"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au milieu du 14e siècle, la peste noire a plongé l'Europe dans la frayeur et l'incompréhension. Ce Covid médiéval ne pouvait être qu'une punition infligée par Dieu lui-même, sinon un coup tordu de son collègue le Diable. Cette pandémie, venue elle aussi de Chine, emporta le tiers de la population européenne, dont six à sept millions de Français, malgré un confinement, malgré la fermeture des auberges, l'interdiction des rassemblements et les déplacements soumis à autorisation. Déjà, les bobos médiévaux délaissèrent leurs beaux palais des villes pour se mettre au vert dans leurs maisons de campagne. Boccace raconte cet exil dans son « Décaméron », alors que nous ne disposons que de chaînes d'infos qui ont pris pour résolution de voir le monde laid et mauvais, de quoi se poser la question : quel est le plus dangereux, le virus ou le discours autour du virus ?... Et peut-on dire que ces gens du 14e siècle, privés de tout barnum médiatique, goûtaient avec bonheur autant de malheurs ?« Un diable qui te porte », c'est l'assurance de traverser ces moments difficiles que furent la chute des Templiers, les rois maudits, le Grand Schisme qui a failli faire imploser l'Église romaine quand elle avait un pape à Rome, un à Pise et un en Avignon, la Guerre de Cent Ans et cette peste noire, avec le meilleur guide du moment, le type instruit de toutes les nuisances, celui qui a fait de l'Église une valeur refuge, Satan en personne.Des « papes al Dante » croqués avec humour, des rois qui finissent reliques en gigot de sept heures après avoir égrainé derrière eux des années épurées de toute pitié, l'âme soulagée ou exténuée, des croisades foireuses, deux doigts de torture et des braquos plus incroyables que dans une série télé, il ne manque finalement rien dans ce récit composé avec 99% de vrais morceaux d'histoire. Sauf peut-être un préfet qui interdit le port de la cotte de maille floquée du logo du PSG.Eurydice pose la question : « Nous allons être très malheureux ? ». Orphée répond : « Quel bonheur ! » Un bonheur à partager avec ce Diable qui te porte...
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