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Une nuit, traversant un pont, Soren disparaît. Meurtre ou suicide ? Pour percer le mystère, une centaine de témoins racontent Soren tel qu'ils le connaissaient. Homme multiple, tour à tour producteur, musicien, organisateur de festivals, il n'avait guère cessé, depuis la fin des années 1970, d'arpenter avec passion le monde de la musique. Mais que sait-on vraiment de ses proches ?
C'est une enquête troublante que ce nouveau roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot. Patchwork de témoignages qui tente de saisir l'absence, le silence. Ensemble, ces voix composent un portrait en kaléidoscope de Soren.
Soren, la cinquantaine finissante, producteur, musicien, organisateur de spectacles, de festivals, toujours à la recherche de sons, de nouveautés, fou de rock et de jazz et d'influences diverses, disparaît un jour de novembre 2017. La dernière fois qu'il a été vu, c'était sur un pont à Bordeaux. Depuis, rien. Ni nouvelles, ni corps retrouvé. Rien. Des gens qui l'ont côtoyé, approché, aimé, proches ou moins proches témoignent des moments passés avec lui et sans lui.
Voilà une idée qu'elle est bonne de parler d'un homme qu'on ne voit jamais, à travers ses relations amicales, familiales, amoureuses, professionnelles. On devine d'abord puis se fait une idée de Soren, assez précise bien qu'elle reste floue. Je sais c'est contradictoire, mais c'est pourtant comme cela que j'ai pris ce portrait-puzzle. Qui finalement n'est pas éloigné de la vérité. Que sait-on réellement de ses amis, de ses relations, les connaît-on parfaitement ? Preuve que je ne suis pas si mauvais, je viens de retrouver -après avoir écrit ces lignes- une page annotée : "Connaît-on vraiment les gens ? Non, évidemment, quand bien même on ferait le récit complet et minutieusement détaillé de leur vie. Stéphanie a réfléchi un moment avant de me dire ceci : "On n'a jamais que des fragments de ce qui se passe dans le coeur et la tête des gens, des échos." Puis elle s'est tue avant d'ajouter : "Sauf dans l'intimité... Et encore, pas toujours !" (p.14/15) Et ajouterais-je, se connaît-on parfaitement soi-même ?Vous avez deux heures...
Au-delà de la blague éculée, les deux écrivains font un portrait kaléidoscopique de Soren, une image s'ajoutant à une autre quasi contraire. Chaque page et chaque intervenant ajoutent une touche de lumière ou de noir rendant cet homme tellement humain et complexe.
Je retrouve dans cette belle idée très bien rendue, tout le plaisir de lire Véronique Biefnot et Francis Dannemark. L'écriture en duo n'est pas toujours aisée et peut donner des résultats décevants lorsque les deux talents ne s'additionnent pas. Ce n'est pas le cas ici, les deux auteurs parvenant à rendre leur histoire fluide, crédible et comme toujours chez eux, même si le thème n'est pas joyeux, il ne plombe pas. Il y a toujours une lueur d'espoir, une atmosphère saine qui fait que l'on ferme le livre avec un sourire plutôt que des larmes.
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