Normalienne, Alice Zeniter voit son troisième roman, Sombre dimanche (Albin Michel), couronné de trois prix : Prix du livre Inter, Prix de la Closerie des Lilas, Prix des lecteurs de l'Express.
Une maison en bois près de la gare Nyugati, à Budapest. C'est là, au bord des rails, que les Mándy vivent de génération en génération. Le jeune Imre grandit dans un univers opaque, mélancolique, de non-dits et de secrets, où Staline est toujours tenu pour responsable des malheurs de la famille. Même après l'effondrement de l'URSS, qui fait entrer dans la vie d'Imre les sex-shops, le consumérisme, et Kerstin, une Allemande, incarnation de l'Ouest libre et heureux. Car si le régime a changé, Imre sait bien que ce bonheur-là n'est pas pour lui. Un roman à la poétique singulière, tout en dégradés de lumière et nostalgie, qui peint et révèle les êtres dans leurs contradictions et leur fragilité..
Normalienne, Alice Zeniter voit son troisième roman, Sombre dimanche (Albin Michel), couronné de trois prix : Prix du livre Inter, Prix de la Closerie des Lilas, Prix des lecteurs de l'Express.
Livre qui se lit facilement .
A travers l'histoire d'une famille on se plonge dans une Hongrie malmenée par la répression , l' occupation tour à tour par l'Autriche , l'Allemagne , l'Union Soviétique .
Pauvreté , dictature , une bicoque le long de la voie ferrée, tout est sombre .
Alice Zeniter nous raconte l'histoire d'une famille hongroise de la seconde guerre mondiale aux années 2000. Le texte est fort, l'écriture empreinte de nostalgie, de cette âme hongroise où le destin bat souvent tragiquement les cartes. Les femmes cherchent à fuir la fatalité et les hommes ne peuvent les retenir. Un récit au charme envoûtant, un bon moment de lecture.
Imre vit avec son grand-père, également prénommé Imre, son père Pál, sa mère Ildiko et sa sœur aînée, Ági ou Agnès, dans la petite maison de famille, accolée aux voies de chemin de fer, à l'arrière de la gare de Budapest. Chaque année, le 2 mai, le grand-père se saoule en chantant une chanson qui commence par "Sombre dimanche". Il a traversé la guerre de 39-45, dans une Hongrie alliée aux nazis puis envahie par la Russie, puis la rébellion de 1956, réprimée dans un bain de sang par les russes. Bientôt ils connaîtront 1989 et la fin du communisme.
Mais aux soubresauts de l'histoire viennent s'ajouter les secrets de la famille que finira par découvrir Imre, adolescent devenant un jeune adulte...
Prenez deux dictatures successives et une tentative de révolte échouant dans une féroce répression, ajoutez-y quelques secrets de famille bien gardés, passez le tout à la moulinette de la fin du communisme en 1989, vous obtenez une formidable machine à broyer des vies humaines. D'emblée, on sait que le sort de la famille Mándy ne sera pas ordinaire : qu'est-ce qui pousse le grand-père à se saouler tous les ans à la même date ? Pourquoi Pál n'est-il pas prénommé Imre, comme tous les premiers héritiers de la famille depuis des siècles ? Pourquoi est-il si apathique ? Pourquoi la famille tient-elle tant à sa maisonnette si inconfortablement nichée entre les voies de chemin de fer ? Autant de questions que le lecteur ne peut manquer de se poser et auxquelles l'auteure apportera progressivement des réponses dans la seconde partie du livre, entretenant intelligemment une forme de suspense.
Mais avant d'apporter ces réponses, Alice Zeniter nous aura fait partager la vie de la famille, dont les membres forment une sorte de cocon, qui finira par imploser, autour du fils. Le roman démarre lentement. Je ne suis pas certain que la narration s'accélère réellement par la suite, mais les événements se précipitent, bousculant la vie familiale.
Un roman singulier, présentant une facette sombre de la Hongrie, un peu difficile à apprivoiser mais qui finit par se laisser lire avec aisance.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/01/20/sombre-dimanche-alice-zeniter-albin-michel-un-roman-singulier-sur-une-sombre-hongrie/
Le jeune Imre est né en 1978 à Budapest en Hongrie, dans une minuscule maison près de la gare, au bord des rails où vit toute sa famille, la famille Mandy. Il y a là Agi, sa grande sœur bien aimée, ses parents Pal, son père, un taiseux sombre et torturé par le souvenir de Sara, sa propre mère, sa mère Ildiko douce et bienveillante, et son grand-père qui est paralysé d'une jambe perdue lors du soulèvement de 1956 et dont le propre père qui s'appelait également Imre a construit cette maison à une époque lointaine où il n'y avait pas encore cette gare qui a poussé trop près d'eux. Leur vie est rythmée par le passage des trains, vie de misère sans espoir où le seul être un peu lumineux est le jeune Imre.
A travers les difficultés de cette famille, Alice Zeniter nous montre les stigmates d'une Hongrie malmenée au cours de l'Histoire, tour à tour par l'Autriche, l'Allemagne et l'Union Soviétique. Un roman bien sombre comme l'annonçait le titre...
Quand le grand-père du grand-père a acheté un terrain et construit sa maison aux abords de Budapest, il n'y avait que des champs et un vague projet d'agrandissement de la petite gare, un peu plus loin. Mais Nyugati, la gare de l'Ouest, n'a cessé de croître et a étendu ses tentacules de rails jusque dans le jardin des Mandy réduit à un triangle de terre, sans cesse recouvert des détritus jetés par les voyageurs. Mais les Mandy sont des résistants, ils n'ont rien voulu céder aux chemins de fer et vivent depuis des générations au bord des rails, dans le bruit assourdissant des trains de plus en plus nombreux. Imre, son grand-père, ses parents et sa grande sœur Agi se sont adaptés aux horaires des trains, aux ordures, à l'isolement. Unis malgré leurs secrets et leurs silences, ils font face aux aléas de la vie. Marqués par l'Histoire de la Hongrie, la famille vivote, plantée dans son bout de terre, même si les enfants rêvent de liberté, de Californie, de surfeuses ou simplement de quitter la maison au bord des rails.
A travers les yeux d'Imre, Alice Zeniter raconte l'histoire d'une famille et celle de la Hongrie, petit pays trop souvent malmené...par les autrichiens, les allemands, les soviétiques. Chez les Mandy, on cultive les secrets, les non-dits, les malheurs, les deuils. En grandissant, Imre s'interroge. Pourquoi le grand-père se soûle-t-il chaque année le 2 mai ? Comment a-t-il été blessé à la jambe ? Comment est morte la grand-mère ? Pourquoi son père s'appelle-t-il Pal alors que tous les premiers-nés de la famille sont des Imre ? Les réponses viendront, et avec elles, de douloureux souvenirs. Le sort semble s'être acharné sur les Mandy comme sur la Hongrie. Les hommes en ont pâti, les femmes encore plus. Imre observe, apprend, rêve d'une autre vie. Pourtant, la chute du mur tant attendue sera une autre désillusion. Que faire de cette liberté toute neuve ? Peut-on changer le sombre destin qui semble leur coller à la peau ? Tant d'interrogations et tant de tristesse dans ce livre d'une grande tristesse traversée par des moments de poésie et d'optimisme.
Personnages attachants, découverte de l'histoire hongroise et belle écriture, concise, précise, pour un roman court, sombre et mélancolique. Une belle découverte.
N'ayant jamais eu l'occasion de lire Alice Zeniter, ayant entendu/lu beaucoup de bien et étant tenté par son dernier roman Juste avant l'oubli, j'ai profité de mes derniers jours de vacances pour lire Sombre Dimanche.
Couronné par le prix Livre Inter, le prix des lecteurs de l'Express et le prix Closerie des Lilas, et sélectionné pour le prix des lecteurs Livre de poche Sélection 2015, ce roman avait tout pour m'attirer.
Au travers d'un peu plus de 250 pages, le lecteur suit la vie de Imre Mandy, un jeune hongrois vivant avec son père Pal, son grand-père Imre et sa soeur Agnès dans une maison en bois au bord des rails près de la gare Nyugati à Budapest. Ces trois générations ont vécu les "grands moments" de l'Histoire de la Hongrie: de la bataille de Budapest lors de la seconde guerre mondiale, à l'invasion des Russes en 1956 jusqu'à la fin de la guerre froide en 1989 et la chute du communisme. A chaque période ces malheurs pour un membre de la famille... et sa mélancolie persistante.
Si les épreuves douloureuses du père et du grand père se rapportent à l'Histoire, celles de Imre sont plus contemporaines. Après l'effondrement de l'URSS, Imre va connaitre les sex-shops, le consumérisme et enfin Kirsten, une allemande, avec qui il se marie et a une petite fille, Greta. Malgré cela, malgré le changement de régime, le rêve de la belle vie, l'espoir de la liberté, Imre ne sera pas épargné par la poisse persistante poursuivant sa famille. Il vivra à sa façon son "Sombre Dimanche" lui aussi...La famille Mandy et le bonheur ne seront jamais dans le même camp...
J'ai lu le roman rapidement. L'écriture est agréable, légère, parfois poétique, parfois humoristique, parfois contemporaine, parfois dure. Le style est dynamique (les chapitres courts y contribuent grandement), alternant dialogue et récit. Pas de souci de ce côté la, Alice Zeniter a une belle plume et écrit bien. La première partie historique est parfaitement maitrisée par l'auteur. La fin du roman est très émouvante: de la lettre du grand père aux prises de décision de Imre, il y a des moments très forts, parfaitement retranscrits par les mots choisis et les phrases construites par l'auteur. Mettons également en exergue la justesse et la sensibilité de l'auteur lorsqu'elle évoque les conséquences du drame d'un viol pour le corps d'une femme:
"Je ne veux pas que les hommes me touchent. Je ne veux pas qu'ils me pénètrent. Je veux une vie entière sans penser à ce qu'il y a à l'intérieur de moi. A ce que l'opération a pu y faire. Peut-être que c'est complètement couturé. Ou un peu comme du bois. Je voudrais que ça le devienne entièrement. Me refermer comme une blessure, cicatriser."
