"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les peintures récentes d'Armand Jalut sont marqueìes par la présence de machines, des outils de confection qui se télescopent avec des composants organiques et alimentaires : tranche de pamplemousse (CLASS AZ8020SD), oeufs au plat (CLASS W664UT), régime de bananes (CLASS VFK2560) ou noix de coco (CLASS FD62DRY).
La vision machiniste s'y emboîte avec une nourriture chromatiquement flatteuse, mais approximativement entrelacée entre le premier et le second plan. L'ensemble repose, dans une perspective flottante, sur des plans unis ou zébrés.
Une exception iconographique notable voit apparaître deux mouettes (CLASS FW603). Si les profils de bouchon de radiateur des deux volatiles se disputent par leur angularité avec le biomorphisme de la machine, leurs silhouettes au plumage brossé ne semblent avoir pour seul but que la frontalité de leurs regards, concomitamment voyeurs et autoritaires.
En choisissant avec les Abattoirs Frac-Midi-Pyrénées de publier pour son exposition «The Secretary Blouse» un ouvrage hybride, un catalogue/disque, Armand Jalut impose la pertinence d'une bande-son dans l'appréciation de ses peintures. L'hypothèse de ce texte, préface d'un objet musical et critique, est qu'il ne s'agît pas de les accompagner.
Tout comme les contributions signées ici par Julien Fronsacq et Benoît Decron, les quatre morceaux de Nicolas Dubosc les commentent, les prolongent ou encore se proposent d'en rendre compte comme le ferait un texte. L'étrangeté du ballet mécanique des peintures de Jalut réside dans l'orientation organique des machines, plus que dans une vision rationnelle et usinée du monde. La banane qui pousse dans la machine, son odeur sucrée et tropicale qui s'incruste dans l'acier froid. L'oeil de la mouette a un caractère humain, celui des pulsions instinctives et animales.
Les titres pressés sur ce vinyle s'écoutent dans un enlacement comparable. Ils ont été composés et produits dans un dialogue avec l'artiste. S'il s'agissait d'un «texte de catalogue», le format serait donc celui de l'entretien.
Ils s'entendent avec le sentiment d'exotisme domestique et chambré des propos picturaux d'Armand Jalut. Leur absence de narration est moderne. Mais les fragments d'histoires possibles qui s'en échappent sont légions. Ils ont la couleur et les teintes d'un chant de la machine humanisé, une pop artificielle mais dont les suppléments d'âmes sont nostalgiques. Leur teinte est vintage, mais sans date, à la manière de ce ruban au niveau du col, ce cliché décoratif impersonnel qui fait le charme de la «Secretary Blouse».
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !