate et de David Prudhomme. Pas mauvais en soi, mais clairement pas une pierre marquante de l'édifice.
Visite guidée
"J'ai l'impression de marcher dans une BD géante. Sur tous les murs il y a des cases. Tous les formats, tous les styles."
C'est l'auteur de cette visite guidée très personnelle et particulière du musée le plus illustre de Paris, celui du Louvre qui parle.
David Prudhomme s'est mis en scène dans cette visite de façon assez humoristique puisqu'il se dessine en train de parler au téléphone avec le commanditaire de l'oeuvre.
Le spectacle est sur les murs, dans ses représentations des tableaux du Louvre, mais aussi dans les spectateurs de ces tableaux qui se pressent de tous les pays du monde pour les admirer. Il joue d'ailleurs avec ces deux mondes, représentant les visiteurs du musées avec des visages de tableaux du Louvre, ou dans des postures singeant les statues, que ce soit voulu ou non d'ailleurs...
L'utilisation parcimonieuse de la couleur accentue l'agression du retour vers le réel avec les affiches publicitaires bariolées du métro.
Très bonne visite, adaptée pour tout public, en complément bien sûr d'une vraie !
Rébétissa
Rébétiko : (La mauvaise herbe)-Edition 2025
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Le dessin mene la danse
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Du bruit dans le ciel
Sumographie
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