Il n'en est malheureusement pas de même pour mon ressenti général en tournant la dernière page. Je ne sais pas quoi penser... J'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages, à m'investir dans l'intrigue. Ce spleen généralisé a été un repoussoir important.Je n'ai pas "accroché plus que cela" à l'histoire de la vie de Imre...trop déconnectée, trop insignifiante oserais je dire, de l'Histoire narrée au début du roman.
La vie est fragile, les aléas nombreux et le bonheur est rare... Est-ce la morale de ce livre? Est-ce cela le message qu'a voulu faire passer Alice Zeniter avec cette saga familiale? Mais pour autant, cette chape de plomb relayée par une mélancolie persistante, ce côté négatif très marqué, cette tristesse perpétuelle, cela n'encourage pas vraiment à arriver à cette conclusion. Il m'a vraiment manqué quelque chose dans ce roman... J'ai l'impression d'être passé à côté de quelque chose...
En conclusion, je suis légèrement déçu par ce premier contact avec Alice Zeniter. Je reste sur ma faim. Cela reste toutefois un voyage agréable en Hongrie (historiquement parlant) et un roman joliment écrit.
3/5
http://alombredunoyer.com/2015/08/24/sombre-dimanche-alice-zeniter/
"Sombre dimanche", peut-être parce qu'il emprunte son titre à une chanson, diffuse une petite musique aussi triste et lancinante que les violons tsiganes. Cette saga familiale est également le portrait d'un pays, la Hongrie, perdu dans les affres de l'histoire, balloté au gré des guerres et de ses occupants. Au point de ne plus être tout à fait maître de son destin.
Le narrateur, Imre est né en 1978 à Budapest, dans la maison où vit toute la famille Mandy ou plutôt ce qu'il en reste. Une petite maison près de la gare, au bord des rails dont il faut d'ailleurs traverser un enchevêtrement avant de la rejoindre. Il y a là le grand-père dont la jambe raide porte les stigmates du soulèvement de 1956, Pal, le père trop silencieux, Ildiko la mère bienveillante et Agi, la sœur aînée adorée. Imre grandit au milieu des silences et des secrets, découvre au fil des ans pourquoi son père ne porte pas le prénom Imre traditionnellement dévolu aux fils aînés, comment sa grand-mère Sara est morte, comment les secrets de famille peuvent gouverner des vies entières. Il assiste aux transformations de son pays, la chute du communisme et la montée des nouveaux nationalismes. S'aperçoit qu'il est irrémédiablement lié à sa famille et aux quatre murs qui abritent ces cœurs solitaires à l'esprit torturé. Imre semble subir sa vie, tout comme son pays se résigne à appartenir à celui qui le gagne.
Il y a dans ces pages une sorte de mélancolie résignée, comme un constat qu'il ne sert à rien de se battre pour tenter de changer les choses. Le chagrin d'Agi abandonnée par son amant, un professeur de français, l'échec du mariage d'Imre, la tristesse de Pal qui ne se remet pas du décès de sa mère, Sara, des dizaines d'années plus tard... Ces trois-là ne tiennent qu'ensemble, enfermés dans leurs drames respectifs inaccessibles au commun des mortels, hermétiques au bonheur.
Leur destin se confond avec celui de leur pays, découpé après la défaite de 1918, occupé par les allemands, leurs alliés pendant la guerre suivante puis par les russes débarqués en vainqueurs. Un pays qu'ils voient à présent gangréné par la mafia et la corruption depuis que la chute du communisme a créé un espoir de bonheur vite déçu.
En relativement peu de pages, ce livre en dit beaucoup sur la Hongrie et ses habitants et laisse un sentiment de regret et de tristesse. Son atmosphère laisse des traces, imprègne longtemps l'esprit du lecteur. Rien d'étonnant à ce qu'il ait été récompensé de nombreux prix lors de sa parution en 2013 dont le Prix du Livre Inter et le Prix des lecteurs de l'Express.
Sensible et touchant.
Devant la multitude de prix littéraire de ce roman et la sélection du livre de poche pour le prix des lecteurs, je me suis laissée tenter par cette lecture.
C'est à ma grande honte malgré tant de commentaires élogieux que je donne un avis aussi mitigé sur ce livre.
C'est un récit sombre et mélancolique sur trois générations de la famille Mandy, famille hongroise marginale vivant aux abords de la gare de Budapest. Leur histoire s'étale à travers la seconde guerre mondiale, l'occupation russe et la chute du communisme mais est poursuivie par une sorte de malédiction qui les empêche de fuir leur condition.
Il m'a manqué un petit quelque chose pour que je m'attache à ce roman un peu trop "spleenard" à mon goût. Je garde comme une impression d'inachevé à cette lecture.
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Je partage ton billet Céline. Comme toi, il m'a manqué quelque chose dans ce livre. Je reste sur ma faim... et suis donc légèrement déçu de mon premier contact avec Alice Zeniter.