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Faisant suite au travail mené au Maroc, Sans conte, ni légende, Catherine Poncin continue d'explorer des albums photographique au sein de familles issues de l'immigration maghrébine en France (Miramas en Provence).
Par cette nouvelle recherche, elle explore et enregistre la mémoire des êtres et des matières.
Voyageant par-delà les des deux rives, la surface sensible des photographies 'années cinquante' résiste, les années 'soixante-dix' vieillissent, bleuissent, jaunissent, celle des grands parents parfois s'effacent... Lorsque sur les supports disparaissent les signes, d'autres sont réinventés...
Toutes ces images s'inscrivent dans un perpétuel flux/reflux - aller/retour - confondant les lieux, les rives, les langues, les rites et les coeurs... parfois elle s'exposent, s'épinglent, ou se dissimulent.
De vis à vis en confidences, Catherine Poncin laisse poindre, réinvente et donne à voir.
Monsieur et Madame A. sont en partance depuis 1964 : Alger, Djijjel, St Denis. A l'origine, en France, l'immeuble c'était du provisoire. Aujourd'hui les canalisations claquent souvent, alors, les enfants colmatent, replâtrent et repeignent. Ils sont au nombre de dix, nés pour certains d'un côté de la Méditerranée, d'autres de l'autre. Tous demeurent en France aujourd'hui.
Monsieur et Madame A. ont été très actifs dans les réseaux d'immigration, jusqu'à vingt personnes ont séjourné parfois dans cet appartement de quatre pièces!
Les récits affluent, mon corps se love dans la profondeur du canapé, je me laisse porter... Des albums s'épanchent les images - des récits, quatre voix - des gâteaux, le miel chaud. Beaucoup de photographies sont réalisées depuis les années 70 en France ou durant des vacances en Algérie. Certaines viennent de Djijjel; elles témoignent entre autres de la construction, durant de longues années, de la grande maison de vingt pièces et de ses soixante quatre marches d'escalier !
Les couleurs y sont particulières, augurent ou témoignent, j'interprète. les récits me parviennent de façon fragmentaire. En revanche, peu d'images des ascendants, pas d'images des trois voyages à la Mecque, pas d'images des baptêmes des fils. Le troisième oeil domine notre rencontre. Madame A. installe la fréquence algérienne " aux cosmonautes " et " tf1 " en Algérie. Un photo-montage du père et du frère de Mr A. fusillés lors d'une rafle dans leur village durant la guerre d'Algérie, la colonisation, le racisme inavoué de la voisine du premier étage, les problèmes enfin révélés du commissariat de police de quartier... Certaines images ne sont pas mais... on en parle...
Depuis 1986, Catherine Poncin poursuit une recherche photographique et plastique qu'elle nomme "de l'Image par l'Image". C'est à partir d'images qui existent déjà, telles que des photographies trouvées, fonds photographiques de musées ou de régions, d'illustrations, de presse, que s'élabore sa démarche. Les isolant de leur contexte, elle procède alors à l'exploration de leur représentation. Par indices prélevés et par l'évocation qu'ils lui suggèrent, elle construit le parcours fictionnel d'une mémoire ainsi "affectée". C'est par cet autre regard, allant au delà du simple constat représenté, que par détournements s'exposent ses travaux sous forme d'accrochages multiples, de projections, de performances, d'objets, liés pour certains à l'écriture et au son.
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